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An. 315.

fuite l'impératrice Hélene dans la découverte de la Croix. Nous avons CONSTANdéjà parlé de Cécilien, évêque de Carthage. Marcel d'Ancyre dès lors célébre par fon oppofition aux Ariens, le fut encore depuis par les erreurs dont il fut accufé, & qui ont fait de fon orthodoxie un fujet de difpute. Jacques évêque de Nifibe, en Méfopotamie, fameux par fes auftérités & par fes miracles, fut vingt-cinq ans après le plus fort rempart de fa ville épifcopale contre l'armée innombrable de Sapor, & força ce Prince à lever le fiége. Le plus confidérable de tous ces prélats étoit le grand Ofius, que nous avons déja fait connoître. Le pape Sylveftre retenu à Rome par fa vieilleffe envoya deux prêtres, Vitus & Vincent, en qualité de Légats. Mais le plus formidable ennemi que les Ariens éprouverent dans ce Concile, fut le jeune Athanafe, diacre d'Alexandrie. L'évêque Alexandre qui l'avoit élevé & qui le chériffoit comme fon fils, l'avoit amené avec lui. Les Ariens le connoiffoient déja & le haïffoient mortellement :

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ils attribuoient à fes confeils la ferme CONSTAN- té inflexible d'Alexandre. La providence qui le deftinoit à combattre An. 323. pour l'églife pendant le cours d'une longue vie jufqu'au dernier foupir lui fit faire, pour ainfi dire, fes premieres armes dans ce concile; il y foutint avec gloire à la face de l'Eglife univerfelle les plus violens affauts, & fe fignala dès lors par une éloquence & une force de raifonnement, qui confondit plufieurs fois les plus habiles d'entre les Ariens, & Arius luimême, & qui étonna l'Empereur & toute fa cour. Outre les prêtres, les diacres, & les acolytes, les évêques s'étoient fait accompagner de plufieurs laïcs habiles dans les lettres humaines.

XXIX.

Ariens.

Les Ariens dont l'héréfie s'étoit réEvêques pandue depuis la haute Libye jusPhiloft. l. 1. qu'en Bithynie, ne purent pourtant c. 9.& ibi raffembler que dix-fept évêques. Les God, differt. plus renommés font Second de Ptolé

maïde, Théonas ou Théon de Mar

marique, le fameux Eufebe de Céfarée, Théognis de Nicée, Maris de Chalcédoine, & le grand défenfeur de

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AN. 325.

XXX.

fondus.

Soc. l. 1. c. 7.
Soz. 1.1.c.

17.

tout le parti, Eufebe de Nicomédie. Arius les animoit par fa préfence & CONSTANleur prêtoit ses rufes & fes artifices. Avant l'ouverture du concile les , par une efpece de pré- Philofophes Théologiens, lude, eurent à s'exercer contre quel- Payens conques philofophes Payens. Ceux-ci étoient venus les uns par curiofité, pour s'inftruire de la doctrine des Chrétiens; les autres par haine & par jaloufie, pour les embarraffer dans la difpute. Un de ces derniers, arrogant & avantageux, fe prévaloit de fa dialectique, & traitoit avec mépris les éccléfiaftiques qui entreprenoient de le réfuter; lorfqu'un vieillard du nombre des confeffeurs, laïc fimple & ignorant, fe préfenta pour entrer en lice. Sa prétention fit rire d'avance les Payens qui le connoiffoient, & fit craindre aux Chrétiens qu'il ne fe rendît vraiment ridicule. Cependant on n'ofa par refpect lui fermer la bouche. Alors impofant filence au nom de Jefus-Chrift, à ce fuperbe philofophe: Ecoute, lui dit-il : & après lui avoir expofé en termes clairs & précis mais fans entrer dans la difcuffion des

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preuves, les myfteres les plus inCONSTAN- Compréhenfibles de la religion, la Trinité, l'Incarnation, la mort du fils An. 325 de Dieu, fon avenement futur: Voilà,

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XXXI.

geffe de Con

lui ajouta-t-il, ce que nous croyons fans curiofité. Ceffe de raifonner en vain fur des vérités qui ne font acceffibles qu'à la foi ; & réponds-moi fi tu les crois. A ces mots la raison du philofophe fut terraffée par une puiffance intérieure ; il s'avoua vaincu, remercia le vieillard, & devenu lui-même prédicateur de l'évangile, il proteftoit avec ferment à fes femblables, qu'il avoit fenti dans fon cœur l'impreffion d'une force divine, dont il ne pou voit expliquer le fecret.

De tant d'évêques raffemblés pluTrait de fa fieurs avoient entre eux des querelles ftantin. particulieres. Ils croyoient l'occafion Theod. 1. 1. favorable pour porter leurs plaintes au Sox. 1. 1. c. prince & en obtenir juftice. C'étoit

8. 11.

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tous les jours de nouvelles requêtes, de nouveaux mémoires d'accusation. L'empereur en ayant reçu un grand nombre, les fit rouler ensemble, fceller de fon anneau ; & affigna un jour pour y répondre. Il travailla dans cet intervalle à réunir les efprits divifés. Le jour

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vénu, les parties s'étant rendues devant lui recevoir la décifion, il CONSTANpour se fit apporter le rouleau, & le tenant entre fes mains: Tous ces procès, An. 325. dit-il, ont un jour auquel ils font affignés; c'eft celui du jugement général; ils ont un juge naturel, c'eft Dieu même. Pour moi qui ne fuis qu'un homme, il ne m'appar> tient pas de prononcer dans des caufes où les accufateurs & les accu»fés font des perfonnes confacrées à » Dieu. C'eft à eux à vivre fans mé»riter de reproches & fans en faire.

Imitons la bonté divine & par» donnons ainfi qu'elle nous pardonne: effaçons jufqu'à la mémoire de nos plaintes par une réconciliation fincere, & ne nous occupons que de la caufe de la foi qui nous raffemble. Après ces paroles il jetta au feu tous ces libelles, affurant avec ferment qu'il n'en avoit pas lû un feul: Il faut, difoit-il, fe donner de garde de révéler les fautes des miniftres du Sei-. gneur, de peur de fcandalifer le peuple & de lui prêter de quoi autorifer fes défordres. On dit même qu'il ajouta,

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