Imágenes de páginas
PDF
EPUB

TIN.

An. 324

ptoit beaucoup fur la fageffe de ce vieillard, évêque de Cordoue depuis CONSTANtrente années, refpecté dans toute l'église pour fon grand favoir & pour le courage avec lequel il avoit confeffé Jefus-Chrift dans la perfécution de Maximien. Afin d'étouffer toute femence de divifion, il lui recommanda auffi de travailler à réunir les églifes partagées fur le jour de la célébration de la Pâque. C'étoit une difpute ancienne, qui n'avoit pû être terminée par les décifions de plufieurs conciles. Tout l'Occident & une grande partie de l'Orient célébroient la fête de Pâque le premier Dimanche après le quatorziéme de la lune de Mars: la Syrie & la Méfopotamie perfiftoient à la folemnifer avec les Juifs le quatorziéme de la lune, en quelque jour de la femaine qu'il tombât. C'étoit dans le culte une diverfité qui donnoit occafion à des contestations opiniâtres & fcandaleufes. Ofius fut chargé de tâcher de rétablir auffi dans ce point l'uniformité.

XXIII.

Second con

Ce grand évêque avoit affez de zele & de capacité pour s'acquitter cile d'Ale

xandrie.

TIN.

.An. 324.

1. 2. c. 73.

4.

7.

Soc. l. 1. c.

16.

1. 3. c. 1.

319.

d'une commiffion fi importante. Il CONSTAN- affembla à Alexandrie un concile nombreux. Mais il trouva trop d'aigreur dans les efprits. Il ne tira d'auEuf Vit. tre fruit de fes démarches que de fe Idem l. 3. c. convaincre lui-même de la mauvaise foi d'Arius, & du danger de fa doctrine. On renouvela pourtant dans ce Sez. 1. 1. c. concile la condamnation de Sabellius Gelaf. Cyzic. & de Mélece. On y condamna un Baron. in an. prêtre nommé Colluthe qui avoit fait fchifme & ufurpé les fonctions de l'Epifcopat: il fe foumit & rentra dans fon rang de fimple prêtre ; mais plufieurs de fes fectateurs fe joignirent à ceux de Mélece & d'Arius. Conftantin étoit retourné à Theffalonique dès commencement de Mars. Ofius s'étant rendu auprès de lui, le détrompa, il lui fit ouvrir les yeux fur la juftice & la fageffe de la conduite d'Alexandre. Eufebe méritoit d'être puni pour en avoir impofé au Prince ; cet adroit courtifan fut fe mettre à couvert. Arius ofa même envoyer à l'empereur une apologie: nous avons une réponse attribuée à l'Empereur, & adreffée à Arius & aux Ariens. C'eft

le

TIN.

An. 324

une piéce fatyrique, remplie de raifonnemens confus " & plus encore CONSTAN d'invectives, d'ironie, d'allufions froides & d'injures perfonnelles. Si c'eft l'ouvrage du Prince dont elle porte le nom, & non pas celui de quelque déclamateur., il faut avouer que ce ftyle n'eft pas digne de la majefté impériale. Il ne convenoit pas à Conftantin d'entrer en lice contre un Sophiste : il étoit né pour dire & faire de grandes choses, & pour donner de grands exemples.

XXIV. Généreufe réponse de

Joan. Chry

hom. 21.

2.

Il donna aux Princes dans cette occafion celui d'une clémence vraiment magnanime. L'audace & Conflantin. l'emportement des hérétiques croiffoient tous les jours. Les évêques s'ar- foft. 1. moient contre les évêques, les peuples contre les peuples. Toute l'Égyte depuis le fond de la Thébaïde jufqu'à Alexandrie étoit dans une horrible confufion. La fureur ne respecta pas les ftatues de l'Empereur. Il en fut informé ; le zêle courtisan toujours ardent à la punition d'autrui, l'excitoit à la vengeance; on se récrioit fur l'énormité de l'attentat; on ne trou

TIN.

voit pas de fupplice affez rigoureux CONSTAN- pour punir des forcenés qui avoient infulté à coups de pierres la face du An. 324. Prince: dans la rumeur de cette indignation univerfelle, Conftantin portant la main à fon vifage, dit en fouriant: Pour moi je ne me fens pas bleffé. Cette parole ferma la bouche aux courtifans, & ne fera jamais oubliée de la postérité.

XXV.

du concile

c. 6.

Theod. l. 1.c.

7.

Contre un parti fi turbulent, fi Convocation audacieux, déjà foutenu de plufieurs de Nicée. évêques, Conftantin crut devoir Euf.vit. l. 3. réunir toutes les forces de l'églife. Maître de tout l'Empire, il conçut une idée digne de fa puiffance & de sa Strabo, 1, 12. piété ce fut d'affembler un concile univerfel. Il choifit Nicée pour le lieu de l'affemblée. C'étoit une ville célébre, en Bithynie fur le bord du lac Afcanius, dans une plaine étendue & fertile.L'empereur y invita tous les évêques de fes états. Il donna ordre de leur fournir aux dépens du public les voitures, les mulets, les chevaux dont ils auroient befoin, & n'exigea d'eux que la diligence. Le rendez-vous étoit indiqué au mois de Mai de l'année fuivante.

L'Empereur refta jufqu'à ce tems

que

An.

TIN.

324.

XXVI.

Occupations

là partie à Theffalonique, partie à CONSTANNicomédie. On ne voit pas qu'il ait fait alors autre chofe des loix. Il régla les dispenses d'âge que le Prinee accordoit aux mineurs pour l'ad- de Conftanminiftration de leurs biens. Afin de tin jufqu'à diminuer les occafions de procès, il du concile, donna une nouvelle étendue à l'auto- Cod. Th. lib. rité des peres & des meres par rap- 24, 33. port au partage des biens entre leurs Idem. lib. 12. enfans. Il défendit aux Magiftrats de Canon. Nic

pro

toucher aux contributions des vinces, gardées dans les dépôts publics, & d'en changer la destination; I même à deffein de les remplacer enfuite. L'ufure n'avoit plus de bornes: pour la restraindre, il permit à ceux qui prêtoient des fruits fecs ou liqui des, comme du bled, du vin, de l'huile, d'exiger moitié en fus de ce qu'ils auroient prêté : par exemple trois boiffeaux de bled pour deux boiffeaux; quant à l'intérêt de l'argent il le réduifit à douze pour cent. Cette ufure tout exceffive qu'elle eft, étoit le denier autorifé par les loix Romaines. Il ajoute que le créancier

l'ouverture

2. tit. 17,

17.

Cod. Juft. Lib.6.tit. 21.

« AnteriorContinuar »