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C'eft ce verd vu à travers la membrane qui recouvre le parenchyme, & qui cft modifié plus ou moins par cette membrane, qui produit la couleur & le luftre propres aux feuilles de différentes efpeces. Je comparois ce petit procédé de la nature à celui dont elle fe fert pour opérer la riche dorure de certaines chryfalides (1).

CE fut fur des feuilles de Charme ou des InTectes mineurs (2) s'étoient fort multipliés, que Je fis pour la premiere fois en Août 1760, cette obfervation qui me plut beaucoup, par les diverfes conféquences qui me parurent en découler. En fe logeant adroitement entre la membrane & le parenchyme, les mineurs les avoient féparés l'un de l'autre, & cette féparation, que je n'aurois pas fçu exécuter auffi bien, me donnoit une grande facilité d'obferver la membrane & le parenchyme. J'enlevois fans peine la membrane Avec la pointe d'un cure-dent; je niettois ainfi entiérement à découvert la partie du parenchyme qu'elle recouvroit ; j'obfervois la couleur matte du parenchyme, & en y appliquant de nouveau la portion de la menibrane que j'avois détachée,

(1) Oeuvres Tom. II, Obf. div. fur les Infektes. Obf. XII Contemplat. de la Nat. Part. V, Chap. XI.

(2) Voyez Obf. diverfes fur les Inf. Obf. XLIV. Oeuvres, Tom. LL

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je voyois avec plaifir que je rendois à cet endroit de la feuille fon luftre naturel.

J'AI répété depuis cette expérience fur les feuilles de plufieurs autres Plantes: mais il n'en eft point où il foit plus facile de la faire que fur celles de cette efpece de Jouberbe, dont la tige s'éleve affez fouvent à la hauteur d'un pied & demi ou plus. Les feuilles de cette Plante font très-charnues. On peut, fans beaucoup d'adreffe, les dépouiller de leur membrane en tout ou en partie. On met alors à découvert un parenchyme, d'un très-beau verd, qui a un œil velouté, & qui eft tout parfemé de points brillants. En replaçant la membrane fur le parenchyme l'on en change beaucoup la nuance & l'on rend fur le champ à la feuille fa couleur & fon luftre ordinaires.

J'AI effayé d'appliquer d'affez grandes portions de cette membrane de la Joubarbe, fur des pétales de fleurs jaunes & de fleurs bleues : la couleur de ces pétales en a été auffi-tôt fort dégradée. Sans doute, que le plus ou le moins d'épaiffeur de la membrane dont il s'agit, contribue à varier les nuances dans différentes ef peces. Quand elle eft auffi fine qu'elle peut l'être, elle ne modifie que très-peu la couleur propre au parenchyme.

Je n'ai pas remarqué de différences fenfibles dans la Joubarbe, entre la membrane de la furface inférieure des feuilles & celle de la furface oppofée. J'ai fait la mème remarque à l'égard du parenchyme: auffi ces deux furfaces fe reffemblent-elles beaucoup; ce qui n'a pas lieu dans la plupart des Plantes; car la furface fupérieure eft pour l'ordinaire plus liffe, plus luftrée & d'un verd plus vif que la furface inférieure.

PLUS j'ai confidéré les feuilles de la Joubarbe, & plus j'ai été convaincu, que leur examen microfcopique & anatomique pourroit répandre un grand jour fur la ftructure & fur l'ufage des feuilles en général. Je me fuis appliqué dans mes Recherches à découvrir l'ufage des deux furfaces des feuilles. J'ai montré que la furface fupérieure, toujours tournée vers le ciel ou vers le plein air, eft principalement deftinée à fervir d'abri à la furface oppofée, qui renferme les principaux organes de la fuccion & de la tranfpiration. En effayant de dépouiller proprement, finon en tout, du moins en partie, des feuilles de différentes Plantes, les unes de la membrane fupérieure, les autres de l'inférieure, d'autres enfin des deux membranes; & en plongeant le pédicule de toutes ces feuilles dans des tubes de verre calibrés & pleins d'eau, l'on parvien

droit peut-être à déterminer avec une certaine précision les changemens que ces divers procédés occafioneroient, foit à l'égard de la fuccion foit à l'égard de la tranfpiration. On pourroit tenter des expériences analogues fur des feuilles. ainfi dépouillées qu'on appliqueroit fur l'eau, les unes par leur furface fupérieure, les autres par leur furface inférieure, comme je l'ai décrit dans le I Mémoire de mes Recherches (III). Je ne puis trop exhorter les Phyficiens à tenter ces expériences. Je fens bien qu'ils ne pourront fe flatter de réuffir à leur gré à dépouiller entiérement les feuilles de l'une ou de l'autre membrane; & moins encore de toutes les deux enfemble mais toujours conviendra-t-il d'effayer en ce genre tout ce que l'art peut opérer.

M. de SAUSSURE, Profeffeur de Philofophiedans l'Académie de Geneve, eft du petit nombre de ces Phyficiens nés pour perfectionner tous les fujets qu'ils manient. Il s'eft fur-tout attaché à approfondir la ftructure des feuilles des Plantes; & il a fait fur ce fujet prefque neuf, une multitude d'obfervations qui ont beaucoup ajouté à nos connoiffances. Il les avoit décrites avec autant de clarté que d'exactitude dans un petit Ouvrage (1) qu'il publia à Geneve

(1) Obf. Sur l'écorce des feuilles & d‹s, Pétales, in-12.,

en 1762, & dont je ne puis trop recommander la lecture à ceux qui s'occuperont de l'ufage des feuilles dans les Plantes.

NOTRE habile Obfervateur a beaucoup plus étudié que je n'avois pu le faire, cette fine membrane dont j'ai parlé, & que je n'avois d'abord regardée que comme un fimple épiderme. Sa fineffe & fa tranfparence m'avoient trompé, comme elles avoient trompé des Botaniftes célebres. M. de SAUSSURE s'eft affuré, que cette membrane fi fine, eft une véritable écorce, & il lui en a donné le nom. Il a vu qu'elle étoit adhérente au parenchyme, & qu'elle avoit un épiderme auquel elle adhéroit plus fortement. Il a fait diverfes obfervations microscopiques fur les mailles de cette écorce, fur leur figure, fur leurs proportions & fur les vaiffeaux plus ou moins tranfparens & plus ou moins déliés qui compofent ces mailles ou ce qu'il appelle le réfeau cortical. Les Mineurs n'attaquent point 'ce réfeau, & ils ne le féparent point de fon épiderme. Mais il eft dans les feuilles un autre réfeau, qu'il nomme parenchymateux, placé immédiatement au- deffous du premier, & qui n'avoit pas échappé aux recherches des MALPIGHI & des GREW. Ses mailles font ordinai rement plus grandes que celles du réfeau cortical, & fes vaiffeaux font plus gros & plus droits.

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