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TIN.

An. 3120

d'affiette, défendue par de bonnes murailles, par des habitans guerriers CONSTAN& par une nombreuse garnison. Le Prince, pour n'être pas arrêté dès le premier pas, offrit la paix aux habitans. Ils la refuferent & s'en repentirent le jour même. Conftantin fait mettre le feu aux portes & planter les échelles contre les murs. Tandis qu'une partie de fes foldats lance une grêle de pierres & de traits fur ceux qui bordent la muraille, les autres montent à l'efcalade & abbatent à coup de piques & d'épées tous ceux qui ofent les attendre. En un moment la ville eft prise; & le vainqueur, à ce premier exemple de valeur, capable d'effrayer l'Italie, en voulut joindre un de clémence propre à la charmer. Il fit grace aux habitans. Mais le feu plus opiniâtre que fa colere s'étoit déja répandu bien loin; tout ce que l'épée épargnoit alloit être la proye des flammes. Conftantin allarmé pour des ennemis dont cet inftant lui faifoit des fujets, fait travailler tous fes foldats, & travaille lui-même à éteindre l'incendie. Sa

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bonté paroît encore plus active que CONSTAN- fa bravoure ; & les habitans de Suze, doublement fauvés en même tems que An. 312. vaincus, pleins d'admiration & de reconnoiffance, lui donnent leur cœur, & achevent la conquête.

III.

Turin.

Il marche vers Turin. Dans la plaiBataille de ne de cette ville fe préfente un grand Incert. Pa- corps de troupes, dont la cavalerie neg. c. 6 & toute couverte de fer, hommes & cheNazar. Pan. Vaux, sembloit invulnérable. Cette 6. 22, 23, vûe loin d'intimider le Prince & les

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24.

foldats, les anime en leur montrant un péril digne de leur courage. La bataille des ennemis étoit triangulaire. La cavalerie formoit la pointe : les deux aíles compofées d'infanterie, fe replioient en arriere & fe prolongeoient à une grande profondeur. Les Cavaliers devoient donner tête baiffée dans le centre de l'armée ennemie, la percer toute entiere, & tournant bride enfuite marcher fur le ventre à tout ce qu'ils rencontreroient. En même tems les deux aîles d'infanterie devoient fe déployer & envelopper l'armée de Conftantin, déja rompue par la cavalerie. Le Prin

ce qui avoit le coup d'œil militaire, comprit le deffein des ennemis à l'or- CONSTAN dre de leur bataille. Il place des corps

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à droite & à gauche pour faire face à An. 312. l'infanterie & arrêter fes mouvemens. Pour lui, il fe met au centre en tête de cette redoutable cavalerie. Quand il la voit fur le point de heurter le front de fon armée, au lieu de lui réfifter, il ordonne à fes troupes de s'ouvrir: c'étoit un torrent qui n'avoit de force qu'en ligne droite: le fer dont elle étoit revêtue ôtoit toute foupleffe aux hommes & aux chevaux. Mais dès qu'il la voit engagée entre fes efcadrons, il la fait enfermer & attaquer de toutes parts, non pas à coups de lances & d'épée, on ne pouvoit percer de tels ennemis; mais à grands coups de maffes d'armes. On les affommoit, on les écrafoit fur la felle de leurs chevaux, on les renverfoit, fans qu'ils puffent ni fe mouvoir pour fe défendre, ni fe relever quand ils étoient abbatus. Bien-tôt ce ne fut plus qu'une horrible confufion d'hommes, de chevaux, d'armes, amoncelés les uns fur les autres. Ceux qui

échapperent à ce maffacre voulurent

CONSTAN- fe fauver à Turin avec l'infanterie : TIN. mais ils en trouverent les portes ferAn. 312. mées : & Conftantin qui les pourfuivit

IV.

victoire.

€. 7.

Occ. p. 52.

ad Innocen

l'épée dans les reins, acheva de les tailler en pieces au pied des mu

railles.

Cette victoire, qui ne couta point Suites de la de fang au vainqueur, lui ouvrit les Incert. Pan. portes de Turin. La plupart des autres places entre le Pô & les Alpes Sigon. Imp. lui envoyerent des députés pour l'afHieron. Epift. furer de leur foumiffion; toutes s'emtium. preffoient de lui offrir des vivres. Sigonius fur un paffage de S. Jerôme conjecture que Verceil fit quelque réfiftance, & que cette ville fut alors prefque détruite. Il n'en eft point parlé ailleurs. Constantin alla à MiÎan, & fon entrée devint une espece de triomphe par la joie & les acclamations des habitans, qui ne pouvoient fe laffer de le voir & de lui applaudir comme au libérateur de l'Italie.

V.

Siége de Vé

Au fortir de Milan, où il étoit resté quelques jours pour donner du repos Incert, Pan. à fes troupes, il prit la route de Vé

rone.

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An. 312

rone. Il favoit qu'il y trouveroit raffemblées les plus grandes forces de CONSTAN Maxence, commandées par fes meilleurs capitaines & par fon préfet du c.8.& feq. prétoire, Ruricius Pompeianus, le Nazar. Pan plus brave & le plus habile général c. 26. que le tyran eût à fon fervice. En paffant auprès de Brefce, Conftantin rencontra un gros corps de cavalerie, qui prit la fuite au premier choc & alla rejoindre l'armée de Vérone. Ruricius n'ofa tenir la campagné ; il fe renferma avec ses troupes dans la ville. Le fiége en étoit difficile:il falloit paffer l'Adige, & fe rendre maître du cours de ce fleuve qui portoit l'abondance à Vérone: il étoit rapide, plein de gouffres & de rochers, & les ennemis en gardoient les bords. Conftantin trompa pourtant leur vigilance; étant remonté fort au-deffus de la ville, jufqu'à un endroit où le trajet étoit praticable, il y fit paffer à leur infçu une partie de fon armée. A peine le fiége fut-il formé, que les affiégés firent une vigoureuse fortie, & furent repouffés avec tant de carnage, que Ruricius fe vit obligé de fortir fecre

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