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tres; & prononça la fentence qui déclaroit Cecilien innocent & fes adverfai- CONSTANres calomniateurs. Ce jugement fut rendu au commencement de Novem- An. 316. bre; un mois après, le prince étoit à Sardique. Saint Augustin excuse ici Conftantin fur la droiture de fes intentions, & fur le défir & l'efpérance qu'il avoit de fermer pour toujours la bouche aux fchifmatiques. Il ajoute qu'il reconnut fa faute dans la fuite, & qu'il en demanda pardon aux évêques. On croit que ce fut à la fin de fa vie, quand il reçut le bap

tême.

XV. Méconten

Le prince ne pouvoit fe flatter que fa décifion fût plus refpectée que celle du tement des concile d'Arles. Auffi ne produifit- Donatiftes. elle pas plus d'effet. Il reconnut bientôt que nulle autre puiffance, que celle de la grace Divine, ne pouvoit changer le cœur des hommes. Les Donatiftes loin d'acquiefcer à fon jugement, l'accuferent lui-même de partialité: il s'étoit, difoient-ils, laiffé féduire par Ofius. Irrité de cette opiniâtreté infolente, il voulut d'abord punir de mort les plus mutins; mais,

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& ce fut peut-être, dit faint Auguf

CONSTAN- tin, fur les remontrances d'Ofius, il fe contenta de les exiler & de confif quer leurs biens. Il écrivit en mêmetems aux évêques & au peuple de l'églife d'Afrique une lettre vraîment chrétienne, par laquelle il les exhorte à la patience, même jufqu'au martyre, & à ne point rendre injure pour injure. Les Donatiftes abuferent bientôt de cette indulgence. Dans les lieux où ils fe trouvoient les plus forts, & ils l'étoient dans beaucoup de villes, furtout de la Numidie, ils faifoient aux Catholiques toutes les infultes dont ils pouvoient s'avifer. Enfin l'Empereur ordonna de vendre au profit du fifc tous les édifices dans lefquels ils s'affembloient : & cette loi fubfifta jufqu'au regne de Julien qui leur rendit leurs Bafiliques.

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Rien ne pouvoit réduire ces efprits Violence indomtables : l'impunité les rendoit tes. plus infolens, & la punition plus furieux. Ils s'emparerent de l'église de Conftantine que l'Empereur avoit fait bâtir; & malgré les ordres du prince qui leur furent fignifiés par

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les évêques & par les magiftrats, ils refuferent de la rendre. Les évêques CONSTAN en firent leurs plaintes à l'Empereur & lui demanderent une autre églife; il leur en fit bâtir une fur les fonds de fon domaine, & tâcha d'arrêter par de fages loix les chicannes que les fchifmatiques ne ceffoient d'inventer contre les clercs Catholiques. Le principal auteur de cette perfécution étoit Sylvain évêque Dona- Sylvain exitifte de Conftantine. Dieu fufcita pour le punir un de fes Diacres nommé Nundinaire, qui le convainquit de-. vant Zénophile, gouverneur de Numidie, d'avoir livré les faintes Ecri

& d'être entré dans l'épifcopat par fimonie & par violence. Ce fut alors que toute l'intrigue de l'ordination de Majorin fut révélée. Les actes de cette procédure, qui font dattés du 13 Décembre 320, furent envoyés à Conftantin. Il exila Sylvain & quelques autres. Mais fix mois après les Evêques Donatiftes préfenterent requête à Conftantin pour lui demander le rappel des exilés & la liberté de confcience, proteftant de

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lé & rappelé

mourir plutôt mille fois que de com CONSTAN- muniquer avec Cécilien, qu'ils trai

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toient dans ce mémoire avec beauAn. 316. coup de mépris. Ce bon prince, accoutumé à facrifier au bien de la paix les infultes faites à fa propre perfonne, ne s'arrêta point à celles qu'on faifoit à un homme qu'il avoit luimême justifié ; il n'écouta que fa douceur naturelle; il manda à Verin, vicaire d'Afrique,qu'il rappelloit d'éxil les Donatiftes, qu'il leur accordoit la liberté de confcience, & qu'il les abandonnoit à la vengeance divine. Il exhortoit encore les Catholiques à la patience.

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Jufque-là les Donatiftes n'avoient que fchifmatiques : ils s'accordoient dans tous les points de doctrine avec l'Eglife Catholique, dont ils, n'étoient féparés qu'au fujet de l'ordination de Cécilien. Mais comme, il n'eft pas poffible qu'un membre détaché du corps, conferve la vie & la fraîcheur, l'hérélie, ainsi qu'il est toujours arrivé depuis, fe joignit bientôt au fchifme. Voyant que toutes les églifes du monde chrétien com

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muniquoient avec Cécilien, ils allerent jufqu'à dire que l'Eglife Catho- CONSTAN lique ne pouvoit fubfifter avec le péché ; qu'ainfi elle étoit éteinte par toute la terre, excepté dans leur communion. En conféquence, fuivant l'ancien dogme des Afriquains, qu'il n'y avoit hors de la vraye Eglife ni baptême ni facremens, ils rebaptifoient ceux qui paffcient dans leur fecte, regardoient les facrifices des Catholiques comme des abominations, fouloient aux pieds l'Euchariftie confacrée par eux, prétendoient leurs ordinations nulles, brûloient leurs autels, brifoient leurs vafes facrés & confacroient de nouveau leurs Eglifes. Il y eut pourtant en l'année 330 en Afrique, un concile de deux cens foixante & dix évêques Donatistes, qui déciderent qu'on pouvoit rece¬ voir les Traditeurs, c'est ainsi qu'ils nommoient les Catholiques, fans les rebaptifer. Mais Donat chef du parti & plufieurs autres perfifterent dans l'avis contraire: ce qui cependant ne produifit pas de fchifme parmi eux, On voit par ce grand nombre d'évê

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