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TOUT ce que j'ai expofé dans cet Ouvrage fur la Génération des Animaux, s'applique na

Ami. Mais il m'auroit conduit trop loin, & j'aurois eu d'ailleurs à craindre de ne pas rendre avec affez d'exactitude les résultats de cette foule innombrable de détails anatomiques qu'on trouve dans fes deux Ecrits. Je fuis donc forcé d'y renvoyer mon Lecteur. Il pourra fe borner à confulter l'Article de l'Encyclopédie que j'ai cité, & qui eft très-bien fait. L'Auteur s'y déclare pour l'hypothese des Germes monitrueux, & y produit des Monttres, qu'il avoit lui-même diflèqués, & qui lui paroiffent abfolument inexplicables par l'hypothefe des caufes accidentelles. Mais il admet, comme MM. WINSLOW & MORAND, cette derniere hypothese pour l'explication de plufieurs autres Efpeces de Monitres, où l'influence des caufes perturbatrices lui paroît manifefte. On remarquera néanmoins, qu'il n'entreprend point d'expliquer, ni par l'une ni par l'autre hypothese, la propugation des Monftres, & je regrette qu'il ne s'en foit pas occupé.

Ce n'est point à moi à prononcer fur les opinions anatomiques de l'illuftre HALLER, touchant l'origine des Monstres: il ne peut être bien jugé que par le très-petit nombre des Phyfiologiftes, fes pareils. Mais je dirai bien, que la grande question dont il s'agit, me paroît interminable par nos connoiffances actuelles. Nous ne faurions pénétrer affez avant dans la structure primordiale des Germes, ni remonter aflez haut dans leurs premiers développemens. J'ajouterai feulement une nouvelle confidération en faveur des caufes accidentelles; c'eft celle que me fournit l'admirable reproduction de la tete du Limaçon, & des membres de la Salamandre. Il arrive quelquefois, que les parties reproduites font monstrueuJes; & il eft affez manifefte, que ces monftruofités, pour ainli dire artificielles, tiennent principalement aux circonftances particulieres de l'opération, ou à la maniere dont l'inf Tome VI

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turellement à celle des Végétaux. Rien ne prouve mieux l'analogie de ces deux claffes d'Étres or

trument a agi, à fa direction & à l'endroit fur lequel il a porté. J'en ai indiqué des exemples dans mes Mémoires.

M. de HALLER avoit beaucoup infifté auprès de moi dans fes Lettres fur des Poiffons & des Homars hermaphrodites; & en particulier fur un Papillon Male d'un côté & Femelle de l'autre, obfervé par M. SCHEFFER. Ces hermaphrodites f remarquables lui paroiffent des preuves démonstratives de Germes abfolument originaires. Je ne pouvois opposer à ces faits, que des doutes, à la vérité bien légitimes, sur l'exactitude des obfervations. Le Papillon vraiment hermaphrodite, m'étoit fur-tout fufpect. Combien eft-il facile de se méprendre fur de fi petits objets! M. de HALLER repliqua : M. SCHEF, accoutumé aux microscopes, n'a pas dù fe tromper: le Papillon androgyne n'avoit befoin que de la vue fimple » pour être reconnu. Il eft foutenu d'ailleurs par les Homars & Poiffons androgynes. Ces androgynes me paroiffent inex"plicables par le fyftême des accidens ". On juge bien que eette replique ne fuffifoit pas à diffiper mes doutes.

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Dans une autre Lettre du 27 de Mại 1766, M. de HALLER me difoit encore: Prenez garde, qu'il est bien dangereux L'admettre la formation d'un doigt par accident. S'il peut se former un doigt, il fe formera une main, un bras, un Homme. Je répondis à mon refpectable Ami. Vous avez raison, & j'ai ,, rebattu cent fois là deffus. J'y appuyois beaucoup auprès ,,de vous, lors même que vous penfiez voir une glu se figer », & s'organiser, & que l'épigénese vous plaifoit le plus. [Corps organ. Art. CLV:] Mais prenez garde, à votre tour, que je n'ai jamais fait former la moindre chose par » accident. J'ai admis & foutenu conftamment la préformation de tout ce qui eft vraiment organique. M. de MAIRAN me faifoit la même remarque que vous, & il eut la même , réponse. Ses objections contre le fixieme doigt, ne portent » que fur la greffe de LEMERY. Je n'ai pas recouru à cette a greffe ; j'ai demandé feulement, fi des caufes accidentelles

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avant la fécondation, la plantule préexifte pareillement dans la graine, & la pouffiere des étamines n'eft que le principe de fon développement. Je l'ai montré dans l'Art. CLXXVIII (1).

