Imágenes de páginas
PDF
EPUB

d'une couleur plus claire que le reste du corps. Il groffit par degrés, & prend la forme d'une pointe mouffe. Cette pointe s'alonge de jour en jour; bientôt on y découvre des anneaux, au travers defquels paroiffent de nouveaux vifceres, qui fembient n'être qu'un prolongement des anciens. Enfin, la tête & la queue fe montrent, accompagnées de toutes les parties qui leur font propres. C'est un Ver parfait, auquel il ne manque plus que d'acquérir la grandeur de ceux de fon efpece.

ON voit par ce petit détail, qu'il en eft de la multiplication de ces Vers par bouture comme de celle des plantes. Tout s'opére dans les uns & dans les autres par un développement de parties précxiftantes. Nulle méchanique à nous connue, capable de former un. cœur, un cerveau, un cftomac, &c. Les ger mes répandus dans tout le corps de ces Animaux, n'attendent, pour fe développer, qu'une circonftance favorable.

LA fection produit cette circonstance. Elle détourne, au profit des germes, la partie du Auide alimentaire, qui auroit été employée à l'accroiffement du Ver entier; de la méme maniere, à-peu-près, qu'en ététant un arbre, ou

[ocr errors]

en taillant une de fes groffes branches voit fortir autour de la coupe, un grand nombre de boutons, qui, fans cette opération, ne fe feroient point développés.

L. Difficulté.

CETTE explication, quoique très-fimple, n'eft cependant pas exempte de difficultés. Suivant la notion que j'ai donnée du germe, c'est un Animal, pour ainfi dire, en miniature: toutes les parties que les Animaux de fon efpece onten grand, il les a très- en petit.

OR, dans l'application de cette idée aux cas dont il s'agit, il n'y a que quelques parties du germe qui fe développent, la tète dans le germe placé à la partie antérieure de chaque portion, la queue dans celui qui est à la partie poftérieure. Que devient dans le premier germe la queue? dans le fecond la tête? Pourquoi, lorfque le développement a commencé dans quelques-unes des parties, ne continue-til pas dans toutes les autres ?.

Les mêmes queftions ont lieu à l'égard des plantes: les germes que l'on fuppofe avoir donné naiffance aux branches, contenoient ung

plante en petit. Il en étoit de même de ceux d'où font provenues les racines. Les uns & les autres ne fe font donc développés qu'en partie.

LI. Réponse à la difficulté.

CES difficultés, approfondies jufqu'à un certain point, fe réduifent, ce me femble, à imaginer des caufes capables d'empêcher le développement de quelques parties du germe en effet, je ne penfe pas qu'on veuille admettre des germes particuliers pour chaque organe, & multiplier ainfi les Etres inutilement, fans parler des difficultés, plus grandes encore & plus nombreuses, auxquelles une femblable hypothefe donneroit naiffance.

LES caufes que nous cherchons, nous pou vons les trouver, foit dans l'arrangement, la pofition ou la ftructure des germes, foit dans les rapports fecrets de cette ftructure, avec celle du corps où ils doivent fe développer, fois enfin, dans diverfes circonftances extéricures.

LII. Conjectures fur la maniere dont les germes font diftribués dans les Vers qu'on multiplie de bouture, & sur celle dont ils parviennent à s'y développer,

DE ces différentes fources nous tirons donc les conjectures fuivantes.

1o. QUE les germes deftinés à compléter chaque portion, font rangés à la file, au milieu, & le long de l'intérieur du Ver.

2o. QU'ILS y font placés de maniere que leur partie antérieure regarde la tête de l'animal.

3°. QUE dans le Ver entier, les germes, ou ⚫ne reçoivent aucune nourriture, ou que s'ils en reçoivent, l'effet en eft anéanti par la réfistance ou la preffion des parties voifines.

4°. Que l'effet de la fection eft premierement de détourner vers le germe le plus proche de la coupe, la partie du fluide nourricier qui auroit été employée à la nourriture & à l'accroiffement du Tout; fecondement de faciliter l'éruption & l'alongement du germe en lui fournifant une libre iffuc.

5°. Qu'A mesure que le germe groffit & s'étend, la partie de fon corps qui demeure dans celui du Ver, ou dans le tronçon, s'unit avec lui par une véritable greffe ; les vaiffeaux d'un genre s'abouchant à ceux du même genre, enforte qu'il s'établit entr'eux une circulation commune & directe, comme on le voit arriver aux portions de différens Polypes, mifes bout

à bout.

LIII. Exemple tiré des plantes & de leurs

boutures.

A l'égard des circonftances extérieures, les boutures des plantes nous en fourniffent un exemple qui eft palpable.

LA partie fupérieure du germe ne fauroit s'y développer qu'à l'air libre; l'inférieure le craint, au contraire, & requiert une certaine humidité. Ainfi, de la portion de la bouture qui eft hors de terre, fortent les branches; de celle qui eft en terre, fortent les racines. La différence fenfible qu'on obferve entre la ftructure de la racine & celle de la tige, donne naiffance à ces différens befoins.

« AnteriorContinuar »