TIN. An. 3-4• VII. leurs dignités, leurs priviléges; il or Constan- donne de restituer aux particuliers & aux églises tous leurs biens , à quelque titre qu'ils soient passés dans des mains étrangeres, même ceux dont le fisc étoit en possession , fans obliger pourtant à la restitution des fruits. I finit par féliciter les Chrétiens de la lumiere dont ils jouiffent, après que sous la tyrannie du paganisme ils ont fi long-tems langui dans les ténebres & dans la captivité. Ces lettres adressées à des peufacrifices. ples la plûpart idolâtres, tendoient à Euf. vit. 1. 2. ouvrir la voie aux grands changec. 44. & fce. Cod. Th. lib. mens qu'il méditoit: Il prit bientôtła coignée à la main pour abbatre les leg. 2. Zofol. 2. idoles; mais il porta fes coups avec Sozol. 1.c.8. tant de précaution, qu'il n'excita au cun trouble dans ses Etats. Et certes Hier. Chron. si l'on considere la force du paganisOrof. l. 7.C. me, dont les racines plus anciennes Anony. Var & plus profondes que celles de l'emles. Eunap. in pire, fembloient y être inséparableÆd-fio. ment attachées, on s'étonnera que Constantin ait pu les arracher fans God: ad.Cod. effusion de fang, sans ébranler sa puis27. leg. 2. fance; & que le bruit de tant d'idoles 16. tit. 10. Theod. l. so C. 20. 28. Cedren, t. I. P: 296. . . ; TIN, qui tomboient de toutes parts , n'ait de tous les officiers supérieurs & 1 TN. VIII. pour tout j'Orient. d'étendue, pour recevoir cette foule Constan- de prosélytes qu'il espéroit amener au vrai Dieu. Il recommanda aux évêAn. 324. ques, qu'il appelle dans ses lettres ses très chers freres, de demander tout l'argent nécessaire pour la dépense de ces édifices ; aux gouverneurs de le fournir de son trésor, & de ne rien épargner. Pour joindre sa voix à celle des Constantin évêques , qui appeloient les peuples à la foi, il fit publier dans tout l'O rient un Edit", dans lequel , après Euf. vit. l... 6.48.6 sec. avoir relevé la sagesse du Créateur, qui se fait connoître & par les ouvra- peurtant qu'il veut que fous son empire les impies même jouiffent de la paix TIN. & de la tranquilité; que c'est le plus sûr moyen de les ramener dans la CONSTANbonne voie. Il défend de leur fufciter aucun trouble; il veut qu'on aban- An. 324. donne les opiniâtres à leur égarement. Et comme les payens accusoient de nouveauté la Religion Chrétienne , il observe qu'elle est aussi ancienne que le monde ; que le paganisme n'en eft qu'une altération, & que le fils de Dieu est venu pour rendre à la religion primitive toute fa pureté. Il tire de cet ordre fi uniforme, fi invariable qui regne dans toutes les parties de la nature , une preuve de l'unité de Dieu. Il exhorte fes sujets à fe fupporter les uns les autres malgré la diversité des sentimens ; à fe communiquer mutuellement leurs lumieres , fans employer la violence ni la contrainte , parce qu'en fait de religion il est beau de fouffrir la mort , mais non pas de la donner. Il fait entendre qu'il recommande ces sentimens d'humanité , pour adoucir le zele · trop amer de quelques Chrétiens , qui se fondant sur les loix que l'Empereur avoit établies en faveur du Chrif TIN. An. 324 IX. Tolérance de , p• 1521,35 tianisme , vouloient que les actes de Constan- la religion payenne fussent regardés comme des crimes d'Etat. Les termes de cer Edit, & la liberté que conserva encore long-tems le paConstantin. ganisme , prouvent que Constantin sut Eus. vit. 1.4. tempérer par la douceur la défense C.23, 25. qu'il fit de sacrifier aux idoles ; & God. Geogr. qu'en même tems qu'il en proscrivoit le culte , il fermoit les yeux sur l'in docilité des idolâtres obstinés. En effet d'un côté il est hors de doute que l'usage des cérémonies payennes fue interdit à tous les sujets de l'empire & sur-tout aux gouverneurs des provinces ; qu'il fut défendu de pratiquer même dans le fécret, les mysteres profanes ; que les plus célébres idoles furent enlevées, la plûpart des temples dépouillés , fermés ; plusieurs détruits de fond en comble. D'un autre côté il n'est pas moins certain que les délateurs ne furent pas écoutés ; que l'idolâtrie continua de regner à Rome où elle étoit maintenue par l'autorité du sénat ; qu'elle subsifta dans une grande partie de l'empire, mais avec plus d'éclat que par-tout |