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microfcope les portions colorées, pour tâcher de découvrir à l'aide de cette coloration, les communications les plus fecrettes. Je n'ai pu

faire que quelques pas dans cette belle carriere, & j'ai regretté vivement qu'il ne me fût pas permis de m'y enfoncer. Je ne regrette pas moins que les occupations actuelles de M. de SAUSSURE ne lui permettent pas de reprendre fon travail fur les feuilles que n'aurions-nous : point à attendre de fa patience & de fa fagacité!

IL termine fes belles obfervations par une conclufion générale que je ne puis m'empêcher de tranferire, parce qu'elle préfente un précis clair & fuccinct de l'idée qu'il s'eft formée de l'économie végétale.

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Tous ces faits, dit-il (1), ne confirmentpas que les fucs imbibés par les racines, pompés par le tronc, le tronc, portés par les branches jufqu'aux pédicules des feuilles, & diftribués de-là à toutes les nervures de ces feuilles, paffent de ces nervures dans les réseaux du » parenchyme & de l'écorce, y reçoivent leur derniere élaboration, s'y dépouillent de leurs » parties fuperflues, qui paffent dans les orga

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(1) Obf. fur l'écorce des feuilles, page 88.

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nes excrétoires; & que ces réseaux devenant à leur tour premieres voies des alimens, reçoivent & préparent ceux qu'ont puifé dans l'air les organes abforbans?"

Je ne puis paffer ici fous filence une autre découverte importante de M. de SAUSSURE, qui concerne les pétales ou les feuilles des fleurs. Il ne leur a point trouvé de glandes corticales, & ce nouveau caractere eft bien propre à les diftinguer des autres feuilles des Plantes. Il faut rapprocher cette obfervation de M. de SAUSSURE des expériences que j'ai faites fur les pétales, & qui font rapportées, Art. VIII de mon Livre. Je n'en tirerai aucune conféquence, parce que mes expériences fur les pétales n'ont point été affez multipliées.

I I I.

Nouvelles Expériences pour prouver que la furface inférieure des feuilles des Arbres ne fauroit refifter à l'action continuée du foleil comme la furface oppofée. Altération finguliere que le coton imbibé d'eau produit dans les branches dans les feuilles.

IL me femble que j'ai affez bien prouvé dans mon Livre, que la furface inférieure des

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feuilles des Arbres n'eft pas feulement deftinée à pomper l'humidité qui s'éleve de la terre & celle qui eft répandue dans l'air; mais qu'elle eft encore le principal organe de cette tranfpiration infenfible & très - abondante, qui n'eft pas moins néceffaire que la fuccion à la vie de la Plante. Cette furface qui exerce des fonctions fi importantes, n'a rien néanmoins qui frappe. les yeux du fpectateur. Elle n'a point ce beau luftre, ce vernis brillant qui pare tant la furface fupérieure, & qui eft un des grands ornemens de la Nature. Mais l'ufage de ces vernis fi luftrés ne se borne point à réjouir nos yeux: il m'a paru avoir des utilités plus réelles; car par-tout dans la Nature l'utile eft joint à l'agréable: j'ai cru m'ètre affuré qu'il fervoit principalement à défendre les feuilles contre les ardeurs du foleil, & que la furface fupérieure étoit ainfi une forte d'abri à l'ombre duquel la furface inférieure exerçoit en fûreté fes diverfes fonctions. Auffi la furface fupérieure eft-elle toujours tournée vers le plein air; & fi par quelque accident cette direction naturelle des. feuilles vient à changer, elles favent la reprendre d'elles-mêmes par un mouvement qu'on diroit fpontané. Ainfi la furface inférieure n'est pour l'ordinaire que peu ou point expofée au

foleil elle regarde ordinairement le terrein ou l'intérieur de la Plante.

J'AI été curieux de m'affurer par une expérience directe, s'il étoit, en effet, bien vrai que la furface inférieure n'étoit pas capable de réfifter long-temps à l'action immédiate du foleil. J'avois donc ajulté des feuilles de Prunier de maniere que leur furface inférieure fut toujours expofée au foleil, & qu'elles ne puffent jamais fe retourner. J'ai raconté, Art. XCIV, le fuccès de cette expérience, qui avoit pleinement répondu à mes vues. J'ai dit que la furface inférieure s'étoit infenfiblement altérée; qu'elle avoit changé peu-à-peu de couleur, qu'elle avoit pris un œil livide, & qu'elle m'avoit paru fe deffécher. J'en avois conclu, qu'il étoit donc bien important à l'économie végétale, que les feuilles pulent fe retourner d'elles-mêmes pour reprendre leur direction naturelle & garantir ainfi leur furface inférieure de l'action trop longtemps continuée de l'altre du jour.

CETTE expérience étoit bien du nombre de celles qui méritoient le plus d'être répétées. Je l'ai donc répétée dans l'Eté de 1777, à l'occafion de la réimpreffion de mon Livre; & pour le faire avec plus de facilité, j'y ai employé

des planchettes de bois femblables à celle qui eft représentée, Pl. XIX de mon ouvrage. Ces planchettes mobiles fur leur pied font très-commodes pour l'Obfervateur, parce qu'il peut les élever ou les abaiffer à volonté, felon que l'exigent la hauteur & la pofition des branches.

Je me fuis d'abord adreffé aux feuilles qui avoient fait le fujet de ma premiere expérience, je veux dire, à celles du Prunier: & comme il s'agiloit d'expofer la furface inférieure de ces feuilles à la plus grande ardeur du foleil, j'ai choifi un Prunier tourné au midi. Mais craignant avec fondement que le bois de la planchette ne s'échauffat trop, & qu'il ne nuifit ainfi aux feuilles que j'y appliquerois immédiatement, je me fuis avifé d'étendre une couche de coton fur la planchette, & ç'a été fur ce coton que j'ai appliqué les feuilles par leurs. furfaces fupérieures. Pour y parvenir, je n'ai eu qu'à coucher fur la planchette, fituée horifontalement, la petite branche qui portoit les

feuilles que je voulois mettre en expérience. J'ai ajusté ces feuilles de part & d'autre de la branche, de maniere qu'elles ne fe recouvroient point, & je les ai retenues dans cette pofition à l'aide d'un fil délié, qui en faifant plufieurs circonvolutions, autour de la planchette, a fervi

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