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parts, & la diverfité des chofes qui Penvironnoient eut dequoy occuper long-temps fa curiofité. Seigneur Ecolier, luy dit le Demon, cette confufion d'objets que vous regar dez avec tant de plaifir eft à la vérité tres-agreable à voir; mais pour vous donner une parfaite connoiffance de la vie humaine, il faut que je vous explique ce que font toutes ces perfonnes que vous voyez. Je vais vous reveler les motifs de leurs actions & leurs plus fecrettes pensées.

Confiderez d'abord dans cette maison à droite ce vieillard qui compte de l'or & de l'argent, c'est un avare. Admirez ce vieux fou; avec quel plaifir il contemple fes richeffes! il ne peut s'en raffafier. Mais regardez en même temps ce que font fes heritiers dans la chambre prochaine; ils ont fait venir fecrettement une forciere pour luy demander quand il mourra. Remarquez dans la maifon voifine cette vieil

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le Coquette qui fe couche aprés avoir laiffé fes cheveux, fes fourcils & fes dents fur fa toilette. Voyezvous plus loin ce Galand fexagenaire qui revient de faire l'amour? il a déja ôté fon œil & fa mouftache poftiches & fa perruque qui cachoit une tête chauve; il attend que fon valet lui ôte fon bras & fa jambe de bois pour se mettre au lit avec le refte.

Jettez les yeux fur cet Hôtel magnifique, vous y verrez un grand Seigneur couché dans un fuperbe appartement. Il a prés de lui une caffette remplie de billets doux. Il les lit pour s'endormir voluptueufement, car ils font d'une Dame qu'il adore & qui luy fait faire tant de dépenfe, qu'il fera bien-tôt réduit à folliciter une Viceroyauté. Remarquez dans la maifon prochaine à main gauche Dona Fabula qui vient d'envoyer chercher une Sagefemme; elle va donner un heritier à Dom Torribio fon mari. N'étes

vous pas charmé du bon naturel de ce Cavalier? Les cris de fa cherc moitié lui percent l'aine; il eft pénetré de douleur; il fouffre autant qu'elle; avec quel foin & quelle ardeur il s'empreffe à la fecourir! Effectivement, dit l'Ecolier, voilà un homme bien agité; mais en récompense j'en apperçois un autre qui dort fort tranquillement dans cette même maison, fans se soucier du fuccez de l'affaire. La chofe le regarde pourtant, reprit le Boiteux, c'eft un domeftique qui eft la caufe premiere des douleurs de fa Maîtreffe. Regardez au delà cet hypocrite qui fe frotte de vieux oing, pour aller à une aflemblée de forciers qui se tient cette nuit entre S. Sebastien & Fontarabie. Je vous y porterois tout à l'heure pour vous donner cet agreable paffe-temps, fi je ne craignois d'être reconnu du Demon qui y fait le bouc. C'est un coquin qui me trahiroit; il ne manqueroit pas de donner avis de ma fuite à nôB

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tre Magicien. Ce Diable & vous, dit l'Ecolier, vous n'étes donc pas bons amis? Non vrayement, repar tit Afmodée; il y a deux ans que nous eûmes ensemble à Paris un démêlé pour un enfant de famille qui fongeoit à s'établir. Nous prétendions tous deux en difpofer; il en vouloit faire un Commis; j'en vou>> lois faire un homme à bonnes fortunes; nos camarades en firent un mauvais Moine pour finir la difpu te. Aprés cela on nous reconcilia, nous nous embrassâmes; depuis ce temps-là nous fommes ennemis mortels.

Laiffons-là cette belle affemblée, dit D. Cleofas, & continuons d'e xaminer ce qui fe paffe en cette Ville. J'y contens, reprit le Diable, rions un peu de ce vieux Muficien qui chante une chanson paffionnée à fa jeune femme. Il veut qu'elle en admire l'air qu'il vient de compofer; mais elle en aime mieux les paroles, parce qu'elles font d'un beau

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Cavalier dont elle eft aimée & qui les a données à fon mari pour les mettre en chant. Mocquons- nous de ce..... Attendez, je vous prie, interrompit Dom Cleofas, apprenezmoy auparavant ce que fignifient ces étincelles de feu qui fortent de cette cave? C'est une des plus folles occupations des hommes, répondit le Boiteux. Celui que vous voyez dans cette cave auprés de ce fourneau embrafé eft un fouffleur. Le feu confume peu peu fon riche patrimoine & il ne trouvera jamais ce qu'il cherche, parce qu'entre nous la pierre philofophale n'eft qu'une belle chimere que j'ay forgée moymême pour me jouer de l'efprit humain qui veut paffer les bornes qui lui ont été prefcrites. Et qui font, reprit l'Ecolier, ces femmes que je vois à table dans la maifon voisine? Ce font deux fameufes Courtifanes, repartit le Diable, & ces deux Cavaliers qui font la débauche avec elles font deux des plus grands SeigB 2

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