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Introduction.

Valerien : Galere fit fon féjour ordi naire à Sirmich, Maximien à Milan, & Conftance à Treves.

La multiplication des Souverains foulageoit Dioclétien, mais elle furchargeoit l'Empire. Chacun de ces Princes voulant avoir autant de troupes qu'en avoient eu avant eux les Empereurs qui régnoient feuls, tout de- / vint foldat: ceux qui recevoient la paye furpafferent en nombre ceux qui contribuoient à la fournir les impofitions épuiferent la fource d'où elles étoient tirées, & firent abandonner la culture des terres. Dans le gouvernement civil, chaque Province ayant été divifée en plufieurs parties, la multitude des Tribunaux de Judicature, & des Bureaux de Finances ne fit pas moins de mal. Tant de Préfidens, d'Officiers, de Receveurs & de Commis de toute efpéce dévoroient la fubftance des peuples; & les fujets de l'Empire, à force de voir multiplier leurs défenfeurs & leurs juges, parvinrent à ne trouver ni fûreté ni juftice.

Il eft vrai que les Barbares furent

épouffés & les révoltes étouffées. Conftance qui par fa bonté adoucif- Introduction, foit les miferes de fes fujets, réduifit les Cauques & les Frisons, bâtit des forts fur la frontiere, ravagea la Germanie depuis le Rhin jufqu'au Danube, rétablit Autun, ruinée fous le regne de Claude fon grand-oncle, reconquit la Grande-Bretagne par la défaite & la mort du tyran Allectus qui avoit fuccédé à Caraufe, tranfplanta des colonies de Francs dans la Belgique, battit les Allemans tou tes les fois qu'ils oferent paffer le Rhin ; & fa valeur fut pour l'Empire du côté de l'Occident une barriere impénétrable.

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Maximien rétablit la paix dans l'Afrique il fit rentrer dans le devoir les habitans de la Pentapole; il réduifit au défespoir l'ufurpateur Julien, & força les Maures dans leurs montagnes inacceffibles.

Cependant Diocletien & Galere se prêtoient la main pour défendre les frontieres du Septentrion & de l'Orient. Vainqueurs des Barbares d'audelà du Danube, ils partagerent en

tre eux les deux expéditions le plus troduction. importantes, celle de Perfe & celle d'Egypte. Galere battu d'abord par les Perfes, battit à fon tour leur Roi Narsès, & l'obligea de céder aux Romains cinq Provinces vers la fource du Tigre. Ce fleuve devint dans tout fon cours la borne des deux Empires, & la paix qui fut le fruit de cette victoire fubfifta quarante ans.

Dioclétien reprit Alexandrie, fit mourir Achillée, qui depuis cinq ans jouïffoit du nom d'Empereur; remit dans l'obéïffance toute l'Egypte, dont il punit la révolte par des pillages, des maffacres, des deftructions de villes entieres. Il donna alors à fes fucceffeurs un exemple qui ne fut que trop imité: il traita avec les Nubiens & les Blemmyes, dont les courfes fréquentes infeftoient les frontieres de l'Egypte : il leur céda fept journées de pays le long du Nil au-delà d'Eléphantine, & s'engagea à leur payer une penfion qui flétrifsoit l'Empire, fans faire ceffer leurs hoftilités.

Jufques-là Diocletien n'avoit vû que de beaux jours. Adoré, difent

les Auteurs, par fon collégue & par

les deux Céfars,il étoit l'ame de l'Etat. Introduction. Il les traitoit de fon côté comme fes égaux, & en adouciffant la fubordination, il la rendoit plus entiére. Mais ayant reconnu l'humeur hautaine de Galere, Dioclétien pour rabattre fa fierté, profita de la confufion que lui caufa la victoire remportée fur lui par les Perfes; & la premiere fois que le vaincu fe préfenta devant lui, il le laiffa courir à pied près de mille pas à côté de fon char avec fa robbe de pourpre. Bientôt Galere ayant effacé fa honte par un fuccès éclatant, fçut fe relever de cette humiliation : il s'enorgueillit jufqu'à prendre le titre de fils de Mars: il échappa tout-à-fait à Dioclétien ; & s'ennuyant de refter fi long-tems dans un rang inférieur, il fongea à dépouiller de l'Empire celui à qui il devoit toute fa puiffance.

Son caractère turbulent le porta d'abord à troubler le dedans de l'Etat. La Religion Chrétienne s'étoit affermie par tous les efforts que les Empereurs précédens avoient faits pour la détruire les fupplices les

plus cruels ne l'avoient rendue que

Introduction, plus féconde, & les Chrétiens s'étoient multipliés au grand avantage de leurs propres perfécuteurs. Obligés par une loi intérieure à obéir aux loix civiles, & accoutumés par le péril de leur profeffion à méprifer la vie, c'étoient les fujets les plus fidéles & les meilleurs foldats des armées. Depuis la mort d'Aurélien, arrivée en 275, il n'y avoit point eu de perfécution générale mais leur vie reftoit abandonnée au caprice des Gouverneurs, qui faifoient revivre à leur gré & exécutoient contre eux les Edits des Empereurs précédens. Maximien fe livrant à fon humeur fanguinaire, avoit dès les commencemens de fon regne, fait maffacrer une légion entiere, & laiffé un libre cours à la cruauté de Rictius Varus Gouverneur de la Belgique.Conftance Chlore au contraire, rempli de douceur & d'humanité, avoit épargné le fang des Chrétiens; & tout Payen qu'il étoit, il les avoit même par préférence approchés de fa perfonne, admirant leur conftance inébranlable

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