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Je vois je ne sçais quoi, dans leurs charmans dis

cours,

Dont le tour m'enchante toujours;

Les Graces s'uniffant aux Filles d'Hypocrène,
Y font l'éloge de Bouhours.

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En cela notre Langue étale fon empire.
Par longue périphrase un Latin sçait écrire ;
L'Espagnol trop enflé, l'Italien trop doux
Sans le fecours de l'Art ne pourront jamais dire
Ce que le naturel exprimera chez nous.

*

Nous fçavons bien que le langage
Dont nous nous fervons aujourd'hui
Fut pendant certains tems un marbre mal poli,
Et brut, on ne peut davantage.

Notre France eut befoin alors

De ce's Hommes fameux & de tous leurs efforts,

Pour polir un fi grand Ouvrage.

Malherbe d'abord l'ébaucha,

L'inutile il en retrancha :

Balzac, la lime en main, vint & se fit connoître,.

Il radoucit, il retoucha,

Ses coups furent des coups de Maître ;

De ces deux Ouvriers charmanş

Notre Langue reçut fes premiers ornemens.

La politeffe alors, par la Pourpre affermie,

Du grand Armand fuivit les loix.
Ce fut lui qui fit le beau choix
Dont il forma l'Académie.

Cette Académie au berceau,

Semblable au valeureux Alcide,

Etouffoit tous les jours quelque Monftre nouveau
Dont l'ignorance étoit le guide.
Arbitre déja des écrits,

Les fentimens des beaux-Efprits
Etoient foumis à fa puiffance..
Sa force accrue avec le tems

Sans peine produifit, dans fon adolescence,
Un nombre infini de Sçavans..

Nous la voyons enfin au comble de fan âge,
Et dans ce comble fortuné

Qu'adora fous Platon l'Univers étonné,
Dans ces fameux Jardins & dans l'Areopage.
L'Eloquence, les Vers, les Langues, les Beaux-
Arts,

Les travaux de Minerve & les exploits de Mars,
Sont les heureux emploits que les Mufes lui don-

nent:

LOUIS, fon Apollon, l'illumine toujours,
Son augufte présence anime fes difcours,

Son éxemple l'inftruit, fes bienfaits la couron

nent.

Animez vos cœurs & vos voix,

Vous,Homeres nouveaux,& vous, Curfes fublimes: Emploiiez l'Eloquence, & les plus douces rimes, Pour parler du plus grand des Rois. Annoncez partout les Victoires,

Eternifez fon nom dans vos doctes mémoires.
Là, plus que fur l'airain dureront fes exploits.
Oui, grand Roy, ces fçavans Oracles

Aux fiécles à venir apprendront tes miracles.
Ils te peindront tonnant fur le Rhin, fur l'Iffel;
Vainqueur fur l'Efcaut, fur la Meuse;
Et triomphant tout feul d'une ligue fameuse
Qui t'acquit à jamais un honneur immortel.
On verra par ton bras les places foudroyées,
Faire voler bien loin les Aigles effrayées :
On verra les Lions foumis

Implorer à tes piés ton augufte clémence ;
Enfin l'on te verra dans le cœur de la France,
Renverfer par ta foi de plus fiers Ennemis.
L'Indien étonné du bruit de ces merveilles,
En croit à peine fes oreilles :

Il part en fuperbe appareil,

Quitte fes Dieux brillans, le Soleil & l'Aurore; Il vient, il te voit, il t'adore,

Surpris en toi de voir encore

Un éclat plus brillant que celui du Soleil.

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Son aisle foible encor pour traverser les Mers,
Vole à fleur d'eau, tremblante, & refufe des Vers.
Tant d'exploits à chanter font de douces amorces;
Mais c'est une entreprise au-deffus de fes forces;
Et quoiqu'elle ait long-tems fuivi tes étendars,
Ses chants les plus hardis font peu dignes de Mars.
Retirée, à l'écart, au coin d'une Province,
Elle adore en fecret les vertus de fon Prince,
Fait mille vœux pour lui, veut chanter fes vertus,
Prend la plume, la quitte, & ne peut rien de plus.

J Les morts caufées par des maladies facheufes ne furprennent point; comme on en connoît la caufe, elles paffent pour le tribut ordinaire que l'on rend à la Nature, mais on ne croit point qu'on puiffe mourir d'amour, & toutes les Peintures d'Amans prêts à expirer, font regardées comme des exagérations qui n'ont lieu que chez les Poëtes. Cependant on affure que depuis fort peu de tems une jeune Demoiselle d'Aix en Provence n'a pû réfifter à la perte d'un Amant, pour qui elle avoit conçû la plus forte paffion. Le pere du Cavalier qui ne trouvoit pas que la Demoiselle eût affez de bien, ne voulut point entendre parler de mariage. Cét obftacle qu'il fut impoffible

de

de furmonter, ne toucha pas moins l'Amant que l'Amante. Il fut furpris d'une dangereufe maladie, & lorfqu'il eut recouvré affez de forces pour fupporter la fatigue d'un voyage, on l'obligea de partir fans voir fa Maîtreffe. Il vint à Paris, & la Demoiselle, qui s'en vit abandonnée, reffentit fi vivement ce cruel oubli, qu'elle tomba dans une langueur, dont elle eft morte quelques mois après. C'eft fur cette mort que M. Calvy, Avocat au Parlement de Provence, a fait les Vers fuivans.

LES SOUPIRS

D' OLIMPE

V

MOURANTE,

OICI ma fatale journée,

Cruel Daphnis, Daphnis, écoute-moi ; D'un amour trop conftant victime infortunée, Je meurs en foupirant pour toi ;

Mais je ne prétens pas qu'un éternel filence
Cache ton injustice & mes juftes regrets;

Je veux te découvrir tous les maux que m'a faits
Ta criminelle indifférence.

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Oublions ce malheureux tems

Où fans ceffe expofée à tes foupirs ardens,

Tome I. Partie I.

B

LOND

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