par un difcours fort long & fort en Conftantin. nuyeux, qu'il met dans la bouche de Conftantin. Il est vrai qu'étant Empereur, il fit pour les fciences & pour les lettres plus même qu'elles n'exigent d'un grand prince: non content de les protéger, de les regarder comme un des plus grands ornemens de fon empire, de les encourager par des bienfaits, il aimoit à compofer, à prononcer lui-même des difcours. Mais outre que le goût des lettres n'étoit pas celui de la cour où il avoit été élevé, & que tous les princes de ce tems-là, excepté Maximin, ne fe piquoient pas d'être fçavans, nous voyons par le peu qui nous refte de ses écrits, qu'il n'avoit guere plus de fçavoir ni d'éloquence qu'il ne lui en falloit pour fe faire applaudir de fes courtifans, & fe perfuader à lui-même que ces qualités ne lui manquoient pas.

X. Galere eft jaloux de

Je ne puis croire ce que difent quelques hiftoriens, que Dioclétien jaloux Conftantin. du mérite de Conftantin, voulut le Theoph. p. 6. faire périr. Un deffein fi noir convient Niceph. Cal. 47.6 19. mieux au caractère de Galere, à

qui

Lact. c. 18

qui d'autres l'attribuent. Il paroît qu'après l'expédition d'Egypte Conf- CONSTAN tantin fuivit celui-ci dans plufieurs TIN. An. 3064 guerres fa valeur éclatante donna de l'ombrage à cette ame basse & orgueilleufe: Galere réfolu de le perdre, l'écarta d'abord du rang de Céfar, qui lui étoit dû par fon mérite, par la qualité de fils de Conftance, par l'eftime des Empereurs & par l'amour des peuples: il le retint pourtant à fa Cour, où la vie de ce jeune Prince couroit plus de rifques, qu'au milieu des batailles.

le perdre.

p. 645.

Photium

Sous prétexte de lui procurer de la gloire,Galere l'expofa aux plus grands 11 cherche périls. Dans une guerre contre les SarAnony. Va mates, les deux armées étant en pré- lef fence, il lui commanda d'aller atta- Zonar, t. 1 quer un Capitaine, qui par fa grande Lat. c. 24. taille paroiffoit le plus redoutable de Praxag. apud tous les Barbares. Conftantin court droit à l'ennemi, le terraffe, & le traînant par les cheveux, l'amene tout tremblant aux pieds de fon Général. Il reçut ordre une autre fois, de fe jetter à cheval dans un marais derriere lequel étoient poftés les Sarama Tome I. C

TIN.

tes, & dont on ne connoiffoit pas la CONSTAN- profondeur : il le traverse, montre le paffage aux troupes Romaines, renverfe les ennemis, & ne revient qu'après avoir remporté une glorieufe victoire. On rapporte même, que le Tyran l'ayant obligé de combattre un lion furieux, Conftantin fortit encore de ce combat, vainqueur de ce terrible animal & des mauvais deffeins de Galere.

XII.

Conftantin

lere.

Lef

la

Conftance avoit plufieurs fois reAn. 306. demandé fon fils, fans pouvoir le retirer des mains de fon collégue. Ens'échappe des fin étant fur le point de paffer dans mains de Ga- la Grande-Bretagne pour aller faire Lact. c. 24. guerre aux Pictes, le mauvais Anony. Va état de fa fanté lui fit craindre de le laiffer en mourant à la merci d'un tyran ambitieux & fanguinaire. Il parla d'un ton plus fermé: le fils de fon côté follicitoit vivement la permiffion d'aller rejoindre fon pere; & Galere qui n'ofoit rompre ouvertement avec Conftance, confentit enfin au départ de Conftantin. Il lui

Zof. 1. 2.

donna fur le foir le brevet néceffaire pour prendre des chevaux de pofte

TIN.

An. 306,

én lui enjoignant expreffément de ne
partir, le lendemain matin, qu'après CONSTAN
avoir reçu de lui de nouveaux ordres.
Il ne laiffoit échapper fa proie qu'à
regret, & il n'apportoit ce délai que
pour chercher encore quelque pré-
texte de l'arrêter, ou pour avoir le
tems de mander à Sévere qu'il eût à
le retenir lorfqu'il pafferoit par P'I-
talie. Le lendemain Galere affecta de
refter au lit jufqu'à midi; & ayant
fait appeler Constantin, il fut étonné
d'apprendre qu'il étoit parti dès le
commencement de la nuit. Frémiffant
de colere, il ordonne de courir après
lui & de le ramener : mais la pour-
fuite devenoit impoffible : Conftantin
fuyant à toute bride avoit eu la pré-
caution de faire couper les jarrets à
tous les chevaux de pofte qu'il laif
foit fur fon paffage; & la rage impuif
fante du Tyran ne lui laiffa que le
regret de n'avoir pas ofé faire le der-
nier crime.

XIII
Il joint for

Conftantin traverfe comme un éclair P'Illyrie & les Alpes, avant pere. que Sévere puiffe en avoir des nou- Eumen. pa velles, & arrive au port de Boulogne neg. c.7.

TIN.

lorfque la flotte mettoit à la voile. A CONSTAN- Cette vûe inefpérée on ne peut exprimer la joie de Conftance: il reçoit An. 306. entre fes bras ce fils que tant de périls Anony. Va lui rendoient encore plus cher ; & lef. mêlant ensemble leurs larmes & toufur Conftant. tes les marques de leur tendreffe, ils arrivent dans la Grande-Bretagne, où Conftance, après avoir vaincu les Pictes, mourut de maladie le vingtcinq de Juillet de l'an 306.

Till. note 5.

de.

XIV.

Il avoit eu de fon mariage avec Il lui fucce- Théodore trois fils, Delmace, JuleLiban. in Ba- Conftance, Hanniballien; & trois filico. filles, Conftancie qui fut femme de Euf. Vit. 1. I. c. 21. Licinius, Anaftafie qui époufa Baffien, & Eutropie mere de Népotien, dont je parlerai ailleurs. Mais il refpectoit trop la puiffance fouveraine, pour l'abandonner comme une proie à difputer entre fes enfans; & il étoit trop prudent pour affoiblir fes États par un partage. Le droit d'aîneffe, foutenu d'une capacité fupérieure, appeloit à l'empire Conftantin, qui étoit déja dans fa trente- troifiéme année. Le pere mourant couvert de gloire, au milieu de fes enfans qui