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pour en donner un éxemple, nous voyons une Elégie d'Ovide qui eft prefque mot pour mot dans la Satire treiziéme de Regnier.

Mais on peut dire qu'il avoit rendu la Satire haïffable par la difformité qu'il lui avoit donnée & par les ordures dont il l'avoit couverte. C'est ce que le Pere Rapin femble avoir voulu infinuer lorfqu'il s'eft contenté de dire que (1) Regnier dans fes Satires n'est point conforme à l'honnêteté du fiécle où nous vivons, qu'il est trop effronté & qu'il ne garde nulle bienféance, quoique d'ailleurs il ait fait paroître beaucoup de génie. C'est un fentiment que nous pouvons confirmer par celui de Mr Defpreaux qui en parle en ces

termes:

De ces Maîtres favans Difciple ingénieux,

Regnier feul parmi nous, formé fur leurs Modéles,
Dans fon vieux ftyle encore a des graces nouvelles ;
Heureux fi fes difcours craints du chafte Lecteur,
Ne fe fentoient des lieux où frequentoit l'Auteur,
Et fi du fon hardi de fes rimes cyniques,
Il n'alarmoit fouvent les oreilles pudiques (2).

Le même Auteur dit dans fa Profe (3) que Regnier a paru un peu plus difcret dans le ménagement des perfonnes que n'avoient été autrefois les Satiriques Latins, mais que cette réserve ne l'a point porté jusqu'au point d'épargner ceux de fon tems qu'il a cru pouvoir montrer au doigt pour les tourner en ridicules.

Ren. Rapin Réflexions particul. fur la Foëtique.

2 Defpréaux Chant 2. pag. 191.

3 Le même au Difcours fur la Satire pag.91. 92. &c.

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Parifien, Avocat Général de la Chambre des Comptes, mort en fe fermant les ieux lui-même (1), âgé de 86. ans le 31. jour d'Août de l'an 1615. Poëte Latin & François.

1389.

L

Es Poëfies Françoifes de cet Auteur ne font pas fort importantes, fes Latines le font un peu davantage. Elles comprennent 1° un Livre de Portraits, 2° fix Livres d'Epigrammes, 3° un Livre d'Epitaphes, [ in-8°. Parif. 1582. ]

Mr de Sainte Marthe témoigne que tous ces ouvrages font pleins de génie, de fel, d'agrémens, & de ce qu'on appelle Urbanité, & qu'il fembloit avoir été également formé pour le Parnaffe & le Barreau des mains de la Nature même (2)..

Les autres Auteurs n'en ont point parlé beaucoup moins avantageufement, mais comme ils l'ont fait en Vers, ils ont diminué quelque chofe de l'autorité qu'auroit leur témoignage s'ils l'avoient voulu exprimer en une langue plus fimple que n'eft celle des flateurs. Ceux qui voudront les chercher les trouveront dans un Recueil qui a pour titre La Main de Mr Eftienne Pafquier [ in-4° à Paris 1583. J On trouve dans fes Portraits une breveté de style qui n'est point défagréable, & il y a mêlé divers traits d'Antiquité qui leur tiennent lieu d'ornement (3). Et quoique les belles qualités que Mr de Sainte Marthe attribue à fes Vers regardent particuliérement fes Epigrammes, il faut convenir pourtant qu'elles ne font point toutes de la même force ni d'une beauté égale (4). Ils s'en trouve même plufieurs qui portent les marques du libertinage de fa Jeunesse, & qui auroient mérité leur place dans le volume de fes badineries qui porte ce titre. Un homme de fa gravité & de fa réputation ne devoit point entreprendre de les défendre, & moins encore s'échauffer contre fes Cenfeurs pour leur prouver que l'Epigramme eft infipide fi l'amour n'entre dans fa composition.

