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Mais fi l'aimer, Seigneur, est un si grand for

fait,

L'Amour m'en punit bien par les maux qu'il me

fait.

IDOME' NE'E.

Voilà l'unique fruit qu'il en falloit attendre. D'un amour criminel qu'ofiez-vous donc prétendre ?

Et quel étoit l'efpoir de vos coupables feux, Quand chaque jour le crime augmentoit avee eux ?

Qu'Erixene à mes yeux fût odieuse ou chere,
Vos feux également offençoient votre pere.
Je veux bien cependant, juge moins rigoureux
Vous en accorder, Prince, un pardon généreux :
Mais pourvu que votre ame,à mes defirs foumife,
Renonce à tout l'amour dont je la vois éprise.

IDAMANTE.

Ah! quand même mon cœur oferoit le vouloir,
Aimer ou n'aimer pas eft-il en mon pouvoir?
Je combattrois en vain une ardeur téméraire:
L'Amour m'en a rendu le crime néceffaire.
Malgré moi de ce feu je vis mon cœur atteint;
Peut-être malgré moi je l'y verrois éteint.
Mais ce cœur, à l'Amour que je n'ai pû fouftrairo,
Dans le rival du moins aime toujours un pere
Par un nom fi facré tout autre fufpendu..

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IDOME' NE'E.

Dans le nom de rival tout nom eft confondu. Vous n'êtes plus mon fils; ou,peu digne de l'être, Je vois que tout mon fang n'en a formé qu'un traître.

IDAMANTE.

Où fuirai-je, grands Dieux ! de quels noms ennemis

Accablez-vous, Seigneur votre malheureux

fils?

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Ah! quels noms odieux me faites-vous entendre?

Quelle horreur pour un fils refpectueux & ten

dre!

Songez-vous que ce fils eft encor devant vous ?
Ce fils long-tems l'objet de fentimens plus doux.
Brûlant d'un feu cruel que je ne puis éteindre,
Vous me devez, Seigneur, moins haïr que me
plaindre;

Et fi ma flamme enfin eft un crime fi noir,
Vous êtes bien vengé par mon feul désespoir.
Ceffez de m'envier une importune flamme:
Odieux à l'objet qui fçait charmer mon ame,
Abhorré d'un rival que j'aimerai toujours :
Seigneur, voilà le fruit de mes triftes amours.
Mais puifque de ce feu, qui tous deux nous ani-

me,

Sur

1

Sur mon cœur trop épris eft tombé tout le

crime,

Je fçaurai m'en punir; & je sens, que ce cœur
Vous craint déja bien moins que fa propre fureur.
Déformais tout en proie au tranfport qui me
guide,

Je vous délivrerai de ce fils fi perfide.

Si mon coupable cœur vous trahit malgré moi,
Mon bras plus innocent fçaura venger mon Roi.
Ce n'eft pas d'aujourd'hui qu'il fert votre ven-
geance:

Et je vais en punir ce cœur qui vous offense.
Il tire son épée.

Soyez donc fatisfait.....

IDOMENEE l'arrêtant.

Arrêtez, furieux...

IDAMANTE.

Laiffez-couler le fang d'un rival odieux.

IDOME'NE' E.

Mon fils.......

IDAMANTE.

D'un nom fi cher m'honorez-vous encore ! Laiffez-moi me punir d'un feu qui me dévore.

IDOMENE'E.

Ma vertu jafques-là ne fçauroit fe trahir.....
Tome L

Va, fils infortuné... je ne te puis haïr.

IDAMANTE,

Ah! Seigneur....

IDOME'NE' E.

Laiffez-moi, fuyez ma trifte vûe!

Ne renouvellons plus un difcours qui me tue,

SCENE V I.

I DO ME' NE' E.

INEXORABLES Dieux, vous voilà satis

faits!

Pour un nouveau courroux vous refte-t-il des traits?

Finis tes triftes jours, pere, amant déplorable... Vengeons-nous bien plutôt,fi mon fils eft coupa

ble:

Que fçai-je fi l'ingrat ne s'eft point fait aimer ?
Sans doute, puisqu'il aime il aura fçû charmer.
Il triomphe en fecret de mon amour funeste.
Il est aimé, je suis le feul que l'on déteste.
Tout mon courroux renaît de ce feul fouvenir.
Livrons l'ingrat aux Dieux. Qui me peut rete-

nir?

Coule fur nos Autels tout le fang d'Idamante.... Coule plutôt le tien ....

SCENE VII.

IDOME'NE'E, SOPHRONYME

IDOME'NE' E.

Q

UEL objet fe prefente!

Ah c'eft toi! Quel malheur au mien peut être

égal ?

Sophronymé, mon fils....

SOPHRONYME.

Seigneur!

IDOME'N E' E.

Est mon rival,

SOPHRONYME.

Il eft temps pour jamais d'oublier l'inhumaine.
Ignorez-vous, Seigneur, le crime d'Erixene.
Celui de Merion ici renouvellé,

L'arrêt des Dieux, enfin, au peuple révélé,
Par Egéfippe inftruit ? . ».

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