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TIN.

An. 311.

tous les états 'de Maximin; elle abbatit des familles entieres ; & rien n'étoit CONSTAN fi commun, dit un témoin oculaire, que de voir fortir à la fois d'une feule maifon deux ou trois convois funebres: on n'entendoit dans toutes les villes qu'un affreux concert de gémiffemens, de cris lugubres, & d'inftrumens alors employés dans les funérailles. La pitié fe laffa bientôt: la multitude des indigens, l'habitude de voir des mourans, l'attente prochaine d'une mort femblable avoit endurci tous les cœurs: on laiffoit au milieu des rues les cadavres étendus fans fépulture & fervant de pâture aux chiens. Les Chrétiens feuls, que ces maux vengeoient, montrerent de l'humanité pour leurs perfécuteurs: eux feuls bravoient la faim & la contagion, pour nourrir les miférables, pour foulager les mourans, pour enfevelir les morts. Cette charité généreufe étonnoit & attendriffoit les infideles; ils ne pouvoient s'empêcher de louer le Dieu des Chrétiens, & de convenir qu'il favoit infpirer à fes adorateurs la plus belle qualité,

qu'ils puffent eux-mêmes attribuer à CONSTAN- leurs dieux, celle de bienfaiteurs des hommes.

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An. 311.

LXXV.

Guerre con.

méniens.

A tant de défaftres, Maximin ajouta le feul qui manquoit encore pour ache

tre les Ar- ver de perdre fes fujets. Il entreprit contre les Arméniens une guerre infenfée. Ces peuples, depuis plufieurs fiécles, amis & alliés des Romains, avoient embraffé le Chriftianifme dont ils pratiquoient tranquilement les exercices. Le tyran fe mit à la tête de fes troupes pour aller les forcer dans leurs montagnes, & relever les idoles qu'ils avoient abbatues. Les hiftoriens ne nous ont point inftruit du détail de cette expédition : ils nous apprennent feulement, que l'Empereur & l'armée, après avoir beaucoup fouffert, n'en rapporterent que Juvenal Sat. la honte & le repentir. Si on excepte

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ces querelles fanglantes qu'une ridicule fuperftition avoit quelquefois excitées en Egypte entre deux villes voifines, c'est ici la premiere guerre de religion dont parle l'hiftoire. J'ai raffemblé tout ce que nous favons de Maximin pour cette année & la fui

vante, afin de n'être pas obligé d'interrompre ce qui refte de l'hiftoire CONSTAN de Maxence jufqu'à sa mort.

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An. 311.

1XXVI.

Etat du Chriftianifme

en

Italie. Euf. Hift. Anaftaf Vit. Marcel.

1. 8. c. 14.

Platina in Marcel.

Sigon. de

Ce Prince en montant fur le trône avoit trouvé grand nombre de Chrétiens à Rome & en Italie. Comme il favoit qu'ils étoient portés d'affection pour Conftantin, qui imitoit à leur égard la douceur de fon pere; pour fe les attacher il fit ceffer la perfécution, leur fit rendre leurs églifes, & feignit même pendant quelque tems de profeffer leur religion. Le Chrif- Imp. Occ. p. 43. & feq. tianisme reprenoit haleine en Italie ; Baron. Ann. & pour fuffire au baptême & à la nourriture fpirituelle des fidéles, qui fe multiplioient tous les jours, le Pape Marcel avoit augmenté jufqu'à vingtcinq le nombre des titres de la ville de Rome: c'étoient des départemens pour autant de prêtres & comme autant de paroiffes. Il avoit engagé deux femmes pieufes & riches, nommées Prifcille & Lucine, l'une à bâtir un cimetiere dans la voie Salaria, l'autre à laiffer par teftament à l'Eglife l'héritage de tous fes biens. Ces donations ne furent pas heureufes. Maxence

jaloux de la pieufe adreffe de ce faint CONSTAN- Pape, leva le mafque, fe déclara ennemi des Chrétiens, voulut conAn. 311. traindre Marcel à facrifier aux idoles;

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IXXVII.

rre Alexan

dre.
Zof. 1. 2.
Aurel. Vict.

& fur fon refus il le fit enfermer dans
une de fes écuries pour y panfer les
chevaux. Marcel y mourut de mifere
après cinq ans, d'autres difent deux
ans de pontificat, dont la plus grande
partie s'étoit paffée, comme celui de
prefque tous fes prédéceffeurs, ou
dans l'attente continuelle de la mort,
ou dans les fouffrances. Eufebe, Gree
de naiffance qui lui fuccéda, ne refta
fur le S. Siége que quelques mois,
& fut remplacé par Miltiade, dont
j'aurai occafion de parler dans la fuite.

Tandis que Maxence faifoit aux Guerre con- Chrétiens en Italie une guerre, où il ne couroit aucun rifque, il en terminoit en Afrique une autre qui auroit été dangereufe, s'il avoit eu un ennemi plus courageux. Réfolu d'aller attaquer Conftantin fous prétexte de venger la mort de fon pere, qu'il ne regrettoit pas, mais en effet pour s'enrichir des dépouilles d'un prince qu'il haïffoit, il avoit deffein de mar

TIN.

cher en Rhétie, d'où il pourroit également fe porter en Gaule & en Illy- CONSTANrie: il fe flattoit de s'emparer d'abord de cette derniere province & de la An. 311. Dalmatie, à l'aide des troupes & des généraux qu'il tenoit fur la frontiere, & de fe jetter enfuite dans la Gaule, dont il fe rendroit aifément le maître. Mais avant que d'en venir à l'exécution de ces chimériques projets, il crut devoir s'affurer de l'Afrique, où Alexandre fe maintenoit depuis trois ans. Ce tyran y avoit étendu fa puiffance, & il paroît qu'il avoit ruiné la ville de Cirthe capitale de la Numidie. Maxence affembla donc un petit nombre de cohortes; il mit à leur tête Rufius-Volufianus fon préfet du Prétoire, & Zénas capitaine renommé pour fa fcience militaire, & chéri des troupes pour fa probité & fa douceur.

Il ne leur en couta que la peine de paffer la mer. Alexandre caffé de vieilleffe, & qui n'avoit pas plus de capacité que de force, traînant après lui des foldats levés à la hâte & dont la moitié étoient fans armes, vint à

LXXVIII. Défaite d'ATil. art. 16.

lexandre.

Génébrier.

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