Ses Poëfies Françoifes fe trouvent jointes avec fa Profe licentieuse, c'est-à-dire, fon Monophile, fes Colloques & fes Lettres qu'on a

1 Joly fur le Dialogue des Avocats de Loifel pag. $80.

2 Scævol. Sammarthan. Elogior. lib. s. ad fin. operis pag. 164,

3 Rofteau Sentim. fur quelques livres qu'il a lûs pag. 239. 240.

4 Guill. Colletet Art Poëtique, Traité de l'Epigramme nombr. s. pag. 27.

bien fait de mettre à part en un volume (1), afin de donner lieu Pasquier. à ceux qui ont du cœur & de l'honnêteté de pouvoir jetter le volume au feu & fauver en même tems ce qu'il a fait de bon d'ailleurs. Ces Poësies consistent en des Jeux Poëtiques & une Paftorale, mais on peut conferver avec fureté fon Poëme de la Paix, fes Sonnets, fes Epitaphes, fes Versions Poëtiques.

. On 1 peut faire la même grace à fa Puce & à sa Main, c'est-à-dire, à deux Recueils de Vers François & Latins de diverfes Perfonnes qui sont à la fin du volume. Le premier qui a pour titre la Puce des grands jours de Poitiers, contient diverfes Poëfies qu'on a faites fur cette fameufe Puce que Pafquier apperçut fur le fein de la favante, mais encore plus fage fille Catherine des Roches fille de la favante Madame des Roches Madelaine Neveu,aufquelles il étoit allé rendre vifite durant les grands jours de Poitiers de l'an 1579. Tout le Parnaffe François & Latin du Royaume voulut prendre part à cette rare découverte, fur tout après qu'on eut reconnu que la Fille entendoit raillerie. De forte que cette Puce s'eft attiré les Vers, non feulement d'Etienne Palquier & de Catherine des Roches qui étoit Poëte dans les deux Langues auffi-bien que fa Mere, mais encore ceux d'Achilles de Harlay depuis premier Préfident, de Barnabé Briffon depuis Préfident au Parlement, de Jean Binet de Beauyais, de René Choppin d'Angers (2), de Jofeph Scaliger d'Agen, de Jacques Courtin de Ciffé, d'Antoine Loifel de Beauvais, de Pierre Pithou de Troyes, de Scevole de Sainte Marthe Tréforier de France, de Jacques Mangot Avocat Général au Parlement de Paris, de Claude Binet de Beauvais neveu de Jean, d'Odet Tournebû Conseiller fils de Turnebe, de Nicolas Rapin Grand Prevôt de la Connêtablie,de Raoul Caillier Poitevin, de Laurent Bouchel de Senlis, de Pierre de Lommeau de Saumur, de Pierre de Soulfour Président au Parlement de Paris, du Pere Jules Cefar Boulanger Jésuite (3), de François d'Amboife, & de quelques autres perfonnages moins

connus.

La Main de Pafquier eft un Recueil de près de cent - cinquante Piéces de Vers à fon honneur, fur ce qu'étant aux grands Jours de

1 ¶ On n'y a pas mis les Ordonnances d ́Amour que Paquier lettre 5. du l. 2. reconnoit avoir compofées, & qui étant beaucoup plus licentieufes que toutes les piéces dont Baillet fait ici mention, lui auroient donné un plus jufte fujet de critique. La Croix du Maine pag. 79. de la Biblioth. parle de ces

Ordonnances. Elles furent imprimées in-8°.
l'an 1574. au Mans, quoiqu'on ait mis à

Anvers.

2 Il étoir du Bailleul en Anjou à fix
lieues d'Angers. Ménage pag. 113. & 114.
du Tom. 1. de l'Anti- Baillet.
3 Il ne l'étoit pas alors

Troyes en Champagne l'an 1583. & s'étant fait tirer par un Peintre, celui-ci avoit oublié de faire des Mains à ce Tableau. On peut dire comme de l'autre Recueil, que ce font des témoignages de la fécondité & de la diverfité des Efprits fur les fujets les moins confidérables. Les Auteurs de toutes ces Piéces ne font pas moins qua-. lifiés que ceux qui ont travaillé fur la Puce, & l'on voit par leur nombre auffi-bien que par leur rang en quelle considération étoit Pafquier parmi tout ce qu'il y avoit de gens de mérite & de qualité répandus dans le Royaume(1).

