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être témoin de ce qu'il n'apprenoit CONSTAN- qu'avec une extrême douleur. Une TIN. héréfie factieufe, hardie, violente, An. 324. née pour fuccéder aux fureurs de l'idolatrie, excitoit de grands troubles dans Alexandrie & dans toute l'Egypte. C'étoit l'Arianifme, dont nous allons expofer la naiffance & les progrès.

XIV. Commence

mens d'A

rius.

2.

Socr. l. 1..

Vers l'an 301 Mélece évêque de Lycopolis en Thébaïde, convaincu de plufieurs crimes & entre autres Athan. apol. d'avoir facrifié aux idoles, fut déposé dans un Concile par Pierre évêque d'Alexandrie, & commença un schifme qui s'accrédita beaucoup & qui So. l. 1. c. duroit encore cent cinquante ans Pagi in Ba- après. Arius s'attacha d'abord à MéTill. Arian, lece. S'étant réconcilié avec Pierre,

5.

Theod. l. 1.

E. 2.

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art. 3.

il fut fait diacre; mais comme il continuoit de cabaler en faveur des Méléciens excommuniés, Pierre le chaffa de l'églife. Ce faint Evêque ayant reçu la couronne du martyre, Achillas fon fucceffeur fe laiffa toucher du repentir que témoignoit Arius ; il l'admit à fa communion, lui conféra la prêtrife, & le chargea du foin d'une

CONSTAN

TIN.

église d'Alexandrie nommée Baucale. Alexandre fuccéda bien-tôt à Achil las. Arius plein d'ambition avoit prétendu à l'Episcopat; dévoré de ja- An. 324. loufie, il ne regarda plus fon évêque que comme un rival heureux : il chercha toutes les occafions de fe venger de la préférence. Les mœurs d'Alexandre ne donnoient point de prife à la calomnie: Arius armé de toutes les fubtilités de la dialectique, prit le parti de l'attaquer du côté de la doctrine. Un jour qu'Alexandre inftruifoit fon clergé, comme il parloit du premier & du plus incompréhenfible de nos myfteres, il dit, felon l'expreffion de la foi, que le Fils eft égal au Pere, qu'il a la même substance, enforte que dans la Trinité il y a unité. Arius fe récrie auffi-tôt que c'eft-là l'héréfie de Sabellius profcrite foixante ans auparavant, qui confondoit les perfonnes de la Trinité: que fi le fils eft engendré, il a eu un commencement; qu'il y a donc eu un tems où il n'étoit pas encore, d'où il s'enfuit qu'il a été tiré du néant. Il ne rougiffoit pas d'admettre les confé

TIN.

quences impies qui fortoient de ce CONSTAN- principe, & il ne donnoit au Fils de Dieu que le privilége d'être une créaAn. 314. ture choifie, &, difoit-il, infiniment plus excellente que les autres. Alexandre s'efforça d'abord de ramener Arius par des avertiffemens charitables & par des conférences où il lui laiffa la liberté de défendre fon opinion. Mais voyant que ces difputes ne fervoient qu'à échauffer fon opiniâtreté, & que plufieurs prêtres & diacres s'étoient déja laiffés féduire, il l'interdit des. fonctions du facerdoce & l'excommunia.

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XV.

Les talens d'Arius contribuoient Son portrait, à faire valoir une doctrine, qui fe prêEpiph, har. toit d'ailleurs à la foibleffe orgueilleufe de la raison humaine. C'étoit le plus dangereux ennemi que l'Eglife eut encore vû fortir de fon fein pour la combattre. Il étoit de la Libye Cirénaïque, quelques-uns difent d'Alexandrie. Inftruit dans les sciences humaines, d'un efprit vif, ardent, fubtil, fécond en reffources, s'exprimant avec une extrême facilité, il paffoit pour invincible dans la difpu

TIN.

té. Jamais poifon ne fut mieux préparé par le mélange des qualités, dont CONSTAN il favoit déguifer les uns & montrer les autres. Son ambition fe déroboit An. 314. fous le voile de la modeftie, fa préfomption fous une feinte humilité. Rufé & à la fois impétueux, promt pénétrer le cœur des hommes & habile à en mouvoir les refforts; plein de détours, né pour l'intrigue, rien ne fembloit plus fimple, plus doux; plus rempli de franchise & de droi ture, plus éloigné de toute cabale. Son extérieur aidoit à la féduction une taille haute & déliée, un vifage compofé, pâle, mortifié; un abord gracieux, un entretien flatteur & perfuafif: tout en fa perfonne fembloit ne refpirer que vertu, charité, zele pour la Religion.

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XVI.

C. 3, 4.

Un homme de ce caractere devoit Progrès de s'attirer beaucoup de fectateurs. Auffi Arianifme. féduifit-il un grand nombre de fim- Soc. l. 1. c. 6, ples fidéles, des diacres, des prêtres, Theod. l. 1. des évêques même. Second, évêque Sox. l. 1. c. de Ptolémaïde dans la Pentapole, & 14: Theohas évêque de Marmarique fu- Epiph. har. rent les premiers à fe déclarer pour

TIN.

lui. Les femmes fur-tout fe laifferent CONSTAN- prendre à cette apparence d'une dévotion tendre & infinuante; & fept An. 324. cent vierges d'Alexandrie & de la Maréote s'attacherent à lui comme à leur pere fpirituel. Ces profélytes faifoient jour & nuit des affemblées, où l'on débitoit des blafphêmes contre J. C. & des calomnies contre l'évêque. Ils dogmatifoient dans les places publiques; ils obtenoient par artifice des lettres de communion de la part des évêques étrangers, & s'en faifoient honneur auprès de leurs adhérans, qu'ils entretenoient ainfi dans l'erreur. Plufieurs d'entre eux fe répandoient dans les autres églifes, & s'y faifant d'abord admettre par leur adreffe à déguifer leur héréfie, ils réuffiffoient bientôt à en communiquer le venin. Pleins d'arrogance ils méprifoient les anciens Docteurs & prétendoient pofféder feuls la fageffe, la connoiffance des dogmes & l'intelligence des myfteres. On n'entendoit plus dans les villes & dans les bourgades d'Egypte, de Syrie, de Paleftine, que difputes & conteftations

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