Imágenes de páginas
PDF
EPUB

TIN.

leur rencontre: mais ce ne fut que CONSTAN- pour prendre la fuite dès le premier choc. A peine quelques bataillons An. 311. firent-ils une foible réfiftance, tout fut renversé en un moment; il fut luimême pris & étranglé fur le champ. On a cru pendant quelque tems, que Nigrinien dont on a deux médailles qui lui donnent le titre de Divus, étoit le fils de cet Alexandre, mort avant fon pere & mis au rang des dieux. Mais on a depuis reconnu, que ces médailles ont été frappées entre le regne de Claude & celui de Dioclétien.

1XXIX. Défolation

6.16.

La guerre étoit finie, mais les de l'Afrique fuites de la victoire furent plus funefIncerti Pan. tes que la guerre. Maxence.avoit ordonné de faccager & de bruler Carthage, qui étoit redevenue une des plus floriffantes villes du monde, d'enlever ou de détruire tout ce qu'il y avoit de beau dans la province, & d'en tranfporter à Rome tous les bleds. Les habitans de l'Afrique fouffrirent les dernieres rigueurs. De ceux qui étoient remarquables par la nobleffe ou par les richeffes, nul ne

TIN.

fut épargné: tous furent traînés devant les tribunaux, comme ayant CONSTANété partifans d'Alexandre; tous furent dépouillés de leurs biens: plufieurs An. 311. perdirent la vie; & après ces violences Maxence triompha dans Rome, beaucoup moins des ennemis vaincus, que de fes malheureux fujets qu'il avoit ruinés.

Il ne traitoit pas les Romains avec plus d'humanité. Dès avant la guerre d'Afrique, le feu ayant pris au temple de la Fortune à Rome, comme on s'empreffoit de l'éteindre, un foldat laiffa échapper un mot de raillerie fur la déeffe: le peuple indigné fe jette fur lui & le met en piéces. Auffi-tôt les foldats & fur-tout les Prétoriens fondent fur le peuple; ils frappent, ils maffacrent, ils égorgent fans dif tinction d'âge ni de fexe; Rome nageoit dans le fang, & cette fanglante querelle penfa détruire la capitale de l'Empire. Selon Zofime, Maxence appaifa les foldats; felon Eufebe, il abandonna le peuple à leur fureur: ces deux témoignages fe balancent; mais celui d'Aurélius-Victor décide

IXXX. Maffacre.

dans Rome.

[ocr errors]

Euf. Hift.

8. c. 14.

Zof. 1. 2.
Aurel. Vict.

[ocr errors]

en faveur d'Eufebe, & rend Maxence CONSTAN- Coupable du meurtre de ses sujets. Devenu plus infolent il ne mit plus de

TIN.

LXXXI.

Avarice de

An. 311. bornes à fes rapines, à fes débauches, à fes cruelles fuperftitions. Il obligeoit Maxence. tous les ordres depuis les fénateurs jufAurel. Vit. qu'aux laboureurs de lui donner par forme de préfent des fommes confidérables inftitution odieufe, mais attrayante pour des fucceffeurs; qui femble perdre de fa baffeffe à proportion qu'elle s'éloigne de fon origine, & dont les Empereurs fuivans crurent pouvoir profiter, fans en partager la honte.

I. 1. c. 35.

8.3 4.

Nazar. Pan.

Non content de cette contribution, LXXXII. qui n'étoit volontaire qu'en apparenSes rapines. ce, il fit mourir fous de faux préEuf. Vit. textes un grand nombre de Sénateurs, Incert. Pan. pour s'emparer de leurs biens. Il regardoit comme fon patrimoine celui de tous fes fujets; il n'épargnoit pas Hift. Misc. même les temples de fes dieux : c'étoit un abyme qui engloutiffoit toutes les richeffes de l'univers, que près de onze fiécles avoient accumulées dans Rome: l'Italie étoit remplie de délateurs & d'affaffins dévoués à fes

c. 8.

1.11.

fureurs, & qu'il repaiffoit d'une part de fa proie: une parole, un gefte innocent décéloient un complot contre le Prince; un foupir paffoit pour un regret de la liberté. Cette tyrannie faifoit déferter les villes & les campagnes on cherchoit les retraites les plus profondes: les terres demeuroient fans femence & fans culture; & la famine fut fi grande, qu'on ne se souvenoit point à Rome d'en avoir éprouvé de femblable.

CONSTAN

TIN.

An. 311

Ses débauches.

Incert. Pan.

Le tyran fembloit triompher de la mifere publique. Il affectoit de paroître LXXXIII. heureux, puiffant, au-deffus de toute crainte : il affembloit quelquefois fes foldats pour leur dire, qu'il étoit le . 14.3. feul Empereur; que les autres qui, Euf. Vit. prenoient cette qualité, n'étoient que 34. fes Lieutenans qui gardoient fes fron- Prud. in Symm. 1. 1. tieres: Pour vous, leur difoit-il, jouïf v. 470. fez, diffipez, prodiguez: c'étoit-là, Hist. Misc. toute fa harangue. Quoiqu'il feignît d'être occupé de grands projets de guerre, il paffoit fes jours dans l'ombre & dans les délices : tous fes voyages, toutes fes expéditions se bornoient à fe faire transporter de

1. 11.

TIN.

fon palais aux jardins de Sallufte. EnCONSTAN- dormi dans le fein de la molleffe, il me fe réveilloit que pour fe livrer aux exAn. 311. cès de la débauche : il enlevoit les femmes à leurs maris, pour les leur renvoyer deshonorées, ou les livrer à ses fatellites: il n'épargnoit pas l'honneur même des premiers du Sénat; faire cet outrage à la principale nobleffe, c'étoit pour lui un raffinement de volupté infatiable dans fes infames défirs, fa paffion changeoit fans ceffe d'objet, fans fe fixer ni s'éteindre : les prifons étoient remplies de peres & de maris, qu'une plainte, un gémiffement avoient rendus dignes de mort.

LXXXIV.

Mort de So-
phronic.
Euf. ibid.
.Ruffin. c. 17.

Mais ni fes artifices ni fes menaces ne triomphoient de la chafteté des femmes chrétiennes, parce qu'elles favoient méprifer la vie. On raconte qu'une d'entre elles, nommée Sophronie, épouse du préfet de la ville, ayant appris que les miniftres des débauches du tyran la venoient chercher de fa part, & que fon mari par crainte & par foibleffe la leur avoit abandonnée, elle leur fit demander quelques momens pour fe parer; & que l'ayant obtenu, feule & retirée

« AnteriorContinuar »