Imágenes de páginas
PDF
EPUB

La guerre de Baviere finit à la verité; mais celle A N. 1485. d'Autriche devint plus violente. Matthias roi de Hongrie, après être convenu d'une treve avec les Turcs, vint affieger Vienne, & obligea cette ville à fe rendre après fix mois de fiege.

VIII.
Le roi de Hon-

Cette ville fut prife le premier jour de Juin, fans fi cette grie fait la guerre que Frederic s'en mit aufli peu en peine que en Autriche & affaire ne l'eût pas regardée. Ainfi bien loin de fe difBonfin. dec. 4.1.6. pofer à fauver une place que la qualité de capitale d'uNaucler. vol. 2. ne grande province fembloit rendre très-confiderable,

prend Vienne.

general. so.

il l'abandonna à la difcretion du vainqueur, & pour témoigner que fa difgrace le touchoit fort peu, il prit cette conjoncture pour aller vifiter fon fils Maximilien dans les Païs-Bas, repetant fouvent cette maxime, que l'oubli eft le feul remede des chofes perduës, Bonfin. 4. dec. 9. quand elles font irréparables. Dans ce même temps Antoine Bonfinius voulant faire fa cour à Matthias lui présenta plufieurs ouvrages qu'il avoit composez; ce prince le reçut fort bien & le retint auprès de lui pour composer l'histoire de Hongrie. Bonfinius la dédia à Uladiflas roi de Boheme, lorsque ce prince fut parvenu à la couronne de Hongrie.

CC

IX,

Le cardinal Ba

[ocr errors]

Le cardinal Baluë étoit du nombre des ambassalu légat en Fran- deurs que Charles VIII. roi de France avoit envoïez au pape. Il étoit venu dans le roïaume dès l'année précedente avant la mort de Sixte IV. & après celle de Louis XI. qui l'avoit fi long temps retenu en prifon. Mais parce qu'il y voulut exercer fes fonctions de légat, avant que d'avoir fait agréer les lettres au roi & les avoir présentées au parlement pour connoître s'il n'y avoit rien de contraire aux droits de la couronne & aux libertez de l'églife Gallicane; Charles VIII. en fut si offensé, qu'il lui défendit de prendre

les marques de fa légation. Jean de Nanterre procu- AN. 1485. reur general du parlement, prit de-là occafion de protefter contre tout ce que pourroit faire le pape, l'accufant d'attaquer les droits & les privileges du roi & du roïaume ; il fe plaignit auffi que fa fainteté eut envoïé un légát à latere, fans aucun befoin: fi cela étoit nécessaire, disoit-il, il falloit choisir un plus digne fujet, qui fût animé de l'efprit de fon état, qui eût la fageffe & la fcience du Seigneur, qui fût homme de paix, zelé pour la juftice, & non pas un homme qui n'aimoit que le trouble & la divifion. Cette protestation eft du vingtiéme d'Août. En confequence le parlement défendit au légat d'ufer de fon pouvoir. Néanmoins le confeil du roi aïant oui fes raifons & reçu les foumiffions, lui permit d'exercer fes fonctions, ce qui ne dura pas long-temps; parce que ce cardinal aïant appris la mort de Sixte IV. s'en retourna promptement à Rome, après avoir reçu du roi mille écus pour les frais de fon voïage. Innocent VIII. le fit évêque d'Albano, & lui donna dans la fuite la légation de la Marche d'Ancone.

X.
Le pape Inno

de France.

n. 36.

Après fon retour à Rome, le pape écrivit au roi de France pour le feliciter fur fon heureux avene- cent écrit au roi ment à la couronne, & l'exhorter à fuivre l'exemple de fes ancêtres dans leur attachement inviolable à l'é- „Raynald. hoc an. glife Romaine. Cette lettre eft du dix-huitiéme Avril ; & dans une autre du dix-huitiéme Juin, il fe plaint au même prince, des magiftrats qui violoient les immunitez ecclefiaftiques dans la Provence, annexée depuis peu à la monarchie Françoise, & qui ne cherchoient que leurs interêts, fous prétexte de maintenir l'autorité roïale; il exhorte le roi à y apporter un prompt remede & à réprimer ces abus.

Comme on avoit indiqué une assemblée du clergé AN. 1485. pour le premier jour du mois d'Août, & que le fouverain pontife craignoit qu'on n'y donnât quelque atteinte à fon autorité, parce que plufieurs demandoient le rétablissement de la pragmatique fanction dans fon entier, fa fainteté prie Charles VIII. dans une autre lettre du vingt-cinquiéme de Juillet, de refpecter le fiege apoftolique dont fes ancêtres ont toujours pris la défense, & de ne point fuivre les confeils de ceux qui ne cherchent qu'à détruire son

XI,

de Naples.

Fiifp.l. 25.c.7.

1. 7. c. I.

autorité.

