Imágenes de páginas
PDF
EPUB

TIN.

An. 3230

vin & de viandes. Tandis que ceuxci ne fongent qu'à faire bonne chere CONSTAN& à s'enivrer, Hormifdas avec la lime qui lui avoit été apportée, vient à bout de couper fes chaînes, prend l'habit de l'eunuque & fort de fa prifon. Accompagné d'un feul domeftique, il fe fauve d'abord chez le roi d'Arménie fon ami ; & ayant reçu de ce Prince une escorte pour fa fureté, il va fe jetter entre les bras de Conftantin. L'Empereur lui fit un accueil honorable, & lui affigna un entretien convenable à fa naiffance. Sapor fut bien aife d'être délivré de la néceffité de faire un crime, ou de l'embarras de garder un prifonnier auffi dangereux: loin de le redemander, il lui renvoya fa femme avec honneur. Ce prince vécut environ quarante ans à la cour de Conftantin & de fes fucceffeurs, qu'il fervit utilement dans les guerres contre les Perfes. La Religion Chrétienne qu'il embraffa, adoucit fes mœurs; & il donna fous Julien des marques de fon zéle pour "foi. On dit qu'il étoit très-vigoureux & fi adroit à lancer le javelot, qu'il

la

CONSTAN

nare.

TIN.

12.

III.

annonçoit en quelle partie du corps il alloit frapper l'ennemi : j'aurai occafion de parler de lui dans la fuite. An. 323. D'autres auteurs rapportent cette hiftoire avec quelque différence. SeRécit de Zo- lon eux, Narsès laiffa quatre fils. Il Zon. t. 2. avoit eu Sapor d'une femme de baffe condition. Adanarfe, Hormifdas & un troifieme dont le nom n'eft pas connu, étoient nés de la reine. Adanarse étant l'aîné devoit fuccéder à fon pere. Mais il s'étoit rendu odieux aux Perfes par un penchant décidé à la eruauté. On raconte qu'un jour qu'on avoit apporté à fon pere une tente de peaux de diverfes couleurs, travaillée dans la célébre manufacture de Babylone, Narsès l'ayant fait dreffer & demandant à ce fils encore fort jeune, s'il la trouvoit à fon gré, cet enfant répondit: Quand je ferai roi, j'en ferai faire une bien plus belle avec des peaux humaines. Des inclinations fi monftrueufes firent peur aux Perfes. Après la mort de Narsès, ils fe. défirent d'Adanarfe, & prévenus contre les enfans de la reine, ils mirent fur le trône Sapor, qui fit enfermer Hor

3 mifdas, & crever les yeux à fon autre

frere. Le reste du récit s'accorde avec CONSTAN◄ ce que nous avons raconté.

TIN.

[ocr errors]

Conftantin

Euf. Hift. 1. 10. c.9.

Idem vit. l.2.
C. 19.

Idace.
Chron. Alin.

La puiffance impériale fe trouvoit An. 3246 réunie toute entiere en la perfonne de Conftantin, qui donna le titre de feul maître Céfar, le huitieme de Novembre, à de tout l'empire. Conftance fon troifieme fils âgé de fix ans. Il conféra le confulat de l'année fuivante 324 à fes deux autres fils Crifpe & Conftantin. Ils poffédoient cette dignité pour la troifiéme fois. L'Empereur refta cinq mois à Nicomédie, occupé à mettre ordre. aux affaires de l'Orient, que Licinius avoit épuisé par fon avarice. Vainqueur de tous fes rivaux il'prit le nom de victorieux qui fe voit fur fes médailles, auffi-bien qu'à la tête de fes lettres, & qui paffa comme un titre héréditaire à plufieurs de fes fuccef feurs. Cet heureux changement fembloit donner une vie nouvelle à tous les peuples de la domination Romaine. Les membres de ce vafte empire, divifés depuis long-tems par les intérêts, fouvent déchirés par les guerres, & devenus comme étran

gers les uns aux autres, reprenoient CONSTAN- avec joie leur ancienne liaison; &

TIN.

les provinces orientales, jalouses jufAn. 324. qu'alors du bonheur de l'occident, se promettoient des jours plus fereins fous un gouvernement plus équitable.

V.

11 profite de fa victoire

le Chriftia

nifme.

Cod. Th. lib. 15. tit. 14.

Les Chrétiens fur-tout crurent voir dans le triomphe du prince celui de pour étendre leur Religion. Le principal ufage que fit Conftantin de l'étendue de fa puifEuf. vir.1.3. fance, fut d'affermir & d'étendre le c. 24. &c. Chriftianifme. Après avoir terraffé dans les batailles les images de ces dieux chimériques, il les attaqua jufque fur leurs autels. Mais en détruifant les idoles, il épargna les idolâtres; il n'oublia pas qu'ils étoient fes fujets, & que s'il ne pouvoit les guérir, il devoit du moins les conferver. Il fit à l'égard de l'Orient, ce qu'il avoit fait pour l'Italie après la défaite de Maxence. Il caffa les décrets de Licinius, qui fe trouvoient contraires aux anciennes loix & à la justice. Reconnoiffant que c'étoit à Dieu feul qu'il devoit tant de fuccès, il en voulut faire une proteftation publique à

la face de tout l'Empire; ce fut dans

TIN.

An. 324

ce deffein qu'il écrivit deux lettres CONSTANcirculaires, l'une aux églises, l'autre à toutes les villes de l'Orient. Eufebe nous a confervé la derniere,copiée sur l'original figné de la main de l'Empereur, & déposé dans les archives de Céfarée. Elle eft trop longue pour être rapportée ici en entier.

VI.

Lettre de

d'Orient.

Le prince y montre d'un côté les avantages qu'il vient de remporter Conftantin fur les ennemis du Chriftianifme, de aux peuples l'autre la fin funefte des perfécuteurs, comme une double preuve de la toutepuiffance de Dieu: il fe représente fous la main du fouverain Etre, qui l'ayant choisi pour établir fon culte dans tout l'empire, l'avoit conduit des bords de l'océan Britannique jufqu'en Afie, fortifiant fon bras & faifant tomber devant lui les plus fermes barrieres: il annonce fa reconnoiffance par le deffein où il eft de protéger de tout fon pouvoir les ferviteurs fidéles de celui par qui il a été protégé lui-même; en conféquence,il rappelle ceux que la perfécution avoit bannis; il rend aux Chrétiens leur liberté,

« AnteriorContinuar »