rien à me reprocher que ces fortes de retranchemens, puisque cette plainte me fera voir que j'auray atteint le but que je me propose, qui n'est autre que ravoir que me propose, de remplir l'ame des Chrétiens d'un goust spirituel & interieur de cette doctrine, si pleine de lumiere & d'onction, qui anime toutes les paroles de S.Chrysostome; de faire fondre la grace des cœurs par les ardeurs de fa charité,& de faire oüir au milieu de noftre France,les Oracles de ce Predicateur Apoftolique,qui a tonné dans Antioche & dans Constantinople avec une force & une vigueur si penetrante. Mais ce succés dépend d'une benediction particuliere de Dieu;& sans l'esprit vivifiant de Sagrace les plus saintes veritez & les plus édifiantes ne font qu'une lettre meurtriere.Comme donc ceux qui les écrivent doivent purifier leur cœur de tous sentimens de vanité, qui sont des obstacles à l'operation de l'Esprit divin; aussi l'on ne doit apporter aucune curiofité à la lecture de ces Histoires, n'y ayant rien de si dangereux que de traiter humainement les choses de Dieu & du Salut. C'est la difposition que ie souhaite en la personne de mon Lecteur;& ie croy qu'il aura la charité de me la defirer aussi à moy-même, afin que ie ne me rende pas aussi coupable par mon travail que ie le ferois par mon inutilité. : Es Chrestiens font remplis d'une fi haute idée des merites du grand SAINT JEAN CHRYSOSTOME, qu'ils seront ravis de pouvoir envisager dans cette Histoire son veritablePortrait.Il n'y a rien de plus fidelle, puis qu'estant tirée de ses propres Ouvrages, & des Auteurs de son tés, elle nous represente au naturel les traits& les caracteres de ses vertus. Il n'y a rien de plus animé, puis qu'il séble qu'elle nous depeint devant les yeux l'image même de son esprit; en nous decouvrant la sainteté de ses maximes, la ferveur de fon zele, les lumieres de sa doctrine,& la force de son éloquence. Si on y apperçoit des ombres dans quelques évenemens de sa Vie, elles ne servent qu'à relever son éclat; puis qu'on y remarque toûjous l'innocence d'une conduite irreprochable, & la fermeté d'un courage Apostolique.Si on n'y void sa doctrine qu'en racourcy,elle en comprend neanmoins tous les principes qu'elle ramasse comme en substance de ses écrirs differens, & elle nous donne une grande facilité pour leur intelligence, en nous marquant exactement l'ordre des tems & des occafions pour lesquelles il les a composez. C'est le jugement que nous faisons de ce bel Ouvrage. En Sorbonne ce 8. d'Aoust 1664. N. GOBILLON, Docteur de la Maison & Societé de Sorbonne, Curé de S.Laurent. N. PETITPIED, Docteur de la Maison & Societé de Sorbonne. PRIVILEGE DV ROΥ. OVYS par la grace de Dieu Roy de stes ordinaires de nostre Hostel, Baillifs, Senéchaux, Prevosts leurs Lieutenans & tous autres nos "Justiciers & Officiers qu'il appartiendra. Salut. Nôtre cher & bien amé JEAN-MATHIEU MARTIN, Marchand Libraire de nôtre Ville de Lyon nous a fait remontrer que par nos lettres du 14. Ianvier 1664. Nous avions permis à Charles Savreux, Marchand Libraire de nôtre bonne ville de Paris de faire imprimer pendant sept années un Livre intitulé La vie de faint lean Chryfoftome, Archevêque de Constantinople, fait par le sieur MENARD, Docteur en Theologie, lequel privilege se trouvant expiré depuis plus de dix années, & le livre estant fort utile au public, le Suppliant defireroit le faire imprimer, s'il nous plaisoit luy en accorder nos lettres sur ce necessaire. A ces causes voulant favorablement traiter ledit Exposant, nous luy avons permis & accordé, permettons & accordons par ces presentes de reimprimer ou faire reimprimer ledit livre intitulé la Vie de faint lean Chrysostome, en tel volume marge,caractere, & autant de fois que bon luy semblera pendant le temps de fix années entieres & consecutives, à commencer du jour qu'il sera achevé de reimprimer pour la premiere fois, iceluy vendre & debiter par tout nôtre Royaume, faisons defences à tous Libraires, Imprimeurs & autres d'imprimer, faire imprimer, vendre & debiter ledit livre sous pretexte d'augmentation, correction, changement de tiltre, d'impression estrangere sur d'anciennes copies ny autrement en quelque maniere que ce soit prejudiciables à l'exposant sans son consentement ou de ses ayans cause sur peine de confiscation des exemplaires contrefaits, mile livres d'amande, despens,dommages & interests, à la charge d'en mettre deux exemplaires en nostre bibliotheque publique, un en nostre cabinet des livres de nostre chateau du Louvre, & un en celle de nostre cher & feal Chancelier de France, le sieur le Tellier & de faire enregistrer ces presentes és livres de la communauté des Marchands Libraires de Paris, le tout à peine de nullité d'icelles du contenu desquelles nous voulons & vous mandons que vous fassiez joüir plainement & paisiblement ledit exposant & ceux qui auront droit de luy, sans souffrir qu'il luy soit donné aucun trouble ny empechement. Mandons au premier nôtre Huissier ou Sergent sur ce requis faire pour l'execution d'icelles tous exploits necessaires sans demander autre permission: Car tel est nôtre plaisir donné à Chaville le onzième jour de juillet, l'an de grace mil fix cent quatre ving-trois & de nôtre regne ce quarantieme. Par le Roy en son conseil. DESVIEVX. 1 Registré sur le livre de la Communauté des Libraires & imprimeurs de Paris, le 15. Juillet 1683. suivant l'arrest du Parlement du 8. Avril 1653. & celuy du Conseil privé du Roy du 27. Fevrier 1665. à la charge de fournir un exemplaire dudit Livre cy contenu à ladite communauté desdits Libraires suivant les Ordonnances & Reglemens. Signé C. ANGOT, Syndic. Achevé d'imprimer pour la premiere fois le quatriéme Aouft 1683. Les exemplaires ont esté fournis suivant le privilege. LA VIE DE S JEAN CHRYSOSTOME CHAPITRE PREMIER. Que le Saint est né, & a vécu au plus fleurissant de tous les A providence de Dieu, dont les trefors sfont pour y faire paroître parmy les plus celebres Docteurs, & les plus dignes Evêques le grand Saint dont j'entreprens avec le secours du Ciel d'écrire la vie. Il n'y eut jamais un siécle plus fleurisfant en doctrine & en sainteté que celuy qui luy donna la naiffance, sçavoir le quatriéme; mais il en devoit être luy même un des prix cipaux ornemens. Dieu qui avoit allumé cette lampe pour luire à tous Matth. ceux de fa maison, selon le langage de l'Evangile, vou-se Tome I. A |