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TIN.

XLIII.
Maximin

commence la
guerre con-
Euf. l. 9. c.

tre Licinius.

10.

Lact. c. 45.

que quelque circonftance particuliere
ne m'oblige d'interrompre cet ordre. CONSTAN-
Tandis que Constantin à Treves
s'appliquoit à régler les affaires de An. 313.
l'état, Maximin profitant de fon éloi-
gnement entreprit d'exécuter le def-
fein qu'il méditoit depuis long-tems,
de fe rendre feul maître de tout l'em-
pire. Cet homme fier & hautain, plus
ancien Céfar que les deux autres Em-
pereurs, ne pouvoit fouffrir leur fupé-
riorité qu'il regardoit comme ufur-
pée: il fe donnoit le premier rang
dans fes titres; & comme il reftoit
feul des deux Auguftes & des deux
Céfars que Dioclétien & Maximien
avoient nommés en quittant l'empire,
il fe portoit pour légitime héritier de
toute leur puiffance. Plein de ces
idées ambitieufes, il prit le tems que
les deux Empereurs célébroient à
Milan les nôces de Conftantia, & quoi-
que ce fût dans le fort de l'hiver, il mit
fes troupes en campagne ; & doublant
les marches, il arriva bien-tôt de
Syrie en Bithynie; mais ce fut aux dé-
pens d'une grande partie de fes for-
ces: il laiffa fur les chemins prefque

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toutes fes bêtes de charge, que les CONSTAN- pluyes, les neiges, la fange, le froid & les marches forcées faifoient périr. A¤. 313. Parvenu au rivage du Bofphore,. qui fervoit de borne à fon empire, il paffa le détroit, & s'approcha de Byfance, où il n'y avoit qu'une foible garnifon. Ayant envain tenté de la corrompre, il attaqua la ville; elle fe rendit après onze jours de réfiftance. De-là il marcha à Héraclée, autrement nommée Périnthe, qui l'arrêta encore plufieurs jours.

XLIV.

rencontre.

Ces délais donnerent le tems de déLicinius pêcher des courriers à Licinius, qui s'étant féparé de Conftantin au fortir de Milan, étoit revenu en Illyrie. Ce Prince à la tête d'une poignée de foldats accourt en diligence, arrive à Andrinople lorfque Périnthe venoit de fe rendre; & ayant raffemblé ce qu'il peut trouver de troupes dans le voifinage, il s'avance jufqu'à dixhuit milles de Maximin campé à une égale distance de Périnthe. L'intention de Licinius étoit d'arrêter l'ennemi, mais fans le combattre : il n'avoit pas trente mille hommes, cone

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tre foixante & dix mille. Maximin par la raison contraire, réfolu d'en- CONSTANgager une action, fit vœu à Jupiter d'exterminer le nom chrétien, s'il An. 313. étoit vainqueur. Lactance rapporte que pendant la nuit Licinius eut une vifion miraculeufe: il fongea qu'il voyoit un Ange qui lui ordonnoit de fe lever fur l'heure, & de prier avec toute fon armée le Dieu fouverain lui promettant la victoire s'il obéiffoit; qu'à cet ordre il fe levoit auffitôt, & que l'ange l'inftruifoit d'une priere qu'il devoit faire prononcer à fes foldats. Il faut avouer que la vérité de ce miracle n'eft fondée que fur la bonne foi de Licinius, que la fuite de fa vie rend fur ce point infiniment fufpecte. Licinius à fon réveil fit appeller un Secrétaire, & lui dicta la formule de priere dont il difoit avoir la mémoire toute récente. Elle étoit conçue en ces termes : Nous vous prions, Dieu fouverain; Dieu faint, nous vous prions: nous vous recommandons notre falut & notre empire: c'eft de vous que nous tenons la vie, la félicité, la victoire: Dieu fuprême, Dieu faint exaucez-nous; nous ten

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dons les bras vers vous ; exaucez-nous CONSTAN- Dieu faint, Dieu fouverain. Il diftribua aux Préfets & aux Tribuns pluAn. 313. fieurs copies de cette priere, pour la faire apprendre à leurs foldats. Ceuxci affurés d'une victoire, dont le ciel même fe rendoit garant, s'enflamment d'un nouveau courage. Licinius vouloit livrer bataille le premier de Mai, pour flétrir par la deftruction de fon ennemi le jour même où ce Prince avoit été créé Céfar, & pour mettre encore cette conformité entre la défaite de Maxence & celle de Maximin. Mais celui-ci fe hâta de combattre dès la veille, pour honorer par les réjouiffances de la victoire l'anniversaire de son élévation. Ainfi le dernier d'Avril dès le point du jour il rangea fes troupes en bataille. Celles de Licinius prennent auffi-tôt les armes & marchent à l'ennemi. Entre les deux camps s'étendoit une plaine ftérile & toute nue, qu'on appelloit le Champ ferein. Déja les deux armées étoient en préfence; les foldats de Licinius pofent à terre leurs boucliers, ôtent leurs cafques, & à

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l'exemple de leurs officiers, ils levent les bras au ciel, & prononcent après CONSTAN l'Empereur la priere qu'ils avoient apprise. Après l'avoir trois fois répé- An. 313. tée, ils reprennent leurs cafques & leurs boucliers. Ces mouvemens & ce murmure étonnent l'armée ennemie. Les deux Empereurs conférent enfemble, mais inutilement : Maximin ne vouloit point de paix ; il méprifoit fon rival. Comme il répandoit l'argent à pleines mains, & que Licinius n'étoit rien moins que libéral il s'attendoit que celui-ci alloit être abandonné de fes troupes ; & que les deux armées réunies fous fes étendarts marcheroient auffi - tôt pour aller accabler Conftantin. C'étoit dans cette confiance qu'il avoit entrepris la guerre.

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On s'approche, on fonne la charge. Les troupes de Licinius commencent l'attaque; felon Zofime elles furent d'abord répouffées: Lactance dit au contraire, que leurs ennemis glacés de frayeur, n'eurent pas le courage de tirer l'épée ni de lancer leurs traits. Maximin couroit à cheval autour de

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