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répond fans balancer qu'il y foufcrit CONSTAN- de cœur & d'efprit, & présente une profeffion de foi où l'erreur étoít

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An. 336. adroitement couverte fous des termes de l'écriture. L'empereur, pour plus grande affurance, l'oblige de jurer que ce font-là fans détour fes véritables fentimens. Il n'en fait aucune difficulté. Quelques auteurs prétendent que tenant le fymbole de Nicée entre fes mains, & la formule de fa croyance hérétique cachée fous fon bras, il rapportoit à celle-ci le ferment qu'il paroiffoit prononcer fur l'autre. Mais Arius étoit apparemment trop habile d'une pour ufer en pure perte pareille rufe, & trop éclairé pour ignorer qu'une restriction mentale ne rabat rien d'un parjure. Conftantin fatisfait de fa foumiffion: Allez, lui dit-il, fi votre foi s'accorde avec votre ferment, vous êtes irrépréhenfible: fi elle n'y eft pas conforme, que Dieu foit votre juge. En même-tems il mande à Alexandre de ne pas différer d'admettre Arius à la communion. Eufebe porteur de cet ordre, conduit Arius devant Alexandre, & fignifie

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An. 339

à l'évêque la volonté du Prince. L'évêque perfifte dans fon refus. Alors CONSTAN Eufebe hauffant la voix: Nous avons malgré vous, lui dit-il, fait rappeler Arius; nous faurons bien auffi malgré vous le faire entrer demain dans votre églife. Ceci fe paffoit le famedi; & le lendemain tous les fidéles étant réunis pour la célébration des faints myfteres, le scandale en devoit être plus horrible. Alexandre voyant les puiffances de la terre déclarées contre lui, a recours au ciel : il y avoit fept jours, que par le confeil de Jaques de Nifibe qui étoit alors à Conftantinople tous les Catholiques étoient dans les jeûnes & dans les prieres; & Alexandre avoit paffé plufieurs jours & plufieurs nuits enfermé feul dans l'église de la paix profterné & priant fans ceffe. Frappé de ces dernieres paroles d'Eufebe, le faint vieillard accompagné de deux prêtres, dont l'un étoit Macaire d'Alexandrie, va fe jetter au pied de l'autel : là courbé vers la terre qu'il baignoit de fes larmes : « Seigneur,

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dit-il d'une voix entrecoupée de

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fanglots, s'il faut qu'Arius foit deCONSTAN-main reçu dans notre fainte affem» blée, retirez du monde votre ferAn. 336 viteur; ne perdez pas avec l'impie » celui qui vous eft fidéle. Mais fi » vous avez encore pitié de votre Eglife, & je fais que vous en avez pitié, écoutez les paroles d'Eufebe, & n'abandonnez pas votre héritage » à la ruine & à l'opprobre. Faites difparoître Arius, de peur que s'il > entre dans votre Eglife, il ne fem»ble que l'héréfie y foit entrée aveċ » lui, & que le menfonge ne s'affeye dans la chaire de vérité. » Tandis que cette priere d'AlexanMort d'A- dre s'élevoit au Ciel avec fes fouSoc. l. 1. c. pirs, les partifans d'Arius promenoient celui-ci comme en triomphe Theod. l. 1. dans la ville, pour le montrer au Soz, L. 2. C. peuple. Lorfqu'il paffoit avec un nombreux cortége par la grande place auprès de la colonne de porphyre, il fe fentit preffé d'un befoin naturel, qui l'obligea de gagner un lieu public, tel qu'il y en avoit alors dans tou tes les grandes villes. Le domeftique qu'il avoit laiffé au dehors, voyant

Dus.

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C. 14.

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qu'il tardoit beaucoup, craignit quelque accident; il entra & le trouva CONSTAN mort, renversé par terre, nageant An.-336 dans fon fang, & fes entrailles hors de fon corps. L'horreur d'un tel fpectale. fit d'abord trembler fes fectateurs ; mais toujours endurcis, ils attribuerent aux fortiléges d'Alexandre un châtiment fi bien caractérisé par toutes les circonftances. Ce lieu ceffa d'être fréquenté; on n'ofoit en appro-cher dans la fuite, & on le montroit au doigt comme un monument de la vengeance divine. Long-tems après, un Arien riche & puiffant, acheta ce terrein, & y fit bâtir une maifon afin d'effacer la mémoire de la mort funefte d'Arius..

LV..

Le bruit s'en répandit bientôt dans tout l'Empire. Les Ariens en rougif- Conftant refufe de rape foient de honte. Le lendemain jour peler Athade Dimanche, Alexandre à la tête nafe. de fon peuple rendit à Dieu des ac- Ath. ad Solite. tions de graces folemnelles, non pas de ce qu'il avoit fait périr Arius dont il plaignoit le malheureux fort,. mais de ce qu'il avoit daigné étendre fon bras & repouffer l'héréfie, qui:

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marchoit avec audace pour forcer .CONSTAN-l'entrée du fanctuaire. Conftantin fut

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convaincu du parjure d'Arius; & An. 336. cet événement le confirma dans fon averfion pour l'Arianisme, & dans fon respect pour le concile de Nicée. Mais les Ariens, après la mort de leur chef, trouvant dans Eufebe de Nicomédie autant de malice & encore plus de crédit, continuerent de tendre des piéges à la bonne foi de l'Empereur; & il ne ceffa pas d'être la dupe de leur déguisement. Les habitans d'Alexandrie follicitoient vivement le retour de leur évêque : on faifoit dans la ville des prieres publiques, pour obtenir de Dieu cette faveur : faint Antoine écrivit plufieurs fois à Conftantin pour lui ouvrir les yeux fur l'innocence d'Athanafe & fur la fourberie des Méléciens & des Ariens. Le prince fut inexorable. Il répondit aux Alexandrins par des reproches de leur opiniâtreté & de leur humeur turbulente ; il impofa filence au Clergé & aux Vierges facrées, & protesta qu'il ne rappelleroit jamais Athanafe; que c'étoit un

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