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frontieres de la Perfe, toujours auffi

Introduction. impénétrables aux Romains que l'Océan même le Rhin, le Danube, le Pont Euxin & le Caucafe le féparoient des peuples du Nord: du côté du Midi il avoit pour bornes le MontAtlas, les déferts de la Libye, & les extrémités de l'Egypte vers l'Ethiopie.

Les Barbares depuis près d'un fiécle tentoient de franchir ces limites: ils les avoient même quelquefois forcées; mais ce n'étoit que par des incurfions paffagères, & on les avoit bien-tôt repouffés. Au tems de Dioclétien des effains nombreux, fortis des glaces du Nord, & la plupart inconnus jufqu'alors, commençoient à fe montrer fur les bords du Danube : les Perfes & les Sarrafins infultoient la Méfopotamie & la Syrie : les Blemmyes & les Nubiens attaquoient l'Egypte ; & les barrieres de l'Empire trembloient de toutes parts.

A la vûe de tant d'orages prêts à éclater, Dioclétien fentit qu'il étoit difficile à une feule tête de mettre tout à couvert. L'expérience du paffé

lui montroit le danger de multiplier les Généraux & les Armées. Plufieurs Introduction, de fes prédéceffeurs avoient été détruits par ces chefs de Légions, quì ayant éprouvé le charme flatteur du commandement, tournoient contre l'Empereur les armes qu'ils avoient reçues de lui pour la défense de l'Empire; & les foldats des frontieres perdant le respect pour le Prince, à mefure qu'ils le perdoient de vûe, ne vouloient plus avoir pour maître que celui qui les avoit accoutumés à obéir. Il falloit donc pour la fûreté de P'Empereur, qu'il confiât fes armées à un chef, qui lui fût attaché par un intérêt plus vif que le devoir ; qui défendît l'Empire comme fon propre bien, & qui fervît à affurer la puiffance de fon bienfaiteur, en maintenant la fienne. Pour remplir toutes ces vûes, Dioclétien cherchoit un collegue qui voulût bien fe tenir au fecond rang, & fur qui la fupériorité de fon génie lui confervât toujours une autorité infenfible.

Il le trouva dans Maximien. C'étoit un efprit fubalterne, en qui il ne fe

rencontroit d'autres qualités éminen

Introduction. tes, que celles que Dioclétien défiroit dans celui qu'il affocieroit à l'Empire, l'expérience militaire & la valeur. Vain & préfomptueux, mais d'une vanité de foldat, il étoit trèspropre à fuivre, fans s'en appercevoir, les impreffions d'un homme habile. Né en Pannonie près de Sirmich, dans une extrême pauvreté, nourri & élevé au milieu des alarmes, & des courfes des Barbares, il n'avoit fait d'autre étude que celle de la guerre, dont il avoit partagé toutes les fatigues & tous les périls avec Dioclétien. La conformité de condition & plus encore l'égalité de bravoure les avoit unis. La fortune ne les fépara pas; elle les fit monter également aux premiers grades dans les armées, jufqu'au moment où Dioclé tien prenant l'effor s'éleva au rang. fuprême. Il y appella bien-tôt son ami, qu'il fçavoit capable de le feconder, fans lui donner de jaloufie.. Maximien honoré du titre d'Augufte,. conferva la rudeffe de fon pays & de fa premiere profeffion. Soldat jufque

fur le trône, il étoit à la vérité plus franc & plus fincère que fon colle- Introduction, gue, mais auffi plus dur & plus grof fier. Prodigue plutôt que libéral, il pilloit fans ménagement pour répandre fans mefure: hardi, mais dépourvû de jugement & de prudence: brutal dans fes débauches; raviffeur, & fans égard aux Loix ni à l'honnêteté publique. Avec ce caractère fauvage, il fut pourtant toujours gouverné par Dioclétien, qui mit en œuvre fa valeur, & fçut même profiter de fes défauts. Les vices découverts de l'un donnoient du luftre aux fauffes vertus de l'autre Maximien fe prêtoit de grand cœur à l'éxécution de toutes les cruautés que Dioclétien jugeoit néceffaires; & la comparaifon qu'on faifoit des deux Princes tournoit toute entiere à l'avantage du dernier: on difoit que Dioclétien ramenoit le fiécle d'or, & Maximien le fiécle de fer.

Les deux Empereurs foutinrent par leurs victoires les forces & la réputation de l'Empire. Tandis que Dioclétien arrêtoit les Perfes & les

Sarrafins; qu'il terraffoit les Gots &

Introduction. les Sarmates, & qu'il étendoit la puiffance Romaine du côté de la Germanie; Maximien chargé de la défense de l'Occident & du Midi, réduisoit dans les Gaules les payfans révoltés, repouffoit au-delà du Rhin les Germains & les Francs, & veilloit à la fureté de l'Italie, de l'Efpagne & de l'Afrique.

Ces deux Princes infatigables, qui comme des éclairs couroient d'une frontiere à l'autre avec une rapidité que l'Hiftoire même a peine à fuivre, auroient peut-être fuffi à défendre P'Empire, s'il n'eût pas été troublé au-dedans par des révoltes, en même tems qu'il étoit attaqué de tous côtés au-dehors. Pendant que les Perfes menaçoient les bords de l'Euphrate, & les Peuples Septentrionaux ceux du Rhin & du Danube; Caraufe de fimple matelot, devenu maître de l'Océan, s'étoit emparé de de la Grande-Bretagne ; & ayant bat-. tu Maximien, qui n'entendoit pas la guerre de mer, il avoit forcé les deux Empereurs à le reconnoître pour

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