Des efforts que j'ai faits pour fauver à Julie Cette outrageante épreuve où la met ta folie. Tu devois l'époufer quand je ferois ici, Tu ne peux de long-temps peut-être être éclairci Comme depuis long-temps je medite l'affaire DAMON. Lolive eft du fecret? Il eft en bonnes mains. LE AND RE. Oui, Lolive eft discres: ~ Nous avons feint tous deux qu'un petit heritage Pour quinze jours-au plus je l'ai donné fans peine Que diable produira fon voyage en Touraine Il ne le verra point car Lolive eft ici. Caché dans un fauxbourg où nul ne le rencontre, Il attend le moment qu'il faut qu'il se remontre Et je viens dans l'inftant, de le faire avertir, DAMON Je ne vois pas à quoy cela doit aboutir. LEANDRE Patience, attendons. DAMON. Quelqu'un vient, C'eft Lolive. LEANDRE, DAMON, LOLIVE en bottes avec un foüet à la main. LOLIVE à Damon. Ous voila de retour, il eft temps que j'arriver. La Touraine eft, Monfieur, un excellent païs Qui vous aime... DAMON.. Paffons deffus la parenté. Pour un filong trajet me fuis je affez crotté LEANDRE. Ceffe de badiner, & fonge... Laiffez faire. J'en donnerai, Monfieur, à garder au beau-pere J'en ai tenu tout prêt un tout plein d'énergie. LEANDRE. Mais ne va pas lâcher quelque trait de folie, gens; Geronte quoyque fimple eft homme de bons fens Et Lolive, Monfieur, eft il donc une bête ? Laiflez-moy, s'il vous plaît, n'en faire qu'à ma tête : Je fçai fi bien mentir qu'on croit que je dis vrai, ma On vient, C'est le bon homme allez tous deux m'attendre. SCENE VIIL GERONTE, LOLIVE. Left donc revenu cet ami de mon gendre? Ah nous allons enfin marier nos amans, Corbleu j'y danferai mieux que nos jeunes gens Je fuis comme j'étois dans ma verte jeunesse, Toûjours la jambe fine, un air, une foupleffe.... Lolive faitclaquer fon fsüet Ah Lolive, c'eft toy! te voila donc ici? LOLIVE. Vous m'y voyez, Monfieur, je vous y vois auffi. C'est vous-même fans doute, & pendant mon voyage Vous n'avez point changé ni d'air, ni de visage; Vous vous êtes toûjours, comme on voit, bien porté ? GERONTE. Je le difois ; je fuis en parfaite fanté. LOLIVE, C'eft fort bien fait à vous, & ma joye eft extrême Que vous vous portiez bien, & que je fois de mê Je pourrois même encor vous paffer là-deffus, Laiffons là ce chapitre, & parlons d'autre affaire. LOLIVE. De ce que vous voudrez; il faut vous fatisfaire. L Hé bien ton héritage, en es-tu content? Bon Ma vieille tante aimoit un beau jeune fripon, Qui de rien ôte rien, Monfieur, qu'il reste rien. Le fait eft clair. Dis-moy, le pere de ton maître, Nous avons dès long-temps l'honneur de nous connoitre, Tu l'as vû? Mais d'où vient qu'aux lettres que j'é cris Il ne répond plus ? LOLIVE. Quoy vous en êtes furpris Il est bien en état... Chez luy plein d'allegreffe J'arrivois tout botté. Quels objets de trifteffe J'y trouve un jeune fat fuppôt de Galien. Un Medecin? GERONT E. LOLIVE. Suivi d'un vieux Chirurgien Qu'efcortoit un troifiéme à face débonnaire La fin de tout. GERONTE. LOLIVE. La fin? Je n'y fçaurois fonger, Sans me fentir le cœur... Je vais vous affliger. Tu me donnes déja de terribles allarmes. Il ne tiendroit qu'à moy de répandre des larmes'; Quand j'aime, voyez-vous, je creve d'amitié, Ces digreffions-là me mettent au fupplice. Ils venoient s'excrimer contre l'apoplexie, Il est mort? GERONTE LOLIVE. Non, miracle! ils l'ont reffufcité:: Mais le hazard fouvent fupplée à l'ignorance. Le bon-homme à la fin a repris connoiffance, Mais fi foible, fi pâle, & fi défiguré, Qu'on l'eût pris pour un mort fraîchement deter- ré. GERONTE Le pauvre homme! LOLIVE. Auffi-tôt qu'il m'a pû reconnonoftre, Il m'a dit avec peine : Eh bien que fait ton maître ? GERONTE pleurant. |