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69.

TIN.

tées par les autres. Eufebe de Nico CONSTAN- médie n'étoit pas homme à pardonner à Alexandre le portrait que celui-ci An. 324. avoit ofé faire de lui dans fa lettre cirEpiph. har. culaire: il ne ceffoit pourtant pas de Philoft. l.a. lui écrire en faveur d'Arius; mais en Athenée. dei- même-tems il s'efforçoit de foulever pn. l. 14. contre lui toutes les églifes. L'efprit de parti ne ménageoit pas les injures; Till. Arian. & le fcandale étoit fi public, que les Fleury Hift. Payens en prenoient fujet de rifée, & Eccl. l. 10. jouoient fur les théatres les divifions

C. 2.

God. in Phi

loft.l.1.6.7.

art. 5,7,8.

6.36.

de l'églife Chrétienne. Pour augmenter le trouble, Mélece & fes adhérans favorifoient les Ariens. Cependant on affembloit partout des Synodes. Arius retiré en Palestine obtint d'Eufebe de Céfarée, & de plufieurs autres évêques, la permiffion de faire les fonctions du facerdoce; ce qui par une réferve affectée ne lui fut pourtant accordé, qu'à condition qu'il refteroit foumis de cœur à fon évêque, & qu'il ne cefferoit de travailler à fe réconcilier avec lui. Après quelque féjour en Palestine, il alla fe jetter entre les bras de fon grand protecteur Eufebe de Nicomédie : delà il écrit à Alexandre, & en lui expofant

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le fonds de fon héréfie, il a l'audace de protefter qu'il n'enfeigne que ce CONSTANqu'il a appris de lui-même. Ce fut dans cet azyle que pour infinuer plus An. 324. agréablement fon erreur, il composa un poëme intitulé Thalie : ce titre n'annonçoit que la joye des feftins & de la débauche; l'exécution de l'ouvrage étoit encore plus indécente; il étoit verfifié dans la même mesure que les chanfons de Sotade, décriées chez les Payens même pour la lubricité qu'elles refpiroient, & qui avoient couté la vie à leur auteur. Arius y avoit femé tous les principes de fa doctrine; & pour la mettre à la portée des efprits les plus groffiers, dont le zele brutal rend un héréfiarque redoutable, il fit des cantiques accommodés au génie des divers états du peuple: il y en avoit pour les Nautonniers, pour ceux qui tournoient la meule, pour les voyageurs. La qualité de profcrit, de perfécuté, qu'Arius favoit bien faire valoir, lui attiroit la compaffion du vulgaire qui ne manque prefque jamais de

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croire les hommes innocens, dès qu'il

CONSTAN les voit malheureux.

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324.

Eufebe de Nicomédie fervit fon An. ami avec chaleur en faifant affembler XXI. en concile les évêques de Bithynie. Concile en Il y fut réfolu d'écrire à tous les évê→ rias. ques du monde, pour les exhorter à Soc. 1.1.c.6. ne pas abandonner Arius, dont la Soz. l. I. c. doctrine n'avoit rien que d'orthodo

faveur d'A

14.

XXII.

Conflantin à

à Arius.

c. 63. & feq.

xe; & à fe réunir pour vaincre l'in-
jufte opiniâtreté d'Alexandre. Toutes
les lettres écrites par les deux partis
depuis le commencement du procès
furent recueillies en un corps, d'un
côté par Alexandre, de l'autre par
Arius; & compoferent, pour ainfi
dire, le Code des Orthodoxes & ce-
lui des Ariens.

Conftantin fut averti de ces agiLettre de tations de l'églife d'Orient, lorfqu'il Alexandre & fe difpofoit à partir pour la Syrie & l'Egypte. Il gémiffoit de voir s'éleEuf. vit. l. 2. ver dans le fein du Chriftianifme une Idem. 1. 3. c. divifion capable de l'étouffer, ou du Idem. Hift. 1, moins d'en retarder les progrès. Il ne 5. c. 23.& jugea pas à propos de fe rendre téArhan, de moin de ces défordres, de peur compromettre fon autorité, ou de fe

5, 18.

Synod.

de

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TIN.

Soc. 1.1.c.7.

15

Theod. 1. r

c. 7.

mettre dans la néceffité de punir. Il prit donc le parti de fe tenir éloigné, CONSTAN& d'employer les voyes de la douceur. Eufebe de Nicomédie profita de cette An. 324. difpofition pacifique du Prince pour Soz. l. 1. c. lui perfuader qu'il ne s'agiffoit que d'une difpute de mots; que les deux partis s'accordoient fur les points fondamentaux; & que toute la querelle ne rouloit que fur des fubtilités où la foi n'étoit nullement intéreffée. L'empereur le crut; il écrivit à Alexandre & à Arius qui étoit aparemment déja retourné à Alexandrie. Sa lettre avoit pour but de rapprocher les efprits: il y blâmoit l'un & l'autre d'avoir donné l'effor à leurs penfées & à leurs difcours fur des objets impénétrables à l'efprit humain: il prétendoit que ces points n'étant pas effentiels, la différence d'opinion ne devoit pas rompre l'union Chrétienne; que chacun pouvoit prendre intérieurement le parti qu'il voudroit, mais que pour l'amour de la paix il falloit s'abftenir d'en difcourir. Il comparoit ces diffenfions aux difputes

TIN.

des Philofophes d'une même fecte CONSTAN- qui ne laiffoient pas de faire corps, quoique les membres ne s'accordaffent An. 324. pas fur plufieurs queftions. Ce bon Prince animé d'une tendreffe paternelle finiffoit en ces termes : «< Ren» dez-moi des jours fereins & des » nuits tranquilles ; faites-moi jouir ກ d'une lumiere fans nuage. Si vos

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D

divifions continuent, je ferai réduit » à gémir, à verfer des larmes ; il n'y aura plus pour moi de repos. Où en trouverai je, fi le peuple de Dieu, fi mes conferviteurs fe déchirent » avec opiniâtreté? Je voulois vous » aller vifiter; mon cœur étoit déja » avec vous vos difcordes m'ont

fermé le chemin de l'Orient. Réunif fez-vous pour me le rouvrir. Don>nez-moi la joye de vous voir heureux comme tous les peuples de mon Empire: que je puiffe joindre > ma voix à la vôtre, pour rendre de » concert au fouverain Etre des ac tions de graces de la concorde qu'il nous aura procurée. » Il mit cette lettre entre les mains d'Ofius, pour la porter à Alexandrie. Il com

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