Imágenes de páginas
PDF
EPUB

l'armée de Licinius, mettant en usage CONSTAN- & les prieres & les promeffes: au lieu de l'écouter, on le charge lui-même, An. 313. & il eft obligé de regagner le

TIN.

gros de fes troupes. Elles fe laiffoient égorger prefque fans résistance par des

ennemis très inférieurs en nombre: la plaine étoit jonchée de morts; la moitié de l'armée étoit taillée en piéces; les autres ou fe rendoient ou prenoient la fuite les gardes de Maximin l'abandonnent; il s'abandonne lui-même, & jettant bas la pourpre impériale, couvert d'un habit d'efclave, il fe mêle dans la troupe des fuyards & repaffe le détroit. Emporté par fa terreur, il arrive la nuit du lendemain à Nicomédie, à cent foixante milles du champ de bataille. Il

y prend avec lui fa femme, fes enfans,un petit nombre de fes officiers, & continue fa fuite vers l'Orient. Enfin après avoir échappé à bien des périls, fe cachant dans les campagnes & dans les villages, il gagne la Cappadoce, où ayant rallié ce qui lui reftoit de troupes, il s'arrêta & reprit la pourpre.

TIN.

An. 313.

XLVI.

Licinius à Nicomédie.

Lat. c. 48. Cod. In. lib. 13. tit. 10 leg. 2. hanc leger.

God. ad

Licinius, après avoir incorporé dans fon armée les ennemis qui s'é- CONSTANtoient rendus, paffa le Bofphore; & peu de jours après la bataille entra dans Nicomédie, rendit graces à Dieu comme à l'auteur de fa victoire, & laiffa reposer fes troupes. Dès le premier jour de Juin il fit un acte de fouveraineté en faveur de la Lycie & de la Pamphylie: il exemta par une loi le petit peuple des villes de ces provinces de payer capitation pour les. biens qu'il poffédoit à la campagne. C'étoit un nouveau joug, dont les fimples particuliers habitans des villes avoient toujours été exemts, & que Maximin apparemment leur avoit impofé. Le treizieme du même mois il fit afficher l'édit qu'il avoit dreffé à Milan de concert avec Conftantin, pour rendre à l'Eglife une entiere tranquilité. Il exhorta même de vive voix les Chrétiens à faire librement l'exercice de leur religion. On peut placer ici la fin de cette perfécution cruelle, qui commencée en cette même ville le vingt-troifieme de Février de l'an 303, avoit pen

dant dix ans multiplié le Chriftianifme CONSTAN- en faifant périr des milliers de Chrétiens.

TIN.

An. 313.

XLVII. Mort de Maximin.

Maximin couvert de honte & plein de défefpoir déchargea fa premiere fureur fur les prêtres de fes dieux, Lat. c 49. qui par des oracles impofteurs l'aEuf. Hift. 1. voient affuré du fuccès de fes armes. 1.& vit. . Il les fit tous maffacrer. Enfuite ap1. c. 58. & prenant que Licinius venoit à lui avec Zof. l.a. toutes fes forces, il gagna les défilés

9. c. 10 &

59.

du mont Taurus, & effaya de les défendre par des barricades & des forts qu'il fit élever à la hâte. Enfin comme le vainqueur forçoit tous les paffages, il fe renferma dans la ville de Tarfe, à deffein de fe fauver en Egypte pour y réparer fes pertes. Eufebe dit qu'il y eut un fecond combat, auquel Maximin ne fe trouva pas, & que caché dans la ville dont il n'ofoit fortir, il fut dans le tems même de la bataille frappé de la maladie dont il mourut. Selon Lactance, ce Prince affiégé dans Tarfe, fans efpérance de fecours, & fans autre reffource que la mort, s'il vouloit ne pas tomber entre les mains d'un rival cruel &

TIN.

An. 33+

irrité, fe remplit pour la derniere fois de vin & de viandes, & avala enfuite CONSTANun breuvage mortel. Mais la quantité de nourriture dont il s'étoit chargé, amortit la force du poifon, qui au lieu de lui ôter la vie fur le champ, le jetta dans une longue & douloureufe agonie. Dans cet état il reconnut le bras de Dieu qui le frappoit; il força fa bouche impie à louer celui à à qui il avoit fait une guerre facrilége; il fit en faveur des Chrétiens un édit, dans lequel ce Prince malheureux, fous la main de Dieu qui l'écrafe, veut encore conferver la fierté du trône, & pallier par un préambule impofant la mauvaise foi de fes édits précédens. Au refte il accorde fans réferve aux Chrétiens tout ce que Conftantin leur avoit donné dans fes états, c'eft-à-dire, la permiffion de relever leurs temples, & de rentrer en poffeffion de tous les biens des Eglifes, de quelque maniere qu'ils euffent été aliénés. Un repentir fi forcé & fi imparfait ne défarma pas la colere de Dieu. Pendant quatre jours il fut en proie aux plus

TIN.

affreufes douleurs. Il fe rouloit fur la CONSTAN- terre, il l'arrachoit à pleines mains, & la dévoroit. Ses entrailles étoient emAn. 313. brafées par un feu intérieur, qui ne lui laiffa au-dehors que les os defféchés. A force de fe frapper la tête contre les murailles, it fe fit fortir les yeux de leur orbite. Les Chrétiens regarderent cet horrible accident comme une punition de la cruauté exercée fur tant de Martyrs, à qui il avoit fait crever les yeux. Alors tout aveugle qu'il étoit, il croyoit voir le Dieu des Chrétiens, environné de ses miniftres, & l'entendre prononcer fon jugement il s'écrioit comme un criminel à la torture; il s'excufoit fur fes perfides confeillers; il avouoit fes crimes, imploroit JesusChrist, lui demandoit en pleurant miféricorde. Enfin au milieu de ces hurlemens, auffi affreux que s'il eût été dans les flammes, il expira par une mort plus terrible encore que celle de Galere, qu'il avoit furpaffé en impiété & en barbarie. Il étoit dans la neuvieme année de fon regne, à compter du tems où il avoit été fait Céfar, &

« AnteriorContinuar »