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Animaux font obfcures; mais ce que nous connoiffons à » cet égard des Plantes, eft plus certain. La ftructure de la Plante-mere eft plus fenfible dans la Plante reproduite; car la Plante-bâtarde conferve la fécondité de fa Mere; elle "ne la tient pas même de la Plante måle, & les Plantesbátardes reprennent fpontanément par la fuite la nature de la Plante-femelle, au point qu'elles lui reffemblent profque ,, parfaitement par leur ftructure. Et il eft fouvent arrivé » que la femence du Mâle n'a prefque rien changé à la » fabrique maternelle ".

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M. ADANSON, qui s'eft auffi occupé de cette matiere, a fait diverfes expériences qui lui out paru prouver, qu'il n'y a point proprement de tranfmutation d'Efpeces chez les Végétaux; & que tout ce qu'on obtient par la fécondation artifi cielle des pouffieres d'efpeces les plus voifines, fe réduit à de' fimples variétés plus ou moins, durables, ou à différentes fortes de monftruofités. Mais il a toujours vu les Plantes bâtardes revenir peu à peu à l'efpece maternelle. On peut voir les détails de ces expériences dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris, pour l'année 1769, page 31.

Ainfi les expériences de M. ADANSON, comme celles de M. KOLREUTER, concourent à établir la préexistence du Germe dans la graine. Mais je dois avertir le Public qu'il verra bientôt de nouvelles recherches fur ce fujet, qui lui ap. prendront des faits finguliers qui n'avoient pas été prévus, & qui femblent contredire d'autres faits fur la certitude defquels on n'avoit en jufqu'ici aucun doute. C'eft à la fagacité de mon célebre Ami, l'Abbé SPALLANZANI, que les Naturaliftes feront redevables de ces découvertes. J'en ai déja dit un mot dans la feconde note fur l'Art. CLXXVIII.

(1) tt Confultez fur-tout la feconde note que j'ai ajoutée à

J'AI déja traité affez à fond des reproductions des Végétaux (1): je devrois maintenant traiter des variétés qu'on obferve dans leur fécondation & dans leur génération, paffer enfuite aux monftruofités de tout genre qu'ils nous offrent, & prouver ainfi par de nouvelles recherches l'univerfalité de la loi de l'évolution. Ce fera peut-être le fujet d'un troifieme Volume, où après avoir expofé, comme dans un tableau, les différentes manieres dont les Animaux & les Végétaux parviennent à l'état de perfection, je tâcherai d'approfondir davantage la méchanique de l'accroiffement (2).

A Geneve, le 22 de Février 1762.

cet Article, & où j'indique les preuves les plus directes de la préexistence du Germe dans la graine. Je dois renvoyer encore mon Lecteur à un affez grand Mémoire fur la fécondation des Plantes, que j'ai publié dans le Journ. de Phyf. Octobre 1774, & où j'ai effayé d'appliquer mes principes à la génération es Végétaux.

(1) Voyez le Chapitre XII du Tome I.

(2) tt Voy. la Partie X de la Contemplation, & la Partie XI de la Palingénéfie

FIN du fixieme Volume,

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TABLE

DES CHAPITRES ET ARTICLES

Contenus dans ce fecond Tome fur les Corps
organisés.

CHAPITRE

PREMIER.

Expofition abrégée de divers faits concernant
les boutures & les greffes animales.

Obfervations fur la reproduction des Vers
de terre, fur celle des Vers d'eau douce,

&fur la régénération des pattes de PE-
creviffe.

celle de la Génération.

CCXLIV. Expériences de l'Auteur fur la repro-

Veduction des Vers de terre.

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