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que les molécules organiques, qui ont le plus de rapport entr'elles s'unifient plus étroitement.

AINSI dans le commerce de deux individus, la liqueur que fournit le måle, fe mele avec celle que fournit la femelle, & ces deux lqueurs n'en forment plus qu'une feule. Les molécules analogues ou correfpondantes de cette liqueur, tendent à fe rapprocher & à s'unir, en vertu de leurs rapports. Et comme ces molécules ont été renvoyées des différentes parties de chaque individu, où elles fe font pour ainfi dire moulées, elles confervent dans la liqueur féminale, une difpofition à repréfenter ces mêmes parties. Elles forment donc dans la matrice des touts particuliers, d'où réfulte le tout général, ou l'embrion.

LES Corps organifés dont toutes les parties font formées de particules organiques, qui ont en petit la même forme extérieure & intérieure que celle du grand corps, font ceux dont la reproduction eft la plus facile & la plus abondante. Ce font auffi les corps les plus fimples. Le Polype cft formé de la répétition de plufieurs particules organiques, qui font, en petit, de véritables Polypes. C'eft ainfi à peu près

Tome V

N

qu'une maffe de fel marin eft formée de la répétition de cubes de différentes grandeurs.

LES corps les plus compofés, & par cela mème les plus parfaits, ont beaucoup de parties diffimilaires, & n'en ont que très-peu de fimilaires de là vient qu'ils reproduisent moins facilement & moins abondamment.

LE Corps organifé reçoit par la nutrition, des molécules organiques, ou propres à s'unir à lui, & des molécules brutes, ou qui ne font pas propres à s'unir à lui. Il fépare celles-ci ou les rejette. Il s'incorpore ou retient celleslà. Mais il en retient d'autant moins, qu'il a moins befoin d'en retenir, ou qu'il eft plus avancé dans fon accroiffement. Alors le fuperflu de ces molécules eft renvoyé aux organes de la génération, comme à un dépôt commun, pour fervir à la propagation de l'efpece.

CXVIII. Les principaux phénomenes de la génération. L'origine du fætus.

LE nombre, le mouvement, & les proportions relatives des molécules organiques font la principale fource des différentes va

riétés, ou des divers phenomenes qu'offre la génération.

DANS l'union des fexes, fi les molécules que nous fournit le mále furpaffent en nombre & en activité celles que fournit la femelle, l'embryon qui en provient eft un mâle, & réciproquement.

DE là, la reffemblance plus ou moins marquée des enfans au pere ou à la mere. De là, les rapports plus ou moins prochains des Mulets aux individus qui ont concouru à leur formation.

S'IL naît un feizieme de plus en mâles qu'en femelles; c'eft que les femelles étant communément plus petites, plus foibles, & mangeant moins que les mâles, les molécules organiques qu'elles fourniffent font en plus petit nombre.

CXIX. Pourquoi les petits animaux font plus féconds que les grands. c.

LES grands animaux font moins féconds que les petits; la Baleine, l'Eléphant &c. font moins féconds que le Hareng, le Rat, &c.

La raison en eft apparemment, qu'il faut plus de nourriture pour entretenir un grand corps, que pour en nourrir un petit ; & que proportion gardée, il y a dans les grands animaux beaucoup moins de nourriture fuperflue qui puiffe devenir femence, qu'il n'y en a dans les petits animaux. Ceux-ci font doués d'organes plus fins; ils extraient ainfi moins de particules brutes, & plus de particules organiques. L'Abeille qui ne fe nourrit que du fuc le plus délicat des fleurs, extrait plus de particules organiques que le Cheval, qui fe nourrit d'herbes les plus groffieres..

LES Poiffons couverts d'écailles multiplient incomparablement plus que les Quadrupedes couverts de poils. Cela vient peut-être de ce que les écailles diminuent plus que les poils, l'évacuation qui fe fait des fucs nourriciers par la tranfpiration; & que la furabondance des molécules organiques qui en eft une fuite, favorife la multiplication.

CXX. Remarques fur ce précis du nouveau Systéme.

TELS font les principaux traits par lefquels j'ai taché de caractérifer le nouveau fyfteme

fur la génération. Je fens que ce point de vue ne lui eft pas favorable. Ces différens traits no forment pas un tout affez lié, affez harmonque, ni affez facile à faifir. Je prie donc ceux de mes Lecteurs qui voudront s'en faire unc idée plus jufte, de confulter Fouvrage même. Ils feront bien dédommagés de la longueur de cette lecture par les agrémens du ftyle, & par le grand nombre de chofes intéreffantes qui s'y trouvent répandues.

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On voit par l'expofé de ce fyftème, que les Corps organifés n'exiftoient point originairement en petit dans des germes: mais qu'ils font formés de la réunion d'un nombre déterminé de particules organiques, vivantes, atives, indejiructibles. Ces particules ne font en ellesmemes, ni végétaux ni animaux ; mais elles font propres à compofer des végétaux & des animaux. Ce font des matériaux deftinés à la conftruction de ces différens édifices. La main invifible qui met ces matériaux en œuvre, eft une force fecrette, qui, comme celle de la gravité, pénetre les maffes, mais qui n'agit point par impulfion, comme les forces mécha niques, Suivant les lieux & les circonftances

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