* Je vois je ne sçais quoi, dans leurs charmans dis cours, Dont le tour m'enchante toujours; Les Graces s'uniffant aux Filles d'Hypocrène, En cela notre Langue étale fon empire. * Nous fçavons bien que le langage Notre France eut befoin alors De ce's Hommes fameux & de tous leurs efforts, Pour polir un fi grand Ouvrage. Malherbe d'abord l'ébaucha, L'inutile il en retrancha : Balzac, la lime en main, vint & se fit connoître,. Il radoucit, il retoucha, Ses coups furent des coups de Maître ; De ces deux Ouvriers charmanş Notre Langue reçut fes premiers ornemens. La politeffe alors, par la Pourpre affermie, Du grand Armand fuivit les loix. Cette Académie au berceau, Semblable au valeureux Alcide, Etouffoit tous les jours quelque Monftre nouveau Les fentimens des beaux-Efprits Sans peine produifit, dans fon adolescence, Nous la voyons enfin au comble de fan âge, Qu'adora fous Platon l'Univers étonné, Les travaux de Minerve & les exploits de Mars, nent: LOUIS, fon Apollon, l'illumine toujours, Son éxemple l'inftruit, fes bienfaits la couron nent. Animez vos cœurs & vos voix, Vous,Homeres nouveaux,& vous, Curfes fublimes: Emploiiez l'Eloquence, & les plus douces rimes, Pour parler du plus grand des Rois. Annoncez partout les Victoires, Eternifez fon nom dans vos doctes mémoires. Aux fiécles à venir apprendront tes miracles. Implorer à tes piés ton augufte clémence ; Il part en fuperbe appareil, Quitte fes Dieux brillans, le Soleil & l'Aurore; Il vient, il te voit, il t'adore, Surpris en toi de voir encore Un éclat plus brillant que celui du Soleil. Son aisle foible encor pour traverser les Mers, J Les morts caufées par des maladies facheufes ne furprennent point; comme on en connoît la caufe, elles paffent pour le tribut ordinaire que l'on rend à la Nature, mais on ne croit point qu'on puiffe mourir d'amour, & toutes les Peintures d'Amans prêts à expirer, font regardées comme des exagérations qui n'ont lieu que chez les Poëtes. Cependant on affure que depuis fort peu de tems une jeune Demoiselle d'Aix en Provence n'a pû réfifter à la perte d'un Amant, pour qui elle avoit conçû la plus forte paffion. Le pere du Cavalier qui ne trouvoit pas que la Demoiselle eût affez de bien, ne voulut point entendre parler de mariage. Cét obftacle qu'il fut impoffible de de furmonter, ne toucha pas moins l'Amant que l'Amante. Il fut furpris d'une dangereufe maladie, & lorfqu'il eut recouvré affez de forces pour fupporter la fatigue d'un voyage, on l'obligea de partir fans voir fa Maîtreffe. Il vint à Paris, & la Demoiselle, qui s'en vit abandonnée, reffentit fi vivement ce cruel oubli, qu'elle tomba dans une langueur, dont elle eft morte quelques mois après. C'eft fur cette mort que M. Calvy, Avocat au Parlement de Provence, a fait les Vers fuivans. LES SOUPIRS D' OLIMPE V MOURANTE, OICI ma fatale journée, Cruel Daphnis, Daphnis, écoute-moi ; D'un amour trop conftant victime infortunée, Je meurs en foupirant pour toi ; Mais je ne prétens pas qu'un éternel filence Je veux te découvrir tous les maux que m'a faits Oublions ce malheureux tems Où fans ceffe expofée à tes foupirs ardens, Tome I. Partie I. B LOND |