Imágenes de páginas
PDF
EPUB

TIN.

An. 324

leurs dignités, leurs priviléges; il or CONSTAN- donne de reftituer aux particuliers & aux églises tous leurs biens, à quelque titre qu'ils foient paffés dans des mains étrangeres, même ceux dont le fifc étoit en poffeffion, fans obliger pourtant à la reftitution des fruits. Il finit par féliciter les Chrétiens de la lumiere dont ils jouiffent, après que fous la tyrannie du paganisme ils ont fi long-tems langui dans les ténebres & dans la captivité.

VII.

И défend les

leg. 2.

C. 20.

Ces lettres adreffées à des peufacrifices. ples la plûpart idolâtres, tendoient à Euf. vit. 1.2. ouvrir la voie aux grands changeC. 44. & seq. Cod. Th. lib. mens qu'il méditoit. Il prit bientôt la 16. tit. 10. coignée à la main pour abbatre les Zof.l.2. idoles; mais il porta fes coups avec So..1... tant de précaution, qu'il n'excita auTheod. l. s. cun trouble dans fes Etats. Et certes Hier. Chron. fi l'on confidere la force du paganifme, dont les racines plus anciennes Anony. Va & plus profondes que celles de l'emEunap. in pire, fembloient y être inféparableEd-fio. ment attachées, on s'étonnera que Conftantin ait pu les arracher fansGod. ad.Cod. effufion de fang, fans ébranler fa puif17. leg. 2. fance; & que le bruit de tant d'idoles

Orof. l. 7. c.

28.

lef.

Cedren. t. 1.

P. 296.

Th lib. 9.tit.

TIN.

qui tomboient de toutes parts, n'ait pas allarmé leurs adorateurs. Dans CONSTANune révolution qui devoit être fi tumultueufe & qui fut fi tranquile, An. 324. on ne peut s'empêcher d'admirer l'art du Prince à préparer les évenemens, fon difcernement à prendre le point de maturité, fa vigilance à étudier la difpofition des efprits, & fa prudence à ne pas aller plus loin que la patience de fes fujets. Il commença par envoyer dans les provinces des gouverneurs attachés inviolablement à la vraie foi ou du moins à fa personne; & il exigea de ceux-ci, auffi-bien que de tous les officiers fupérieurs & des préfets du prétoire, qu'ils s'abftinffent d'offrir aucun facrifice.Il en fit enfuite une loi expreffe pour tous les peuples des villes & des campagnes; il leur défendit d'ériger de nouvelles ftatues à leurs dieux, de faire aucun ufage de divinations, d'immoler des victimes. Il ferma les temples, il en abbatit ensuite plusieurs, auffi-bien que les idoles qui fervoient d'ornement aux fépultures. Il conftruifit de nouvelles églifes & répara les ancienmes, ordonnant de leur donner plus

TIN.

d'étendue, pour recevoir cette foule CONSTAN- de profelytes qu'il efpéroit amener au vrai Dieu. Il recommanda aux évêAn. 324. ques, qu'il appelle dans fes lettres fes très chers freres, de demander tout l'argent néceffaire pour la dépenfe de ces édifices; aux gouverneurs de le fournir de fon tréfor, & de ne rien épargner.

VIII.

Edit de

pour tout I'Orient.

2.

6.48. & feq.

Pour joindre fa voix à celle des Conftantin évêques, qui appeloient les peuples à la foi, il fit publier dans tout l'Orient un Edit, dans lequel, après Euf. vit. l. avoir relevé la fageffe du Créateur, qui fe fait connoître & par fes ouvrages, & même par ce mélange de vérité & d'erreur, de vice, & de vertu qui partage les hommes, il rappelle la douceur de fon pere, & la cruauté des derniers Empereurs. Il s'adreffe à Dieu, dont il implore la miféricorde fur fes fujets; il lui rend graces de fes victoires; il reconnoît qu'il n'en a été que l'inftrument; il protefte de fon zele pour rétablir le culte divin propar les impies; il déclare pourtant qu'il veut que fous fon empire les impies même jouiffent de la paix

fané

CONSTAN

TIN.

& de la tranquilité; que c'est le plus sûr moyen de les ramener dans la bonne voie. Il défend de leur fufciter aucun trouble; il veut qu'on aban- An. 324. donne les opiniâtres à leur égarement. Et comme les payens accufoient de nouveauté la Religion Chrétienne, il obferve qu'elle eft auffi ancienne que le monde; que le paganisme n'en eft qu'une altération, & que le fils de Dieu est venu pour rendre à la religion primitive toute fa pureté. Il tire de cet ordre fi uniforme, fi invariable qui regne dans toutes les parties de la nature, une preuve de l'unité de Dieu. Il exhorte fes fujets à fe fupporter les uns les autres malgré la diverfité des fentimens ; à fe communiquer mutuellement leurs lumieres, fans employer la violence ni la contrainte, parce qu'en fait de religion il est beau de fouffrir la mort, mais non pas de la donner. Il fait entendre qu'il recommande ces fentimens d'humanité, pour adoucir le zele trop amer de quelques. Chrétiens, qui fe fondant fur les loix que l'Empereur avoit établies en faveur du Chrif

tianifme, vouloient que les actes de

CONSTAN- la religion payenne fuffent regardés comme des crimes d'Etat.

TIN.

An. 324.

IX.

Tolérance de

C. 23, 25.

P. 15, 21, 35.

Les termes de cet Edit, & la liberté que conferva encore long-tems le paConftantin. ganifme, prouvent que Conftantin fut Euf. vit. 1. 4. tempérer par la douceur la défenfe qu'il fit de facrifier aux idoles ; & God. Geogr. qu'en même tems qu'il en profcrivoit le culte, il fermoit les yeux fur l'indocilité des idolâtres obftinés. En effet d'un côté il eft hors de doute que l'ufage des cérémonies payennes fut interdit à tous les fujets de l'empire & fur-tout aux gouverneurs des provinces ; qu'il fut défendu de pratiquer même dans le fécret, les myfteres profanes; que les plus célébres idoles furent enlevées, la plupart des temples dépouillés, fermés; plufieurs détruits de fond en comble. D'un autre côté il n'eft pas moins certain que les délateurs ne furent pas écoutés ; que l'idolâtrie continua de regner à Rome où elle étoit maintenue par l'autorité du fénat; qu'elle fubfistà dans une grande partie de l'empire, mais avec plus d'éclat que par-tout

« AnteriorContinuar »