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Des efforts que j'ai faits pour fauver à Julie Cette outrageante épreuve où la met ta folie. Tu devois l'époufer quand je ferois ici,

Tu ne peux de long-temps peut-être être éclairci
Sur quel pretexte encor pretens tu qu'on differe è
LEANDRE-

Comme depuis long-temps je medite l'affaire
Lolive s'eft-chargé...

DAMON.

Lolive eft du fecret?

Il eft en bonnes mains.

LE AND RE.

Oui, Lolive eft discres: ~

Nous avons feint tous deux qu'un petit heritage
L'obligeoit d'aller faire en Touraine un voyage
Le beau pere futur lui-même s'eft chargé
De venir du valet demander le congé.

Pour quinze jours-au plus je l'ai donné fans peine
DAMON.-

Que diable produira fon voyage en Touraine
Ton pere le voyant prendra quelque fouci...
LEANDRE.

Il ne le verra point car Lolive eft ici.

Caché dans un fauxbourg où nul ne le rencontre, Il attend le moment qu'il faut qu'il se remontre Et je viens dans l'inftant, de le faire avertir,

DAMON

Je ne vois pas à quoy cela doit aboutir.

LEANDRE

Patience, attendons.

DAMON.

Quelqu'un vient,
LEANDRE.

C'eft Lolive.

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LEANDRE, DAMON, LOLIVE en bottes avec un foüet à la main.

LOLIVE à Damon.

Ous voila de retour, il eft temps que j'arriver.
J'ai bien fait du chemin pour regagner Paris.
à Leandre.

La Touraine eft, Monfieur, un excellent païs
J'ai vû là vos parens, vos amis, vôtre pere,
Et rendu vos devoirs à vôtre belle-mere,

Qui vous aime...

DAMON..

Paffons deffus la parenté.
LOLIVE.

Pour un filong trajet me fuis je affez crotté

LEANDRE.

Ceffe de badiner, & fonge...

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Laiffez faire.

J'en donnerai, Monfieur, à garder au beau-pere
Et comme à s'attendrir par un recit touchant
Le bon homme toûjours eut beaucoup de pen-
chant,

J'en ai tenu tout prêt un tout plein d'énergie.

LEANDRE.

Mais ne va pas lâcher quelque trait de folie,
D'extravagans difcours ne prennent point les

gens;

Geronte quoyque fimple eft homme de bons fens
LOLIVE.

Et Lolive, Monfieur, eft il donc une bête ?

Laiflez-moy, s'il vous plaît, n'en faire qu'à ma

tête :

Je fçai fi bien mentir qu'on croit que je dis vrai,
Et l'on approuvera vôtre nouveau délai,

ma

On vient, C'est le bon homme allez tous deux m'attendre.

SCENE VIIL

GERONTE, LOLIVE.
GERONTE, fans voir Lolive.

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Left donc revenu cet ami de mon gendre? Ah nous allons enfin marier nos amans, Corbleu j'y danferai mieux que nos jeunes gens Je fuis comme j'étois dans ma verte jeunesse, Toûjours la jambe fine, un air, une foupleffe.... Lolive faitclaquer fon fsüet Ah Lolive, c'eft toy! te voila donc ici?

LOLIVE.

Vous m'y voyez, Monfieur, je vous y vois auffi. C'est vous-même fans doute, & pendant mon

voyage

Vous n'avez point changé ni d'air, ni de visage; Vous vous êtes toûjours, comme on voit, bien

porté ?

GERONTE.

Je le difois ; je fuis en parfaite fanté.

LOLIVE,

C'eft fort bien fait à vous, & ma joye eft extrême Que vous vous portiez bien, & que je fois de mê

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Je pourrois même encor vous paffer là-deffus,
Si j'avois feulement le quart de vos écus,
GERONTE.

Laiffons là ce chapitre, & parlons d'autre affaire.

LOLIVE.

De ce que vous voudrez; il faut vous fatisfaire.
OERONTE.

L

Hé bien ton héritage, en es-tu content?
LOLIVE.

Bon

Ma vieille tante aimoit un beau jeune fripon,
Qui fe prevalant trop d'un pareil avantage,
Pendant ma longue abfence a mangé l'heritage i
Et n'ayant plus d'argent, ni de quoy fe nourrir,
La bonne femme a pris le parti de mourir :
On a mis le fcellé. Procureur, Commiffaire,
Et Notaire appellez pour faire l'inventaire ;
Comme on n'a rien trouvé, vous comprenez fort
bien

Qui de rien ôte rien, Monfieur, qu'il reste rien.
GERONTE.

Le fait eft clair. Dis-moy, le pere de ton maître, Nous avons dès long-temps l'honneur de nous connoitre,

Tu l'as vû? Mais d'où vient qu'aux lettres que j'é

cris

Il ne répond plus ?

LOLIVE.

Quoy vous en êtes furpris Il est bien en état... Chez luy plein d'allegreffe J'arrivois tout botté. Quels objets de trifteffe J'y trouve un jeune fat fuppôt de Galien.

Un Medecin?

GERONT E.

LOLIVE.

Suivi d'un vieux Chirurgien

Qu'efcortoit un troifiéme à face débonnaire
Et qu'on m'a dit depuis être l'Apoticaire,

La fin de tout.

GERONTE.

LOLIVE.

La fin? Je n'y fçaurois fonger,

Sans me fentir le cœur... Je vais vous affliger.
GERONTE.

Tu me donnes déja de terribles allarmes.
LOLIVE.

Il ne tiendroit qu'à moy de répandre des larmes';
Car je fuis fi touché que je me fais pitié;

Quand j'aime, voyez-vous, je creve d'amitié,
Et fi l'on dit que non, on me fait injustice.
GERONTE

Ces digreffions-là me mettent au fupplice.
Veux-tu bien achever? Dis donc à quel deffein
Venoit l'Apoticaire avec le Medecin ?
Eftoient-ils appellez pour quelque maladie?
LOLIVE.

Ils venoient s'excrimer contre l'apoplexie,
Dont Monfieur Lyfimon fortement tourmen
té...

Il est mort?

GERONTE

LOLIVE.

Non, miracle! ils l'ont reffufcité:: Mais le hazard fouvent fupplée à l'ignorance. Le bon-homme à la fin a repris connoiffance, Mais fi foible, fi pâle, & fi défiguré,

Qu'on l'eût pris pour un mort fraîchement deter-

ré.

GERONTE

Le pauvre homme!

LOLIVE.

Auffi-tôt qu'il m'a pû reconnonoftre,

Il m'a dit avec peine : Eh bien que fait ton maître ?
Ce coup fipeu prevú ne m'étonneroit pas,
Si je pouvois, mon fils, expirer dans tes bras.
Il m'embrasfoit alors croyant tenir Leandre.
Je ne te verrar plus, difoit-il, d'un air tendre,
Je ne puis l'efperer dans l'état où je fuis.

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GERONTE pleurant.

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