Tu fçais que Merion, à mon retour d'Afie, N'a pû de deux beaux yeux foutenir les regards, SOPHRONYME. Quoi, Seigneur, vous aimez ? & parmi tant de maux ? IDOME' NE'E. Cet amour dans mon cœur s'eft formé dès Sa mos. Merion, incertain du fuccès de fes armes, Mais Venus, attentive à se venger de moi, Fait bientôt dans mon cœur céder l'amant au Roi. J'immolai Merion; & ma naissante flamme Tome Lo B En vain en fa faveur combattit dans mon ame mour: Si depuis mes malheurs je ne l'ai pas vû naître, Malgré mes maux du moins je le fens bien s'ac-croître. SOPHRONY ME. Menacé chaque jour du fort le plus affreux, Nourriffez-vous, Seigneur, un amour dangereux ? IDOME' NE' E. Je ne le nourris point, puisque je le déteste. C'étoit des Dieux vengeurs le coup le plus funefte. Que n'a point fait mon cœur pour affoiblir le trait ! Je vois mon fils: laiffons cet entretien fecret- SCENE II I.. IDOME' NE'E, IDAMANTE, SOPHRONYME, POLYCLETE. Q IDOME'NE' E. UE cherchez-vous, mon fils, dans cette affreufe nuit ? LD AMANTE.. Long-tems épouvanté par un horrible bruit, Tremblant pour des malheurs qui redoublent fans ceffe, Sans repos, toujours plein du trouble qui vous preffe, Alarmé pour des jours fi chers, fi précieux, yeux? Seigneur, qu'ai-je donc fait ? vous craignez ma préfence? Quel traitement après une fi longue abfence? I.DOM.E' NE' E.. Non, il n'eft pas pour moi de fpectacle plus doux Mon fils: je ne fçai rien de plus aimé que vous Mais je ne puis vous voir, que mon cœur ne frẻmiffe. Je crains le Ciel vengeur, & qu'il ne me ravisse Un bien .. IDAMANT E. · Ah! puiffe-t-il aux dépens de mes jours, A des maux fi cruels donner un prompt fecours! La mort du moins, Seigneur, finiroit mes alar mes, Vous ne paroiffez plus fans m'arracher des larmes: Vous vous faites des maux qu'il ne veut pas vous faire. Il vous rend à mes pleurs, quand je vous crois perdu; M'ôterez-vous, Seigneur,le bien qu'il m'a rendu? IDOME' NE'E. Ah! mon fils, nos malheurs ont laffé ma constance, Et de fléchir les Dieux je perds toute espérance. Trop heureux fi le Ciel, fecondant mes fou haits, Me rejoignoit bientôt à mes triftes fujets! IDAMANTE. Pour eux plus que le Ciel vous feriez inflexible; Si vous leur prépariez un malheur fi terrible. Tous les Dieux ne font point contre vous, ni contr'eux, Puifqu'il nous refte encore un Roi fi généreux, Confervez-le, Seigneur,& terminez nos craintesPeut-être que le Ciel,plus fenfible à nos plaintes, Va s'expliquer bientôt, & fléchi déformais... IDOME' NE'E. Ah! mon fils, puiffe-t-il ne s'expliquer jamais! Adieu. SCENE I V. IDAMANTE, POLYCLETE IDAMANTE. DE cet accueil qu'attendre Polyclete? Que ce filence affreux me trouble & m'inquiete ! Que m'annonce mon pere? il me voit à regret : Auroit-il pénétré mon funefte fecret? Sçait-il par quel amour mon ame est entraînée? Hélas! bien d'autres foins preffent Idoménée, |