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J'AI parlé dans mon Ouvrage, Art. XVIII d'une membrane réticulaire obfervée par M. CALANDRINI dans des feuilles de Pied-de-Veau qui avoient commencé à s'altérer par la macération; j'ai fait mention encore dans le mème article d'une membrane très-fine qui fe détachoit d'elle-même de deffus des feuilles appliquées fur l'eau par l'une ou l'autre de leurs furfaces: cette membrane, que je nommois improprement un épiderme, & la membrane réciculaire de M. CALANDRINI étoient manifeftement le réseau cortical de M. de SAUSSURE.

COMME les feuilles des Arbres paroiffent être une fimple expanfion & un applatiffement des branches ou des rameaux dont elles partent, il y a lieu de préfumer qu'elles contiennent en petit les divers ordres de vaiffeaux, & les différentes enveloppes qu'on obferve dans les branches ou les rameaux. On pourroit donc en inférer avec fondement, que les feuilles n'ont pas feulement un épiderme & une véritable écorce ou un réseau cortical; mais qu'elles ont encore un réseau ligneux analogue au corps ligneux des branches; & ce réfeau ligneux feroit celui que M. de SAUSSURE a nommé parenchymateux. Dans des parties auffi applaties, auffi minces que le font les feuilles, l'écorce

& le bois ne fauroient fe montrer que comme des réfeaux très - fins. On fait que les trachées ou les vaiffeaux fpiraux ne fe trouvent que dans le bois; & les feuilles ont leurs trachées, qu'on découvre facilement à l'oeil nud en déchirant avec précaution des feuilles de rofier ou de vigne les feuilles ont donc une enveloppe analogue au corps ligneux des branches & du tronc (1). J'ai regret que M. de SAUSSURE n'ait pas cherché des vaiffeaux fpiraux dans fon réfeau parenchymateux au moins ne trouve-je dans fon écrit aucune obfervation fur ces vaiffeaux.

J'AI parlé ci-deffus des points brillants dont le parenchyme de la Joubarbe m'avoit paru parfemé, & qui avoient fouvent fixé mon attention les ménagemens que je devois à mes yeux ne me permettoient pas de m'occuper de fi petits objets; & j'étois bien éloigné de foup

(1) Je difois Art. CVII, en parlant des greffes accidentelles qui s'operent entre deux feuilles ou entre deux folioles de la même feuille :,, toutes ces greffes ne concourent-elles " pas à prouver qu'il y a dans les feuilles deux fubftances » analogues à la fubftance corticale & à la fubftance ligneuse », qu'on obferve dans les branches & dans la tige? On fait, » que c'eft de l'expansion en tout fens de la fubftance corticale ,, fur la fubftance ligneufe, que dépend l'union de la greffe avec le figet."

Conner les faits finguliers qu'ils ont offerts à M. de SAUSSURE, & qui ont été le fruit de fes longues & curieufes recherches.

IL s'eft affuré, que ces corpufcules brillans, qui ne font point propres à la Joubarbe, & qu'on retrouve dans les feuilles de toutes les efpeces, font d'une nature fi inaltérable, qu'ils réfiftent à l'eau bouillante, à l'efprit-de-vin, à l'acide vitriolique, & à la plus grande féchereffe (1). Il en a conclu; qu'ils ne font ni gommeux, ni réfineux, ni falins. Que font donc ces finguliers corpufcules, fi brillans, fi généralement répandus, & fi dignes des plus profondes recherches du fcrutateur de la Nature? Le fage Obfervatcur, qui les avoit tant étudiés, s'est abftenu de former aucune conjecture fur leur nature; parce que fes nombreuses obfervations ne l'éclairoient point encore affez. Au refte, ces très-petits corpufcules brillans s'obfervent auffi dans le réseau cortical; mais ils abondent beaucoup plus dans le parenchyme.

Ce tiffu délicat, ce réseau cortical qui enveloppe les feuilles, eft doué d'une élasticité

(1) Obf. fur l'écorce des feuilles, &c. page 57.

très-marquée, & qui fe manifefte à l'oeil par des effets très- fenfibles. Il fe roule auffi - tôt fur lui-même dès qu'on le détache de la feuille. M. de SAUSSURE fait remarquer (1), que les deux écorces fupérieure & inférieure des feuilles tendent toujours à fe rouler en fens contraire. Lorfque le reffort de l'une domine fur le reffort de l'autre, la feuille devient concave du côté le plus foible. Elle demeure plane, lorfque les deux écorces ou les deux réfeaux font en équilibre. Notre ingénieux Obfervateur ajoute: ", qu'il y a donc dans l'écorce des feuilles deux fyftèmes de vaiffeaux qui tendent à agir en fens contraire les uns analogues aux cordes de chanvre, fe tendent à l'humidité, les autres femblables aux cordes de boyau fe tendent à la féchereffe ". On a vu dans l'article LIII de mon Livre, que j'avois foupçonné l'exiftence de ces deux fyttèmes de vaiffeaux, & que j'avois tenté d'expliquer ainfi quelques-uns des phénomenes que nous préfentent certains mouvemens naturels des feuilles. J'avois même effayé de conftruire d'après cette idée des feuilles artificielles, qui me parurent imiter le jeu des feuilles naturelles.

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1 (1) Obf. fur l'écorce des feuilles, &c. page 12.

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Le réfeau cortical eft pourvu de très-petites glandes, qui lui font propres, & qui y font difféminées en fi grand nombre qu'elles en ont pris le nom de glandes milliaires. Ces glandes font fphériques ou ovales, & fort tranfparentes. Elles font environnées à leur bafe d'un petit vaiffeau tranfparent auquel vont s'aboucher plufieurs autres vaiffeaux. L'état de ces très-petites glandes et toujours en rapport avec l'état de fanté ou de maladie des feuilles. Dans les feuilles vertes & en pleine vigueur, les glandes ont beaucoup de tranfparence. Lorfque les feuilles commencent à jaunir, les glandes commencent à perdre de leur transparence, & plufieurs deviennent plus ou moins opaques. Toutes le deviennent en entier, lorfque les feuilles font près de leur chûte.

M. de SAUSSURE, à qui nous devons ces obfervations fur les glandes milliaires, & bien d'autres que je fupprime pour abréger, recherche quel peut être le principal ufage de ces très-petits organes; & ce qu'il dit à ce fujet a trop de rapport avec mes expériences fur les feuilles pour que je ne le tranfcrive

pas ici.

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CE qui me porteroit à croire, dit-il,

Tome V.

B

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