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TIN.

Chrétiens avoit été publié dans les états de Conftantin & de Licinius, CONSTAN& il devoit l'être dans tout l'empire. Mais Maximin, à qui il ne pouvoit manquer de déplaire, le fupprima, & prit grand foin d'empêcher qu'il ne devînt public dans fes états. Cepen- 1.9. c. 1.

dant comme il n'ofoit contredire ouvertement fes collegues, il ordonna de vive voix à Sabinus fon préfet du Prétoire de faire ceffer la perfécution. Celui-ci écrivit à tous les gouver neurs des provinces une lettre circulaire ; il leur mandoit, que l'intention des empereurs n'ayant jamais été de faire périr des hommes pour caufe de religion, mais feulement de les ramener à l'uniformité du culte établi de tout tems, & l'opiniâtreté des Chrétiens étant invincible, ils euffent à ceffer toute contrainte, & à n'inquiéter perfonne qui fît profeffion de Chriftianifme.

An. 311.

fait ceffer la perfécution. Euf. Hift.

IXVII.

Délivrance

Maximin fut mieux obéï qu'il ne défiroit. On mit en liberté ceux qui des Chréétoient détenus en prifon ou condam- tiens. nés aux mines pour avoir confeffé le nom de Jefus-Chrift. Les eglifes fe

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repeuploient, l'office divin s'y célé CONSTAN- broit fans trouble: c'étoit une nouvelle aurore, dont les Payens même An. 311. étoient frappés & réjouis: ils s'écrioient que le Dieu des Chrétiens étoit le feul grand, le feul véritable. Ceux d'entre les fideles qui avoient courageufement combattu pendant la perfécution, étoient honorés commė des athletes couronnés de gloire ; ceux qui avoient fuccombé, fe relevoient & embraffoient avec joie une auftere pénitence. On voyoit les rues des villes & les chemins des campagnes remplis d'une foule dè Confeffeurs, qui couverts de glorieu fes cicatrices retournoient, comme en triomphe, dans leur patrie, chantant à la louange de Dieu des canti ques de victoire. Tous les peuples applaudiffoient à leur délivrance, & leurs bourreaux mêmes les félici toient.

ZXVIII.

Artifices

contre les

Chrétiens.

L'Empereur dont les ordres avoient procuré cette joie universelle, étoit le feul qui ne la goutoit pas ; elle faiEuf. Hift. foit fon fupplice; il ne put l'endurer Lact. c. 36. plus de fix mois. Afin de la troubler

1. 9. c. 2 & 3.

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An. 311

il faifit un prétexte pour défendre les affemblées auprès de la fépulture des CONSTANmartyrs. Enfuite il fe fit envoyer des députés par les magiftrats des villes, pour lui demander avec inftance la permiffion de chaffer les Chrétiens & de détruire leurs églifes. Dans ces pratiques fecrettes il s'aida des artifices d'un certain Théotecne magiftrat d'Antioche. C'étoit un homme qui joignoit à un efprit violent une malice confommée. Ennemi juré des Chrétiens, il les avoit attaqués par toutes fortes de moyens, décriés par les calomnies les plus atroces, pourfuivis dans leurs retraites les plus cachées, & il en avoit fait périr un grand nombre. Maximin étoit adonné aux affreux myfteres de la magie ; il ne faifoit rien fans confulter les devins & les oracles: auffi donnoit-il de grandes dignités & des priviléges confidérables aux magiciens. Théotecne pour autorifer par un ordre du ciel une nouvelle perfécution, confacra avec de grandes cérémonies une ftatue de Jupiter Philius, titre fous lequel ce Dieu étoit depuis long-tems

TIN.

adoré à Antioche; & après un ridicuCONSTAN- le appareil d'impostures magiques & de fuperftitions exécrables, il fit parler An. 311. l'oracle, & lui fit prononcer contre les chrétiens une fentence de banniffement hors de la ville & du territoire.

IXIX.
Edit de Ma-
Ximin.,
Euf. 1. 9.
8.7.

A ce fignal, tous les magiftrats des autres villes répondirent par un femblable arrêt, & les gouverneurs pour faire leur cour, les y excitoient fous main. Alors l'empereur feignant de vouloir fatisfaire aux inftances des députés, fit graver fur des tables d'airain un refcrit, dans lequel après avoir félicité fes peuples en termes magnifiques de leur zele pour le culte des dieux, & de l'horreur qu'ils manifestoient contre une race impie & criminelle, il attribuoit aux Chrétiens tous les maux qui dans les tems paffés avoient affligé la terre, & à la protection des dieux de l'empiretous les biens dont on jouiffoit alors, la paix, l'heureufe température de l'air, la fertilité des campagnes: il permettoit aux villes, conformément à leur requête, & leur ordonnoit

même de bannir tous ceux qui refte- roient obftinés dans l'erreur: il leur CONSTAN

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offroit de récompenfer leur piété An. 311. en leur accordant fur le champ telle grace qu'elles voudroient demander.

LXX.
La perfécu

recom

mence,
Euf. 1. 9.
C. 4 & 6.

Lat. c. 36.
Valef. in Buf

P. 169.

Il n'en falloit pas tant pour renouveller les fureurs de la perfécution. tion recom On vit auffi-tôt rallumer tous les feux, lâcher fur les Chrétiens toutes les bêtes féroces. Jamais il n'y avoit eu plus de martyrs ni plus de bourreaux. Maximin choifit en chaque ville, entre les principaux habitans, des prêtres d'un ordre fupérieur, qu'il chargea de faire tous les jours des facrifices à tous leurs dieux, d'empêcher que les chrétiens ne fiffent ni en public ni en particulier aucun acte de leur religion, de fe faifir de leurs perfonnes, & de les forcer à facrifier ou de les mettre entre les mains des juges. Pour veiller à l'exécution de ces ordres, il établit dans chaque province un Pontife fuprême, tiré des magiftrats déja éprouvés dans les fonctions publiques: ou plutôt, comme l'inftitution en étoit ancienne, il augmenta la puif

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