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De rage je n'ai point dîné.

Du Laurier qui les environne
Dans cet agréable jardin †
J'aurois fait plus d'une couronne :
Mais puifque mon mauvais destin,
Jaloux des plaifirs du matin,

A mes vœux ce foir fe refufe,
Daignez du moins, charmante Mufe,
A vos aimables favoris

Faire recevoir mon excufe:

Que d'Apollon toujours chéris,
Dans le noble feu qui les guide
Ils'ofent difputer le prix

A notre moderne Euripide.

Mufe, reglez pourtant leur choix,
Laiffez les Héros qu'autrefois

Admira Rome & la Caftille,

Pour leur infpirer à tous trois

Des Vers ****.

+ Promenade embélie par quantité de Lauriers d'une beauté furprenante.

JEPITRE

A M. le Duc de Nivernois; fur fa nomination à l'Académie Française en 1742.

Par M. DE LA BRUERE.

TANDI

ANDIS que vous allez au milieu des hazards, Dans les champs des Germains planter nos éten dards,

Et que l'Inn † éfrayé voit le Dieu de la guerre
Sur fes bords ravagés promener fon tonnerre,
La troupe des Beaux Arts a préparé pour vous
Un Laurier plus paisible, un triomphe plus doux.
Dans le Palais des Rois, à l'ombre de leur Trône,
Eft un portique heureux que la paix environne:
Des mortels éclairés, inftruits par Apollon,
Y fervent fes autels, & parlent en fon nom :
De la langue & du goût, juftes dépofitaires,
Leur fageffe entretient d'immortelles lumieres
Ainfi, chez les Romains, par un ordre affuré,
Les Vierges de Vefta gardoient le feu facré.

† Riviere qui traverse la Baviere, & se jette dans le Danube à Paffau.

A leurs tranquiles jeux qu'il protege & qu'il

aime,

Souvent le Dieu des Arts vient présider lui-mê

me;

Souvent il vient mêler fa voix à leurs concerts;
Sa lyre harmonieuse accompagne leurs airs.
On dit même qu'hier, descendu du Parnasse,
Parmi fes favoris le Dieu vint prendre place.
Chers amis, leur dit-il, fur ce Palais des Arts

Vous fçavez qu'en tout tems j'arrête mes regards
Un tendre nouriffon des Muses & des Graces,
Qui dès fes premiers pas a volé fur mes traces,
Brûle de partager vos travaux glorieux :
Je ne vous fis jamais de don fi précieux.
Je ne vanterai point fes charmes, fa jeuneffe,
Inutiles au moins à qui fuit la fageffe:
Vous croiriez que Vénus follicitant pour lui,
Auroit en fa faveur mandié mon appui.

Je fçais auffi, je fçais que dans ce docte azile,
On voit fouvent Mécene affis près de Virgile :
Mais fans rien emprunter d'un éclat étranger,
Par vos vrais intérêts, je veux vous engager.
Horace dans fes mains a dépofé fa lyre:
Des - Préaux lui montra l'art de plaire & d'inf
truire,

D'affervir à des loix l'imagination.

Mais fon fougueux effor qu'enchaîne la raison,
Loin d'être ralenti par la main qui le guide,

Allant

'Allant plus droit au but n'en eft que plus rapide : Vous ferez entraînés par fes chants féducteurs. Reconaiffez-le encore à des traits plus flateurs. Un commerce facile, une bonté charmante, Qui prévient tous les cœurs, les foumet, les enchante;

Nœud facré, fans lequel toutes fociétés

Se brifent aux écueils des contrariétés.

Un efprit vif & jufte, un cœur droit & fincere,
Qu'anime la vertu, que la fageffe éclaire;
Généreux, bienfesant, & capable d'aimer.
C'eft vous en dire affez : le peindre est le nommer.
Il dit: à fes accens les Mufes applaudirent,
Du Parnaffe enchanté les lauriers reverdirent,
A flots précipités l'Hipocrène coula,
Et jufqu'au premier Ciel Pégaze s'envola.

Le laurier immortel, qu'Apollon vous préfente,
Du Public attentif a couronné l'attente.
Il a vû qu'au milieu du torrent des défirs,
Le poids de la vertu mefuroit vos plaisirs.
Ces piéges de la Cour, tendus par la moleffe,
Vainement de votre âge affiégeoient la foiblefse;
L'étude & la raifon, dans ces lieux ennemis,
Ont guidé tous vos pas par leurs foins affermis.
La mer des voluptés, fi fertile en orages,
N'a point vû fes écueils couverts de vos naufrages,
Puiffe un fibel éxemple étouffer les clameurs
De ce vain préjugé qui profcrit les neuf Sœurs ;
Tome I. Partie 1,

C

Et confacrant les droits qu'un fot orgueil s'arroge,
Croit que l'efprit dégrade, & qu'Apollon déroge!
Mais tandis que ce fou rampe dans fa grandeur,
Le Philofophe obfcur forme, éleve fon cœur ;
Et fuivant les Beaux Arts dans leurs brillans afiles、
Y trouve la fageffe & les plaifirs tranquiles.

SA M. le Duc de NIVERNOIS, fur fa Réception à l'Académie Françaife, le Lundy 4 Février

1743.

MADRIGAL.

Par M. PESSELIER.

A

Ux graces du Prince d'Itaque

Tu joins les vertus de Neftor;

Et j'ai crû l'autre jour entendre Télémaque
Prononcer un discours inspiré par Mentor.

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