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ΤΙΝ,

An. 311

dans fon appartement, après une courte priere elle fe plongea un CONSTANpoignard dans le fein, & ne laiffa à ces miférables que fon corps fans vie. Plufieurs auteurs éccléfiaftiques louent cette action; elle ne porte cependant pas le fceau de l'approbation de l'Eglife, qui n'a pas mis cette femme au nombre des Saintes. Les Payens devoient admirer cette chafteté héroïque, & la mettre fort au-deffus de celle de Lucrece.

EXXXV.

Superftitions

Quoique Maxence affectât une entiere fécurité, il craignoit Conf- de Maxence. tantin; & ne pouvant fe diffimuler Euf. Vit. qu'il ne trouvoit pas en lui-même affez l. 1. c. 36. de reffources, il en chercha dans la magie. Pour fe rendre les démons favorables, & pour pénétrer dans les fecrets de l'avenir, il faifoit ouvrir le ventre à des femmes enceintes, fouillerdans les entrailles des enfans tirés de leur fein. On égorgeoit des lions; & par des facrifices & des formules de prieres abominables il fe flattoit d'évoquer les puiffances de l'enfer, & de détourner les malheurs dont il étoit menacé.

TIN.

Conftantin

1. 1. c. 26.

6.2 & 3.

Mais il avoit en tête un ennemi CONSTAN- plus puiffant que fes dieux. Conftantin foit de fon propre mouvement, An. 311. comme le dit Eufebe, foit qu'il en LXXXVI. fût fecrettement follicité par les hafe prépare à bitans de Rome, comme le rapporla guerre. tent d'autres auteurs, fongeoit à déliEuf. Vit. vrer cette ville de l'oppreffion fous Incerti Pan. laquelle elle gémiffoit; & les projets d'un Prince plein de prudence & d'acP. 270. tivité étoient plus fûrs & mieux concerZonar. t. 2. tés que ceux de Maxence. Pour ne laiffer derriere lui aucun fujet d'inquiétude, il visita au commencement de cette année toute la partie de la Gaule voifine du Rhin & des Barbares. Il affura cette frontiere par des flottes fur le fleuve, & par des corps de troupes qui fervoient de barriere.

Cedren. t. I.

7.2.

LXXXVII.

Il s'avança jufqu'à Autun. Cette Il foulage ville fignalée par fon zéle pour Rome la ville d'Au- dès avant le tems de Jule-Ĉéfar, dont Eumen. les peuples avoient reçu du fénat le Grat. At. nom de Freres du peuple Romain, paffim.

tun.

fa

meufe par fes écoles publiques, prefque détruite par Tétricus fous l'empire de Claude II, relevée par les fucceffeurs de ce Prince, honorée

depuis peu des bienfaits de Conftance Chlore, étoit alors réduite à une mi- CONSTANfere déplorable. Quoique fon terri

TIN.

toire ne fût pas plus chargé de tailles An. 311. que le refte de la Gaule, toutefois les ravages des guerres paffées ayant détruit toute culture, & ruiné un terrein naturellement affez ingrat, elle étoit hors d'état de fupporter fa part de l'impofition générale. Le découragement des laboureurs rendoit le mal irrémédiable. Comme leur travail ne pouvoit fournir à la fois au payement des tailles & à leur nourriture, ils avoient pris le parti de mourir de faim fans travailler. Les moins abbatus par le défefpoir fe retiroient dans les bois ou défertoient le pays. Lorfque Conftantin entra dans la ville, qu'il croyoit trouver abandonnée, il fut étonné de la multitude de peuple qui s'empreffoit à le voir & à lui témoigner fa joie. A la nouvelle de fon approche, on étoit accouru en foule de tout le voisinage; on avoit paré les rues jufqu'au palais, de tout ce que la mifere peut,appeler des ornemens: toutes les compa

TIN.

gnies fous leur drapeau, tous les preCONSTAN- tres avec les ftatues de leurs dieux, tous les inftrumens de mufique hoAn. 311. noroient fon arrivée. Le fénat de la ville fe profterna à fes pieds à la porte du palais dans un profond filence: l'Empereur verfant des larmes de pitié & de tendreffe, tendit la main aux fénateurs, les releva, prévint leur demande; leur remit le tribut de cinq années qu'ils devoient au tréfor; fur les vingt-cinq mille taillables du territoire d'Autun, il fit grace pour l'avenir de fept mille capitaux. Cette faveur fit renaître l'efpoir & l'induftrie Autun fe repeupla, les terres furent mifes en valeur; la ville regardant Conftantin comme fon pere & fon fondateur, prit le nom de Flavia; & le prince retourna à Treves, triomphant dans le cœur des peuples; & plus glorieux d'avoir rendu la vie à vingt-cinq mille familles, que s'il eût terraffé la plus nombreufe armée.

LXXXVIII.

à Treves.

Il trouva à Treves un grand nomil retourne bre d'habitans de prefque toutes les Eumen.grat. autres villes de fes états, qui venoient act. c. 2. & honorer la célébration de fa cinquié

TIN.

An. 311.

C. 11 & 14.

me année, & lui demander des graces foit pour leur pays, foit pour leurs pro- Constanpres perfonnes. Il renvoya fatisfaits ceux-mêmes à qui il ne pouvoit accorder leurs demandes. Ce fut en préfence prorest. Schol. du prince & au milieu de cette nombreufe affemblée, qu'Eumene établi, par Conftance Chlore, chef des études d'Autun, avec une penfion de plus de foixante mille livres, prononça un difcours de remerciment que nous avons encore, pour les bienfaits dont l'empereur avoit comblé fa patrie. Tout fe difpofoit à la guerre. guerre. Conf- LXXXIX. tantin balançoit encore; il craignoit qu'il reçoit qu'elle ne fût pas affez jufte. Auprès des autres fouverains la juftice n'étoit qu'une couleur, qu'ils comptoient bien que la victoire ne manqueroit pas de donner à leurs entreprises: pour Conftantin c'étoit un motif fans lequel il ne fe croyoit en droit de rien entreprendre. Malgré la compaffion qu'il avoit de la ville de Rome, malgré les cris de ceux qui l'appeloient, il doutoit avec raifon qu'il lui fût permis de détrôner un Prince qui n'étoit pas fon vaffal, quoiqu'il abuât

Outrages

de Maxence. Nazar. Pan. Lact. c. 43. c. 9. & feq.

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