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TIN.

fance de ces Pontifes, en leur don CONSTAN- nant une compagnie de gardes, & des priviléges très honorables: ils An. 311. étoient au-deffus de tous les magiftrats; ils avoient droit d'entrer dans le confeil des juges, & de prendre féance avec eux. “

LXXI.

Maximin

crifices.

Comme la fuperftition s'allie avec Paffion de tous les crimes, Maximin étoit pafpour les fa- fionné pour les facrifices. Il ne paffoit point de jour fans en offrir dans fon Lact. c. 37. Palais. Pour y fournir, on enlevoit les troupeaux dans les campagnes. Ses courtifans & fes officiers n'étoient nourris que de la chair des victimes. Il avoit même imaginé de ne faire fervir fur fa table que des viandes d'animaux égorgés aux pieds des autels & déja offerts aux dieux, pour fouiller tous fes convives par la participation de fon idolâtrie.

'LXXII.

Tous ceux qui afpiroient à la faCalomnies veur, s'efforçoient à l'envi de nuire contre les aux Chrétiens: c'étoit à qui invente

Chrétiens.

roit contre eux de nouvelles calomnies. On forgea de faux actes de Pilate, remplis de blafphêmes contre Jesus-Christ, & par ordre de Maxi

min on les répandit par toutes les provinces; on enjoignit aux maîtres CONSTAN d'école de les mettre entre les mains

TIN

des enfans, & de les faire apprendre Au. 311 par cœur on fuborna des femmes perdues, pour venir dépofer devant les juges qu'elles étoient Chrétiennes, & pour s'avouer complices des plus horribles abominations, pratiquées, difoient-elles, par les Chrétiens dans leurs temples. Ces dépofitions inférées dans les actes publics étoient auffi-tôt envoyées par tout P'Empire.

où il alloit,

LXXIII. Divers Mar Euf. 1. 9. co

tyrs.

Last c. 36.

Euf. Mart.
Pal. c. s.

Le théâtre le plus ordinaire des cruautés de Maximin étoit Céfarée de Palestine. Mais par-tout fon paffage étoit tracé par le fang des 6, & l. 8. c. martyrs. A Nicomédie il fit mourir 14. entre autres Lucien célébre prêtre de l'églife d'Antioche: à Alexandrie où il paroît qu'il alla plufieurs fois, il fit trancher la tête à Pierre, évêque de cette ville, à un grand nombre d'évê ques d'Egypte, & à une multitude de fideles. Il ôta la vie à plufieurs femmes Chrétiennes, à qui il n'avoit pû êter l'honneur. Eufebe en remarque

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entre les autres une qu'il ne nomme CONSTAN- pas; c'eft, felon Baronius, celle que l'Eglife honore fous le nom de Sainte An. 311. Catherine, quoique Rufin la nomme Dorothée. Elle étoit diftinguée par fa beauté, fa naiffance, fes richeffes, & plus encore par fa fcience; ce qui n'étoit pas fans exemple entre les femmes d'Alexandrie. Le tyran épris d'amour avoit inutilement tenté de la féduire. Comme elle fe montroit prête à mourir, mais non pas à le fatisfaire, il ne put fe réfoudre à la livrer au fupplice; il fe contenta de confifquer fes biens & de la bannir d'Alexandrie; & ce trait fut regardé dans le tyran comme un effort de clémence, que l'amour feul pouvoit produire. Enfin las de carnage & de maffacres, par un autre effet de cette même clémence qui lui étoit particuliere, il ordonna qu'on ne feroit plus mourir les Chrétiens, mais qu'on fe contenteroit de les mutiler. Ainfi on arrachoit les yeux aux confeffeurs, on leur coupoit les mains, les pieds, le nez & les oreilles; on leur brûloit avec un fer rouge l'œil droit & les nerfs du jars

ret

ret gauche, & on les envoyoit en cet état travailler aux mines.

CONSTAN

TIN.

LXXIV.

Famine &

Euf. Hift.

La vengeance divine ne tarda pas à éclater. Maximin dans fon édit An. 311. contre les Chrétiens faifoit honneur à fes dieux de la paix, de la fanté, pefte en de l'abondance qui rendoient les peu- Orient. ples heureux fous fon regne. Les 1. 9. c. 8. commiffaires chargés de porter cet édit dans toutes les provinces, n'avoient pas encore achevé leur voyage, que le Dieu jaloux, pour démentir ce Prince impie, envoya tout à la fois la famine, la pefte & la guerre. Le ciel ayant refufé pendant l'hiver ces pluies qui fertilifent la terre, les fruits & les moiffons manquerent, & la famine fut bientôt fuivie de la pefte. Aux fymptômes ordinaires de cette maladie s'en joignit un nouveau : c'étoit un ulcere enflammé, qu'on appelle charbon, qui fe répandant par tout le corps, s'attachoit furtout aux yeux, & qui fit perdre la vûe à un nombre infini de personnes de tout âge & de tout fexe, comme pour les punir par le même fupplice qu'on avoit fait endurer à tant

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de Confeffeurs. Ces deux calamités CONSTAN- réunies dépeuploient les villes, défoloient les campagnes : le boiffeau An. 311. de bled fe vendoit plus de deux

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cent francs de notre monnoie: on
rencontroit à chaque pas des femmes
recommandables par leur naiffance
qui réduites à mendier n'avoient d'au
tres marques de leur ancienne fortu-
ne, que la honte de leur mifere. On
vit des peres & des meres traîner
dans les campagnes leur famille, pour
y manger comme les bêtes le foin &
les herbes même malfaifantes & qui
Teur donnoient la mort on en vit
d'autres vendre leurs enfans la
pour
miférable nourriture d'une journée..
Dans les rues, dans les places publi-
ques chanceloient & tomboient les
uns fur les autres des fantômes fecs:
& décharnés, qui n'avoient de force
que pour demander en expirant un
morceau de pain. La pefte faifoit en
même tems d'horribles ravages; mais
il fembloit qu'elle s'attachoit fur-tout
aux maifons que l'opulence fauvoit
de la famine. La mort, armée de ces
deux fléaux, courut en peu
de tems

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