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profondi cette matiere, & donné les meilleu res régles pour procéder bien dans les expériences thermométriques. Confultez en particulier les paragraphes quatre cent trente-trois & fuivans de fon important ouvrage, fur les modifications de l'Atmosphere, publié à Geneve en 1772. On fait combien la patience, l'adreffe & la fagacité de l'Auteur brillent dans cet écrit, honoré d'ailleurs de l'approbation d'une des plus illuftres Académies de l'Europe.

JE placerai ici quelques obfervations thermométriques que j'ai moi-même faites pendant 'Eté de 1777, dans la vue de comparer exactement la chaleur directe du foleil avec celle qu'on éprouve à l'ombre. Elles fuffiront pour prouver combien M. BoN s'étoit trompé dans fes résultats. Mes thermometres, conftruits fur les principes de M. de REAUMUR, font de mercure, bien calibrés & bien purgés d'air. Le tube eft appliqué fur une planchette de bois de fapin, & fon extrémité inférieure déborde celle de la planchette d'environ huit à dix lignes. La boule eft donc parfaitement ifolée, & ne fauroit participer le moins du monde à la chaleur que contracte le bois. De pareils thermometres ont été mis en expérience fur deux faces oppofécs d'un grand If taillé en

pyramide, & planté au milieu de la terraffe de ma maifon à Genthod. Et afin que les thermometres ne repofaffent pas immédiatement contre l'If, & ne participaffent que le moins qu'il feroit poffible à la chaleur qu'il pouvoit refléchir, j'ai fiché horifontalement dans fon épaiffeur, à la hauteur de cinq à fix pieds au-deffus du terrein, de petites tringles de bois d'environ un pied & demi ou deux de longueur, & ç'a été à l'extrémité de ces tringles que j'ai fufpendu mes thermometres. Les uns étoient expofés au midi, & au foleil direct; les autres au nord, & à l'ombre. Un coup-d'œil jetté fur la table fuivante, fera juger des résultats.

Juill. 17. 1 h. th. à l'omb. 25 deg. I tiers.

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au fol. 27. 2 tiers.

19. 1 h....à l'omb. 23

...

au fol. 24

22. 3 h.... à l'omb. 21... & demi. au fol. 24

23. I h.... à l'ombr. 21

au fol. 26

Août 8. I h. à l'ombr. 20 deg. I tiers. au fol. 25

Barom. 27. P.

12. 2 h. à l'ombr. 23.

au fol.

29

13. I h. à l'omb. 23
au fol. 27

2 tiers

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On voit par cette table, que le 23 de Juillet, le thermometre placé à l'ombre fe tenoit cinq degrés plus bas que celui qui étoit expofé au foleil, & que le 12 d'Août, la différence entre les deux thermometres alloit jufqu'à fix degrés. Je favois néanmoins que de bons. Obfervateurs n'avoient trouvé cette différence que de deux à trois degrés. J'en conclus donc, que malgré les précautions que j'avois prifes pour ifoler mes thermometres, la chaleur de l'If fe faifoit encore fentir au thermometre expofé au midi. Je pris donc un troisieme thermometre que je fufpendis à un fil fur la même terrafle, & à deux toifes de l'If, & que je laiffai expofé au foleil direct pendant cinq à fix minu tes, & à la même élévation au-deffus du terrein. La table qui fuit, préfente les réfultats de ces nouvelles obfervations.

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Août 13. 1 h. th. à l'omb. 23 deg. I tiers.

Barom. 27. p.

11. 3 quarts.

au fol. 27 2 tiers.

au fol. plus ifolé. 25

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14. I h..... à l'omb. 23... I tiers. au fol. 27... & demi.

au fol. plus ifolé. 25... & demi.

.. 2 h..... à l'omb. 24

au fol.

28... & demi.

au fol. plus ifolé

25... & demi.

AINSI la chaleur directe du foleil en Eté ne difere que très-peu dans nos contrées de celle qu'on éprouve à l'ombre ; & l'on peut juger par cette derniere table, combien on doit fe rendre attentif dans les obfervations thermométriques, à l'influence fecrette des abris. Un If ne paroit gueres propre à réfléchir à un pied & demi une chaleur fenfible ; & pourtant on voit par mes tables qu'il influoit bien plus qu'on ne l'eût foupçonné fur l'élévation du thermometre. Ceci me donne lieu de propofer aux Phyficiens d'inftituer une fuite d'expériences directes pour déterminer d'une maniere plus ou moins précife, le degré d'influence des abris & de différens abris fur l'élévation du thermometre. Je dirai comment je conçois

qu'on devroit procéder dans ces expériences. Il faudroit fe procurer un certain nombre de thermometres bien calibrés & exactement comparatifs; les ranger tous fur la même ligne & à la même hauteur, à l'expofition du midi, & placer derriere ces thermometres à différentes diftances déterminées, des planchettes de bois de fapin bien uni, les unes verticales, les autres plus ou moins inclinées en divers fens, & tenir un régiftre exact des degrés de tous ces thermometres : & parce que la nature particuliere des abris peut influer fur le degré de chaleur comme leur pofition & leur distance; je voudrois qu'on plaçât derriere les thermometres des planchettes de différens bois plus ou moins durs, & plus ou moins polis. Je voudrois encore qu'on employât des planchettes de matieres plus dures que le bois, & fufceptibles d'un plus beau poli, comme les pierres & les métaux. Des vernis de différentes qualités pourroient encore donner des réfultats intéreffans. De femblables expériences ne font pas indifférentes au perfectionnement de l'Agriculture & de la Phyfique générale, & il feroit poffible qu'elles nous manifeftaffent dans certains corps des propriétés fecrettes qu'on n'y avoit pas foupçonnées.

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