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qu'elle ne pourroit elle même fe flatCONSTAN- ter d'un meilleur traitement: qu'enfin ce feroit une démarche deshonoAn. 313. rante & fans exemple, qu'une femme de fon rang s'engageât dans un fecond mariage. Cette réponse ferme & généreuse, portée à Maximin, le mit en fureur. Il profcrit Valérie, s'empare de fes biens, lui ôte tous fes officiers, fait mourir fes eunuques dans les tourmens, la bannit avec fa mere, la promene d'exil en exil; & pour ajoûter l'infulte à la perfécution, il fait condamner à mort, fous une fauffe accufation d'adultère, plufieurs dames de la cour, liées d'amitié avec Prifca & Valérie.

LI.

Supplice de

Il

y en avoit une très distinguée arois dames par fa naissance & d'un âge avancé. innocentes. Valérie la refpectoit comme une seconde mere. C'étoit à fes confeils que Maximin attribuoit le refus qui le défefpéroit. Il charge le préfident Eratinée, de lui faire fubir une mort deshonorante. Il en joignit à celle-là deux autres, également nobles, dont l'une avoit fa fille à Rome entre les Veftales, l'autre étoit femme d'un

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Sénateur. Ces deux dernieres avoient eu le malheur de plaire à Maximin CONSTANpar leur beauté; il les puniffoit de leur réfiftance. On les traîna toutes An. 313. trois devant un tribunal, où leur condamnation étoit déja arrêtée. On n'avoit trouvé pour se prêter à cette accufation qu'un Juif accufé lui-même d'autres crimes, & qui fe laiffa fuborner par la promeffe de l'impunité. C'étoit à Nicée que fe jouoit cette fanglante tragédie. Le juge qui craignoit l'indignation du peuple fe transporta hors de la ville avec une nombreuse escorte de foldats, de peur d'être lapidé. On met l'accufateur à la torture; il perfifte comme il en étoit convenu. Les accufées vouloient répondre; les bourreaux leur ferment la bouche à grands coups de poing; la fentence eft prononcée; on les conduit au fupplice entre deux hayes d'archers: tout retentiffoit de fanglots & de gémiffemens ; & ce qui redoubloit la compaffion & les larmes des affiftans, c'étoit la vûe du fénateur dont je viens de parler. Bien inftruit de la fidélité de fa femme

qui en étoit la malheureuse victime, CONSTAN- il eut la généreuse fermeté de l'affifter au fupplice, & de recueillir fes An. 313. derniers foupirs. Après qu'on leur

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LII. Dioclétien redemande Valérie.

eût tranché la tête, on vouloit les laiffer fans fépulture, mais leurs amis enleverent leurs corps pendant la nuit; on ne tint pas la parole donnée à ce miférable Juif, qui les avoit accufées; ayant été mis en croix, par une perfidie dont la fienne étoit digne, il révéla à haute voix tout ce myftere d'iniquité, & mourut en pro teftant de leur innocence.

Cependant Valérie releguée dans les déferts de Syrie, trouva moyen d'inftruire de fes malheurs Dioclétien fon pere qui vivoit encore. Il envoye auffi-tôt des exprès à Maximin pour le prier de lui rendre fa fille. On ne l'écoute pas: il redouble ses inftances à plusieurs reprises, & toujours inutilement. Enfin il dépêche un de fes parens, officier confidérable, pour rappeller à Maximin tout ce qu'il devoit à Dioclétien, & lui demander cette justice comme un effet de reconpoiffance. Cet officier ne peut rien

obtenir,

bbtenir. Ce fut alors que le malheureux pere fuccomba à fa douleur › CONSTANT comme je l'ai déja raconté.

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LIII. Mort de

Maximin ne ceffa point de perfé- An. 313. cuter Valérie. Cependant, même après fa défaite, lorfqu'il voyoit fa perte caudidien. inévitable, & que fa rage n'épargnoit de Prifca, & pas jufqu'aux prêtres de fes Dieux, il de Valérie

n'ofa lui ôter la vie. Candidien s'étoit féparé d'elle pour quelque raifon qu'on ignore: elle le crut mort pendant quelque tems. Mais ayant appris qu'il étoit vivant, & que Licinius étoit dans Nicomédie, elle vint avec fa mere rejoindre ce jeune Prince; & fans fe faire connoître, les deux Princeffes fous un habit déguifé fe mêlerent parmi les domeftiques de Candidien, pour attendre ce que la révolution nouvelle produiroit dans fa fortune. Candidien, alors âgé de feize ans, s'étant préfenté devant Licinius à Nicomédie, donna de la jaloufie à ce vieillard défiant, qui crut s'appercevoir que le fils de Galere s'attiroit trop de confidération, & le fit fécrettement affaffiner. Valérie prit auffitôt la fuite; le refte de fa vie ne fut Tome I.

L

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An. 313.

qu'une courfe continuelle. Errante

CONSTAN- pendant quinze mois en diverfes provinces, dans l'habillement le plus à cacher fa condition, elle propre fut enfin reconnue à Theffalonique vers le commencement de l'an 315, & arrêtée avec fa mere. Ces deux in+ fortanées Princeffes, qui n'avoient d'autre crime que leur condition & la chafteté de Valérie, furent condamnées à mort par les ordres de l'injufte & impitoyable Licinius; & conduites au fupplice au milieu des larmes inutiles de tout un peuple, elles eurent la tête tranchée; leurs corps furent jettés dans la mer. Quelques auteurs ont prétendu qu'elles étoientChrétiennes, & que Dioclétien les avoit contraintes d'offrir de l'encens aux idoles: fi cette opinion, qui n'a rien d'affu+ ré, eft véritable, leur religion a été pour elles la plus folide confolation dans leurs malheurs, comme leurs malheurs ont pu être le moyen le plus efficace pour expier la foibleffe avec laquelle elles avoient trahi leur religion.

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Jeux fécu. La révolution des jeux féculaires

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