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de bride aux feuilles & les a empêché de fe

retourner.

J'AI commencé cette expérience le r4 de Juillet. Pendant le refte du mois & tout le mois fuivant, la chaleur a été très-considérable. Le thermometre placé à l'ombre, a marqué fouvent le vingt-deuxieme, le vingt-troifieme, le vingt-quatrieme degré. Il s'eft même élevé deux fois jufqu'au vingt-cinquieme, & un peu plus; & la féchereffe a été conftante. Je ne pouvois donc rencontrer une faifon plus favorable à ce genre d'expérience.

Au bout de deux jours, j'ai apperçu une altération très-fenfible dans la furface inférieure des feuilles. Elle paroiffoit tendre au defféchement mais ce qui m'a le plus frappé, c'est que la branche elle-même paroiffoit fouffrir beaucoup elle tendoit auffi au deffèchement ; & ce qui étoit plus remarquable encore, elle avoit commencé à noircir, & fembloit comme brûlée çà & là, dans toute la portion de fa longueur qui repofoit fur la couche de coton. La fommité de la branche, qui débordoit le coton, ne montroit aucune altération, non plus que les feuilles qui tenoient à cette fom

LE 17 de Juillet, & les jours fuivans, l'altération a fait de nouveaux progrès, foit dans branche, foit dans les feuilles. Celles-ci ont paru fe deffécher de plus en plus; & même dans leurs deux furfaces. Les pédicules ont noirci. Toute la partie de la branche qui repofoit fur le coton, a pris une teinte de noir plus foncée: les fibres de l'écorce fe font montrées fous l'afpect de petites rides longitudinales. Mais, ce qu'il importe le plus que je faffe remarquer; c'eft que ces altérations fi confidérables de la branche & des feuilles, étoient exactement renfermées dans l'étendue de la couche de coton. Tout ce qui débordoit cette couche paroiffoit fain. Il faut même que l'altération de la branche ne fût pas profonde, puifque les feuilles de fa fommité ne fembloient point du tout fouffrir. Au refte, j'avois laiffé ces jeunes feuilles à elles-mêmes, & je n'avois affujetti fur le coton que celles qui étoient parvenues, ou à-peu- près à leur parfait accroiffement.

Je ne poufferai pas plus loin le récit de ctte expérience. Il me fuffira de dire, que dans le cours des mois d'Août & de Septembre, le dépériffement de la branche & des feuilles a augmenté graduellement. La branche cft

tombée enfin dans une forte de marafme; il en a été de même de la plupart des feuilles, & plufieurs fe font détachées de la branche. Mais le mal ne s'eft point propagé vers l'origine de la branche, & n'a point outrepaffé de ce côté-là le bord de la couche de coton.

Le jour que j'avois commencé cette expérience fur les feuilles de Prunier, j'en avois commencé une femblable fur les feuilles de PAbricotier.

LE 16, ces feuilles ne montroient encore aucune altération fenfible non plus que la jeune branche qui les portoit. Je ferai remarquer ici au fujet des feuilles de l'Abricotier, que leur furface inférieure n'est point inégale comme celle des feuilles du Prunier; elle eft très-unie, très-liffe, & un peu luftrée; mais elle ne l'eft pas à beaucoup près autant que la furface oppofée, & fa couleur eft plus ou moins pâle.

LES jours fuivans, j'ai commencé à appercevoir quelque altération dans les feuilles qui repofoient fur le coton: cette altération a accrû graduellement, & m'a offert des particularités qui ont fort excité mon attention. J'ai remarqué fur les feuilles des taches oblongues, plus

u moins confidérables, & qui étoient bordées d'une bande noire. La feuille paroiffoit comme deféchée au centre de chaque tache; elle y avoit pris une couleur feuille-morte. Ces taches reffembloient beaucoup à celles qu'on voit fi fréquemment fur les feuilles de la vigne qui ont fouffert l'altération que les cultivateurs nomment fouine ou brûlure.

Ce genre fingulier d'altération a fait journellement de nouveaux progrès : il a auffi attaqué la branche elle-même, qui a un peu noirci çà & là, mais moins que celle du Prunier : & dans la branche & les feuilles de l'Abricotier comme dans celles du Prunier, l'altération a été conftamment renfermée dans l'étendue de la couche de coton.

Je n'ai pas tardé à attribuer au coton la cause secrette de ces diverfes altérations. Je le trouvois toujours plus ou moins humecté par a rofée, lorfque je venois le matin obferver mes feuilles. J'ai donc conjecturé, que l'eau dont il étoit imbibé, étant échauffée & réduite en vapeur par le foleil, produifoit ces différentes altérations. Cet effet remarquable, que je n'avois pas prévu, nous conduit à tenter en

genre de nouvelles expériences, qui très

probablement ne feroient pas inutiles à l'agriculture. Je ne les négligerai pas, fi mes circonftances me le permettent. Elles pourroient nous conduire à découvrir la véritable caufe de la maladie qui fait fouvent bien des ravages dans la vigne, & les meilleurs moyens de l'en préferver.

PERSUADE de plus en plus que je devois attribuer au coton imbibé des vapeurs de la nuit, la caufe fecrette des altérations que j'obfervois, j'ai imaginé de le renfermer entre deux doubles de fort papier blanc ; & ç'a donc été immédiatement fur le papier que j'ai couché d'autres jeunes branches de Prunier & d'Abricotier. J'ai commencé cette expérience le 19 de Juillet.

J'AI eu bientôt la preuve de la vérité de ma conjecture. Les branches & leurs feuilles n'ont jamais noirci, & ne m'ont jamais offert les mêmes genres d'altération que j'avois obfervés dans celles de l'expérience précédente. Mais fur la fin du mois, la couleur de la furface inférieure des feuilles de Prunier a commencé à changer fenfiblement. Ce changement me frappoit davantage, lorfque je comparois ces feuilles avec celles qui les avoifinoient & qui avoient

été

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