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tion d'être regardé comme fondateur d'un nouvel Empire, en tranfportant CONSTANle fiége de l'ancien. Cette réfolution étant une fois bien arrêtée, il s'agif- An. 329.

foit de choisir dans la vafte étendue de fa domination l'emplacement de fa ville impériale. La Perfe étoit alors la feule puiffance qui pût donner de l'inquiétude aux Romains, & Conftantin prévoyoit que Sapor ne refteroit pas long-tems en paix. Il crut donc qu'il falloit reculer vers l'Orient le centre de fes forces, & oppofer une barriere plus voisine à un fi redoutable ennemi.

Le bruit avoit couru autrefois

que

TIN.

IXX.

veut bâtie

à Troye.

Suet, in Caf

c.

79. Zof.1.20 Soz. 1. 2. c.20 M. Crevier

Hif. des Em

pereurs, t. 120

Jule Céfar vouloit tranfporter à
Troye toute la fplendeur de Rome.
Ce fut auffi la premiere vûe de Conf-
tantin. Le fouvenir de Troye étoit
toujours cher aux Romains; & les
Dardaniens d'Europe, chez lefquels
il avoit pris naiffance, regardoient p. 186
cette ville comme la patrie de leurs
ancêtres. D'ailleurs il fe laiffa fans
doute enchanter par la beauté & la
renommée des rivages de l'Hellef-
pont, plus embellis encore par la

TIN.

poëfie d'Homere que par la nature; CONSTAN- & où tout lui rappeloit des idées héroïques. Il traça donc l'enceinte de An. 319. fa ville entre les deux promontoires de Rhétée & de Sigée, près du tombeau d'Ajax; & il en jetta les fondemens. Les murailles fortoient déja de terre, quand une vifion célefte, felon Sozomene, ou fa propre réflexion lui fit abandonner l'entreprise, & préférer l'affiette de Byzance. Les navigateurs appercevoient encore longtems après les portes de cette ville commencée fur une hauteur.

IXXI. Situation de

zant.

Proc.de ædif.

c. 5.

Les Grecs jaloux des merveilles Byzance. qui ont ennobli la naiffance de Rome, Cod. Orig, font ici ufage de leur fécondité dans Dionyf. By- l'invention. Ils promenent le lecteur Zof. l. 2 de miracle en miracle. Nous nous Polyb. 1. 4. difpenfons d'en rapporter aucun: il n'en falloit point d'autre pour attirer Gyll. de Bofi Conftantin à Byzance,que l'admirable fituation de cette ville : elle eft unique dans l'univers. Située fur un côteau dans un ifthme à la pointe de l'Europe & à la vûe de l'Afie, dont elle n'étoit féparée que par un détroit de fept ftades, elle joignoit les avantages de la

Thrac. l. 1.

G. 2.

TIN.

fureté & du commerce avec toutes les
faveurs de la nature, & les charmes CONSTAN
de la perspective. C'étoit la clé de
l'Europe & de l'Afie, du pont Euxin An. 329.
& de la mer Egée. Les vaiffeaux ne
pouvoient paffer d'une mer dans l'au-
tre fans le congé des Byzantins. Bai-
gnée au midi
par la Propontide, à
l'Orient par le Bofphore, au Septen-
trion par un petit golfe nommé Chry-
focéras ou la Corne d'Or, elle ne te-
noit au continent que par le côté Oc-
cidental. La température du climat
la fertilité de la terre, la beauté & la
commodité de deux ports, tout con-
tribuoit à en faire un féjour délicieux.
Les poiffons, & furtout les Thons,
qui viennent en affluence du Pont
Euxin dans la Propontide, effrayés
d'une roche blanche qui s'éleve pref-
que à fleur d'eau du côté de Chalcé-
doine, & fe rejettant vers Byzance,
y procuroient une pêche abondante.
La ville avoit quarante ftades de cir-
cuit, c'est-à-dire, près de deux lieues,
avant qu'elle eût été ruinée
par l'em-
pereur Septime Sévére.

Les Byzantins ne manquoient pas
X iij

LXXII. Abrégé de

TIN.

l'histoire de

Fin.

S.

C. I.

de faire remonter leur origine jufCONSTAN- qu'aux tems fabuleux. Ce qu'il y a de plus certain, c'eft que les MégaAn. 319. riens ayant bâti Chalcédoine de l'auByzance juf- tre côté du détroit, Byzas chef d'uqu'a Conftan- ne autre colonie de Mégare vint fonder Byzance dix-fept ans après, & Herodot. 1. 4, plus de fix cens cinquante ans avant Thucid. 1.1. Pére Chrétienne. On ajoute que l'Ooracle d'Apollon lui avoit ordonné de Memnon bâtir fa ville vis-à-vis des aveugles; apud Phot. Juftin. 1. 9. c'étoient les Chalcédoniens affez peu Cic. Orat. clairvoyans, pour ne s'être pas apde prov. con- perçus de l'avantage que leur offroit le terrein au-delà du Bofphore. Cette Hefych. Milef. ville d'abord indépendante tomba fucfrodien 1. 3. ceffivement fous la puiffance de Dae. 8. rius, des Ioniens, de Xerxès. Paufa nias l'affujettit aux Lacédémoniens, l'augmenta & y établit une nouvelle Syncell. P. colonie; ce qui l'a fait paffer pour le Chron. Alex. fecond fondateur de Byzance. Sept Tac. ann. ans après les Athéniens s'en empare1. 12. c. 63. rent, & les deux Républiques s'en difputerent long-tems la poffeffion. A la faveur de ces querelles les Byzantins reprirent leur liberté, rendirent refpectables leurs forces maritimes.

Jul. c. 5.

Suet.Vefp.

Pollis in

Gallieno, c.

6.

382.

P. 620.

TIN.

"An.

3296

réfifterent à Philippe de Macédoine qui les affiégea inutilement, & forti- CONSTAN rent avec honneur de plufieurs guerres contre de puiffans ennemis. Ils céderent avec le refte de la Grece à la valeur Romaine, & leurs nouveaux maîtres pour les payer de leurs bons fervices dans la guerre contre Mithridate, leur accorderent le privilége de se gouverner par leurs loix. Byzance étoit alors riche, peuplée & embellie de magnifiques ftatues. Elle avoit le titre de Métropole. Vefpafien lui ôta fa liberté. Pefcennius Niger qui difputoit l'empire à Sévere s'en étant emparé, & ayant perdu la vie, elle demeura fidéle au parti de ce Prince, même après fa mort, & foutint pendant trois ans contre le vainqueur un de ces fiéges mémorables par l'opiniâtre défenfe des affiégés & , par les extrêmités les plus affreuses. Sévere maître enfin de Byzance, traita fa conquête avec la plus grande cruauté. Les principaux habitans furent mis à mort, les murs renommés pour leur ftructure furent rafés, la ville fut ruinée & réduite à la qualité

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