Le zele du fouverain pontife pour les libertez de re à Ferdinand roi l'églife, lui fit déclarer la guerre à Ferdinand roi de Naples, qui exerçoit une violente tirannie fur les fuMariana. hift. jets de l'état ecclefiaftique, & qui contre toutes les Mem. de Comines loix avoit fait mourir fur divers foupçons le comte de Sarno & beaucoup d'autres. Un grand nombre de feigneurs du roïaume de Naples avoient imploré le secours du pape, qui les affifta avec d'autant plus de plaifir, que depuis le commencement de fon pontificat, il fe plaignoit de ce prince qui refufoit à l'églife Romaine le tribut qu'il étoit engagé de païer, fous prétexte que le comtat d'Avignon n'avoit été cedé par la reine Jeanne au faint fiege que pour remplacer ce tribut, qui montoit à quarante mille écus. Innocent offenfé de ce refus, & invité par les feigneurs du roïaume de Naples, leva une armée, dont il donna le commandement à Robert de San Severino, & appella René duc de Lorraine à cette entreprise comme celui à qui le roïaume appartenoit. Ce duc y confentit volontiers, & fe mit en voïage pour se rendre en Italie. Mais à peine fut-il arrivé à Lyon, que Charles VIII. lui manda de ne pas aller plus loin, fe

réfervant

refervant le droit d'appailer ces differends, comme Y

étant le principal intereffé, à cause du droit qui lui A N. 1485.

avoit été cedé.

Ferdinand pour s'oppofer au pape commença par appaifer les feigneurs de fon roïaume, qu'il avoit fi fort maltraitez. Il rendit la liberté au comte & à la comteffe de Montoire qu'il retenoit en prifon, & tâcha d'engager le fouverain pontife dans une guerre civile, afin qu'aïant de l'occupation dans Rome, il ne portât pas les armes ailleurs. Aïant attiré dans fon parti le duc des Urfins, il ne penfa plus qu'à femer la divifion dans Rome. Il fit des courfes jufqu'aux portes de cette ville. Il emploïa les promeffes, les menaces, & toutes fortes d'artifices, pour faire révolter les cardinaux & le peuple contre Innocent VIII. Il eut foin de répandre des écrits qui faifoient voir que l'élection du pape n'étoit pas légitime, aïant été faite par des cardinaux revêtus de la pourpre fans aucun droit ; & il promettoit fon fecours aux factieux pour élire un autre fouverain pontife. Innocent fe trouvoit fort embarraffé, les dangers l'environnoient de tous côtez, fes ennemis s'étoient déja rendus maîtres du pont Lamentano, & y avoient mis une forte garnifon qui ravageoit tous les environs de Rome. SanSeverino pour arrêter ces incurfions, s'avança avec fon armée le vingt-huitéme Decembre, chassa l'ennemi du pont qu'il occupoit, & fit mourir tous ceux qu'on arrêta. Ces défordres mirent toute l'Italie en feu. Ferdinand étoit appuïé des Florentins & de Sforce duc de Milan. Le pape avoit pour lui les Venitiens & les Genois. Mais auffi-tôt que le roi de Naples eut appris le départ du duc de Lorraine, la crainte lui fit écouter les propofitions de paix qui lui

[blocks in formation]
[blocks in formation]

furent faites par quelques cardinaux, il les accepta, AN. 1485. & elles furent avantageufes au fouverain pontife.

XIII. Articles de paix

roi de Naples.

Onuphr. & Ciannocent.

[ocr errors]

Les articles de cette paix furent, que Ferdinand entre le pape & le paieroit au pape quatre-vingt mille écus d'or, à la place de la haquenée ou du cheval blanc, dont Sixte IV. s'étoit contenté tous les ans, comme d'un hommage pour le roïaume de Naples. Qu'il traiteroit les grands avec douceur. Que ceux d'Aquila auroient la liberté de fe foumettre au faint pere ou au roi de Naples. Que tous les benefices du roïaume feroient conferez à la volonté du fouverain pontife, qui pourroit fournir des vivres & donner paffage aux François, s'ils tentoient de recouvrer Naples. Que Virginie des Urfins qui s'étoit revolté contre sa sainteté, viendroit lui demander pardon à genoux, nuds pieds & tête nue avec la corde au col; & que les autres de la même famille des Urfins fubiroient le châtiment qu'elle voudroit leur impofer. Ferdinand promit d'observer tous ces articles. Mais fes promeffes furent fans effet, quoique le roi catholique, le duc de Milan & Laurent de Medicis euffent été les cautions.

XIV.

n'obferve aucun

le pape l'excom

Il continua d'opprimer les feigneurs, il en fit Le roi de Naples même mourir quelques-uns. On ne put lui faire païer de ces articles, & le tribut dû à l'église Romaine, il fe mocqua même des avis & des remontrances du pape, qui enfin proMariana bifl. nonça une fentence d'excommunication contre lui, & le déclara privé de fon roïaume en faveur du roi de France, qui prétendoit y avoir un droit légitime.

munie.

Hifp. lib. 25. cap.

7.

Bzov. ad ann

1487.

Innocent VIII. travailla enfuite à reconcilier les Urfins & les Colonnes, & à procurer dans Rome la tranquillité & l'abondance. Mais parce que toutes ces guerres avoient épuifé fes tréfors, il créa de nou

« AnteriorContinuar »