Additions de Mr Joly au Dialogue des Avocats de Paris par Antoine Loifel pag. 580. 581.

Pafchafius Epiftol. ad Chriftoph. Thuan. P. Pr. præfixa Epigrammatis Latin..

Le même Pafquier dans fon Apologie Françoife de la Main pag. 690. & 691. ou plutôt aus. livre de fes Epigrammes Latines, où il dit fur ce qu'il s'étoit rencontré avec les Anciens dans les mêmes pensées.

1390

Dis male perdant
Antiquos, mea qui præripuere mihi.

Paquier en fe plaignant des Anciens qui lai avoient volé fes penfées, a volé lui-même cette pensée à Donat dont S. Jerome fur cet endroit de l'Eccléfiafte Nihil fub fole novum, rapporte ce mot : Pereant qui ante nos noftra dixerunt.

AURELIUS URSUS,

Romain, Poëte Latin du commencement de ce fiécle.

C

Et Auteur a réuffi particuliérement dans fes Epigrammes Latines, qui au jugement du fieur Vittorio Roffi, font écrites avec tant d'élégance, de pureté & de netteté, qu'il n'y a rien dans toute l'Antiquité qui puiffe leur être préféré en ce genre: fur tout fi l'on confidére comme la force & la fubtilité des pensées fe trouve jointe avec la beauté du ftyle & le choix des mots. Auffi le Pape Urbain VIII. qui étoit lui-même un grand Poëte faifoit-il gloire d'avoir appris fon Art fous cet Urfus. Néanmoins il n'eut point de fuccès dans le Poëme Héroïque qu'il fit à l'honneur du Duc Alexandre Farnefe, & il vit à fa confufion qu'il avoit entrepris quelque chofe de fupérieur à fes forces..

Jan. Nicius Erythr in Pinacothec. 1. num. 95. pag. 165..

MONSIEUR DE THOU,

Parifien, Préfident au Mortier, né l'an 1553. le 8. Octobre, mort l'an 1617. Poëte Latin.

1391

M

R de Thou étoit Poëte auffi-bien qu'Hiftorien. Ceux qui en voudroient douter pourront s'en convaincre par la lecture 1° de fon Poëme de la Fauconnerie divifé en trois Livres, imprimé à Paris en 1612. & ailleurs, 2° de fes Poëfies diverses fur le Chou, la Violette, le Lys & diverfes autres fleurs imprimées à Paris l'an 1611. & de quelques Verfions ou Paraphrafes Poëtiques de quelques Livres de l'Ecriture Sainte, comme l'Eccléfiafte, les Lamentations de Jéremie, & la Conftance de Job. Ce qui fut imprimé à Tours dès l'an 1588.

Voffius loue le Poëme de la Fauconnerie (1), & il dit que les Vers en font fort élégans. Mr Borrichius témoigne auffi (2) que cet Ouvrage l'a fait mettre au rang des meilleurs Poëtes de fon fiécle, & il ajoute qu'il n'y a rien de plus travaillé, rien qui fente moins la rêverie, & qui marque plus de présence d'efprit que le Songe Epique qu'il a fait au Chancelier de Chiverny.

1 Gerard. Johan. Voffius lib. de Philofophia cap. 7. pag. 58.

2 Olaus Borrichius Differtatiou, 4. de Poëtis Latin. num. 137.

MR LE CARDINAL DU PERRON,

(Jacques Davy) Normand, de Saint Lô, né le 15. Novembre de l'an 1556. Précepteur d'Henry III. Evêque d'Evreux, puis Archevêque de Sens, mort le Mercredy s. de Decembre de l'an 1618. Poëte François.

1392

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Uoique les Vers ne foient que la partie inférieure des compofitions de ce Cardinal, il n'a point laiffé d'y mettre toute la complaifance, & d'aimer même fous fa pourpre celles de fes Piéces où regne la paffion de l'amour, jufqu'à ne pouvoir s'empêcher felon Mr Ménage (1) de les publier encore dans fa vieilleffe

Ægidius Menagius Epift. dedic, ad Ill. Ducem Montauferium præfixa Poëmatis.

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