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MANDONS & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes hoirs, pleinement & paisiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. VOULONS que la copie des Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin du dit ouvrage, foit tenue pour dûment fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de Nos amés & féaux Confeillers-Secretaires, foi foit ajoutée comme à l'original. COMMANDONS au premier Notre Huiffier ou Sergent fur ce requis, de faire pour l'exécution d'icelles, tous actes requis & néceffaires, fans deman der autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro charte Normande, & Lettres à ce contraires. CAR TEL EST NOTRE PLAISIR. DONNÉ à Paris le vingt deuxième jour du mois deJuin, l'an de grace inil fept cent quatre vingt cinq, & de Notre Regne le douzième. Par le ROI, en fon Confeil.

Signé LEBEGUE.

Régiftré fur le Régiftre XXII de la Chambre Royale Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris, No. 318. fol. 348, conformément aux difpofitions énoncées dans le préfent Privilége; & à la charge de remettre à la dite Chambre les neuf Exemplaires prefcrits par l'Arrêt du Confeil du 16. Avril 1785. à Paris le fept Novembre 1785.

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LA RÉDUCTION
A L'UNIFORMITÉ

'DE TOUS LES POIDS

ET

MESURES.

PERSONNE N'IGNORE, combien il feroit utile

n'y ait partout qu'un poids & une

mefure, c'est-à-dire qu'ils foient rendus uniformes dans tous les Royaumes, Empires, Républiques & États de l'Europe & de l'Univers. Les avantages qui en réfulteroient pour l'Agriculture, le Commerce, les Manufactures, l'Industrie, les Arts, & généralement pour les citoyens de toutes les profeffions, feroient fans contredit immenfes. Lá découverte d'Étalons juftès, naturels & fixes, propres à fervir facilement de régle pour tous les pays feroit donc une chofe bien précieufe; elle eft déja l'objet des vœux ardens de tout le monde; elle ne contribueroit pas peu à l'avancement des fciencès & des arts. Tous les Gouvernements at tentifs à faire le bien des citoyens ont paru défi rer & favorifer cette découverte dans tous les tems; il eft à préfumer que fous des régnes éclairés, comme le font ceux de la plupart des Souverains & Potentats des nations policées, qui tâchent de fe diftinguer par la juftice, la bienfaifance & l'ordre, elle ne fera pas moins favori fée & accueillie; elle pourra d'ailleurs devenir pour chaque Etat, grand & petit, la fource d'un revenu affez confidérable. Ce n'eft pas moins

A

qu'un objet auffi important que nous allons entreprendre, & qui va faire le fujet de cet ouvrage.

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Nous ne croyons pas devoir nous étendre beau coup fur l'origine & l'hiftoire des poids & me fures, ainfi que fur leurs noms, leur ftructure & les différentes variations qu'ils ont éprouvé dans divers fiècles, puifque ce font à peu près les mémes principes qui les ont fait établir dans les divers pays du monde, & qu'ils ont été infectés par les mêmes abus. Nous voulons, nous ménager une place tant pour fixer ces Etalons, que pour développer nos moyens, ainfi que pour tout ce qui peut concerner la prompte exécution de toutes chofes; car à quoi ferviroit-il de connoître la fource du défordre, fes noms, fes caufes, ou la plupart de fes effets, fi on ne s'occupoit en même tems des moyens d'y remédier? agir diffé. remment, ce feroit imiter un médecin qui s'épuiferoit au pied du lit d'un malade en vains raisonnements fur l'origine, les fimptômes & les progrès de fa maladie, & qui le laifferait mourir faute de rechercher les remèdes qui lui font propres, ou faute de les lui adminiftrer.

Il eft inconteftable, que c'eft à l'origine du monde, au commencement des fiècles qu'on doit rapporter l'origine des poids & mefures; dès que le premier homme eut reçu l'empreinte de fon divin créateur, dès qu'il fut animé par le fouffle de la vie, il a commencé à pefer, & à mesurer les longueurs & les tems. Voir, fentir, toucher, tous les actes de fa perception ne furent pour ainfi dire autre chofe. Il eft fuffifamment connu qu'il leur a auffi donné différens noms; il feroit fu. perflu de rapporter les paffages & les preuves de chofes qui font connues de tout le monde, & que perfonne fans doute ne nous conteftera.

