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ces de cette Nation célébre, foit de la maniere de les percevoir, & des différentes perfonnes chargées de ce foin. Il me femble que ce morceau, fufceptible à la vérité de plus grands détails, embraffe ce qu'il ya de plus effentiel fur cette matiere. Il a encore l'avantage de ne rien offrir qui n'ait été puisé dans les monumens de l'Antiquité,feuls capables de donner des idées juftes fur ce point. L'Auteur,dont le nom m'eft inconnu, auroit pu remarquer combien les Finances des Romains s'accroiffoient des heureuses expéditions militaires. Rome, prefque dans les commencemens de fon origine, fit naître de la guerre différentes fources de richeffes, qu'elle ne laiffa jamais tarir dans fa plus haute puiffance. J'entrerai à ce fujet dans quelques détails, mais fans m'affujettir à l'éxactitude chronologique,

Je conviens d'abord que la pauvreté des premiers Habitans de Rome donna naissance à cette économie politique dont je vais parler. Mais elle parut fi avantageuse, que l'ufage en fut continué dans les fiécles les plus brillans de la République. Parmi les villes d'Italie, jaloufes des conquêtes de Romulus & de l'aggrandiffement des Romains, Veïes, capitale de l'Etrurie, fignala fa rivalité. Elle ne manquoit point de fe déclarer pour fes voifins attaqués par ce nouveau peuple. Romulus les ayant vaincus, leur accorda une tréve de cent ans, à condition qu'ils céderoient une partie de leur territoire, voisine du Tibre qui s'appelloit Septem Pagi, ou Sept Bourgs, & qu'ils leur laifferoient auffi des Salines qu'il y avoit à l'embouchure de cette riviere. J'avertirai ici que de toutes les conditions impofées aux peu

ples vaincus, je n'indiquerai que celles qui peuvent avoir quelqué rapport à la matiere traitée dans cet Ouvrage.

Tullus Hoftilius marcha fur les traces de Romulus. Après avoir vaincu les Sabins, il les obligea en dédommagement du gros & menu bétail qu'ils avoient pris, & de tout le refte du butin qu'ils avoient enlevé auxPayfans des terres de Rome, de payer une amende, qui feroit fixée par le Sénat Romain. Ancus Marcius, en levant le fiége de Velitres, éxigea des Volfques qu'ils répareroient tous les dommages qu'ils avoient faits, & en fit lui-même l'estimation. A leur éxemple, Tarquin l'ancien non content d'avoir obligé les habitans de Collatia, ville du pays des Sabins, de le reconnoître pour Souverain, leur impofa une amende pécuniaire. Il fit reftituer aux

Payfans tout l'argent que les Latins leur avoient extorqué, & les condamna à réparer tous les dommages qu'ils avoient faits dans leurs courfes fur le pays des Romains. Les Veïens, toujours prêts à foulever contre eux les peuples de l'Etrurie, céderent encore à la valeur de Servius Tullius qui les dépouilla d'une partie de leurs terres, & les diftribua aux nouveaux citoyens de Rome. Il fe fit fous ce Roi un changement dans les Monnoies, qui ne doit point être omis dans la Préface d'un ouvrage fur les Finances des Romains.

Ils commencerent par fe fervir de monnoies de terre cuite & de cuir. Cette derniere monnoie fut appellée Affes fcortei; elle étoit en ufage à Rome avant le régne de Numa; & felon un ancien Ecrivain, il y avoit une petite marque d'or fur ces piéces de cuir. Enfuite

Numa introduifit l'ufage des piéces de bronze, qu'on prenoit au poids en échange des marchandifes & des denrées. Cela dura jufqu'au tems du Roi Tullius, qui fut le premier fous lequel on frapa à Rome de la monnoie de bronze. Ce Prince y fit graver la figure d'un boeuf ou d'un bélier. On conjecture que les animaux qui avoient fervi de victimes pour le facrifice du Luftre, lui firent naître l'idée d'orner les monnoies de ces figures. J'ajouterai ici, qu'il n'y eut point d'autre monnoie dans cette Ville avant l'an 485. de la fondation de Rome; tems auquel les premieres piéces de monnoie d'argent furent frapées. Soixante & deux ans après, on commença d'en fraper en or. Dans ces premieres monnoies de bronze on gravoit autant de points qu'elles valoient d'onces.

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