D'un attrait fi puissant, eh! comment fe défen dre? Mon amour malheureux vouloit fe faire entendre. Mais quel trouble inconnu remplit, mon cœur d'effroi ? Cherchons dans ce Palais à rejoindre le Roi. Allons; bientôt la nuit, meins terrible & moins fombre, Va découvrir les maux qu'elle cachoit dans l'ombre. Ces lieux font éclairés d'un trifte & foible jour : Egéfippe déja doit être de retour. Suis moi, près de mon pere il faut que je me rende. Sçachons pour s'appaifer ce que le Ciel demande. Quel préfage! & qu'attendre en ces funestes lieux ? Si tout jufqu'à l'Amour fert au courroux des Dieux. Fin du premier Acte Lieux cruels, foutenez ma fureur chancelante. Lieux encor teints du fang qui me donna le jour, Du Tyran de la Crete infortuné féjour, Ou faut-il qu'en des lieux remplis de ta ven geance, Les cœurs ne puiffent plus brûler dans l'inno◄ cence. Laiffe au fang de Minos fes affronts, fes horreurs ; Sur ce fang odieux fignale tes fureurs : Laiffe au fang de Minos Phedre & le labyrinthe, Au mien fa pureté, sans tache & sans atteinte. IS MENE. Madame, quel transport! qu'entends-je ! & quels difcours ! Quoi vous vous reprochez de coupables amours! ERIXEN E. Tout reproche à mon cœur le feu qui me dévore; Enfin ce cœur fi fier brûle pour Idamante. ISMEN E. Vainqueur de votre pere...... ERIXEN E. Ifmene, ce vainqueur Scut fans aucun effort fe foumettre mon cœur. Je me défiois peu de la main qui m'enchaîne, Ayant tant de fujets de vengeance & de haine ; Ni qu'Idamante en dût interrompre le cours, Avec tant de raifons de le haïr toujours. Comptant fur ma douleur, ma fierté, ma colere, Et pour tout dire, enfin, fur le fang de mon pere: Et mon pere en mes bras ne faifoit qu'expirer, Lorfqu'un autre que lui me faifoit foupirer. A des yeux encor pleins d'un fpectacle effroya ble, Idamante parut, & parut trop aimable. ISMEN E. Votre cœur fans regret ne peut donc triompher D'un feu qu'en fa naiffance il falloit étouffer? Ah! du moins, s'il n'en peut dompter la violence, Faites à vos transports fuccéder le filence. ERIXEN E. Si je craignois qu'un feu, déclaré malgré moi, Dût jamais éclater devant d'autres que toi ; Dans la nuit du tombeau toujours prête à defcendre, J'irois enfevelir ce fecret fous ma cendre. Quoiqu'à mes yeux, peut-être, Idamante ait trop plû, Il me fera toujours moins cher que ma vertu. D'un amour que je crains il aura tout à craindre: Avec ma haine feule il feroit moins à plaindre. |