Le genre humain s'étant multiplié, les diffé rentes néceffités des peuples qui le compofoient fe multiplierent dans la proportion, ainsi que celles de chaque individu. Cela donna lieu, bien

avant la convention générale qui exifte encore aujourd'hui de la répréfentation des productions de la terre & des denrées & marchandises par l'or & l'argent à des échanges, pour lefquels il fallut de plus en plus fe fervir de poids & de mefures. Ces objets acquirent de nouveaux noms, & des formes particulières fuivant les nations, les tems, les lieux & les circonftances. Tantôt les vaincus furent obligés par les effets de la conquête d'a dopter les loix, les ufages, les mœurs, les poids & les mefures des vainqueurs; tantôt il arriva que les vainqueurs les reçurent des vaincus. Les bornes que nous nous fommes prefcrit dans ce mémoire ne nous laifferont pas citer des exemples, puifqu'il y en a mille qui font connus de chacun.

Nous pafferons rapidement fur ces tems qui exifterent depuis la création du monde jufqu'à la conquête des pays qui compoferent l'Empire romain. Les évènemens des tems réculés font fou vent rapportés par les hiftoriens d'une manière fi vague, fi ridicule, fi exaltée, & même, on peut le dire, fi contradictoire, qu'on a bien de la peine à diftinguer le vrai d'avec le fabuleux.

Sans vouloir nous épuifer en vains raisonnements à cet égard, nous dirons qu'il n'eft pas douteux que ces vainqueurs du monde, n'introduifirent quantité de coutumes & d'ufages qui ont encore lieu parmi nous, & que les poids, les mefures les pieds, les aunes & les balances qu'ils nous apporterent, n'influerent finguliérement fur tous ceux qui font en ufage de nos jours.

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Nous croyons que l'origine des poids & mefures qui font actuellement en ufage dans la plûpart des pays de l'Europe, particuliérement en France & en Allemagne, ainfi que dans une partie de l'Afie & de l'Afrique, peut être rapporté aux époques de la décadence de l'Empire romain, & à ces tems d'anarchie qui exifterent, où chaque Seigneur, chaque Capitaine de troupes devint le maître de la contrée qu'il habitait, dont il s'était

emparé, où qu'il avait reçu en recompenfe de fes fervices.

Lorfque les villes ou d'autres endroits s'affranchirent pour vivre fous la forme républicaine il s'y introduifit également différentes loix & coutumes; celles concernant les poids & mefures en firent partie; lorfqu'un même endroit se trouva fous la domination de plufieurs maîtres, ils fubirent des variations analogues, & fuivant les jurifdictions dont une ville, bourg, ou village dépendait, il arriva qu'il y fut établi jufqu'à deux & trois fortes de poids, de mefures, d'aunes, de pieds, & fouvent plus; c'eft pour cela qu'on voit encore aujourd'hui tant d'ufages ridicules partout.

Nous nous permettrons de citer un exemple qui nous a été rapporté dans un petit village de la province de Champagne. Il eft trop frappant pour ne pas mériter ici une place,

Ce village étoit compofé de 15 à 16 maisons au plus, pour ne pas dire de 15 à 16 miférables chaumières. Il s'y trouvait trois fortes de pintes en usage, quoique la mesure, c'est-à-dire la hotte, comme on. l'appelle dans le langage du pays, fut la même. Il falloit pour la completter 18 groffes pintes, 20 moyennes, & 22 petites. La fingu larité rémarquable, la voici. C'eft que la petite pinte ne se vendait pas moins au même prix que la moyenne & la groffe; la différence peu grande, & cependant très-fenfible, en avait fait ainfi établir la vente. Les étrangers y prenoient à coup fur le change & étoient trompés; s'ils parvenoient à en avoir connoiffance, on leur alléguoit, quoique fouvent contre la vérité, que le vin de petite mesure était meilleur que celui de moyenne où de groffe. Ce que nous venons de dire de cet endroit doit s'appliquer à des milliers d'autres. Mais il eft à propos de nous expliquer plus en détail fur les défordres qui exiftent touchant les différens poids & mefures. Nous parlerons particulièrement de ceux de France, pour nous

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