accusation contre les fix Evesques qu'il pretendoit avoir acheté de lui l'Episcopat, vint les supplier tous de l'admettre à leur communion. Et comme plusieurs d'entre eux s'y opposoient fortement & le traitoient comme un calomniateur qui s'en estoit rendu indigne, il redoubla ses prieres & leur dit, Puis qu'il y a déja " deux ans que l'on instruit ce procez, & que le seul de- " lay a empeché jusqu'icy qu'on en ait veû la decision, “ Je conjure vostre pieté de vouloir prendre la peine " d'examiner ces temoins puisqu'ils font icy presens. " Car quoy qu'Antonin soit mort, ceux qu'il a ordonné " Evesques pour de l'argent sont encore au monde. Le Concile trouva bon que cette affaire fut examinée avec soin. On fit la lecture de tout ce qui s'étoit passe, selon qu'il estoit contenu dans le registre. En suite on fit entrer les témoins dont ils s'estoient afseurez, tant Prestres que laïques, hommes & femmes. Et parce qu'ils persistoient à les charger, & qu'ils marquoient par le detail quelles especes de presens ils avoient donnez, & qu'ils specifioient les lieux, les temps, la qualité de ces choses & toutes les circonRances particulieres, ces Evesques simoniaques estant pressez par le remors de leur confcience qui leur reprochoit le crime énorme qu'ils avoient commis avouérent assez librement & sans beaucoup de contrainte tout ce qu'on leur reprochoit. Il est vray disoient-ils, que nous avons donné cet argent; mais ce nous pensions que cela fut authorisé par la coûtume; & nous n'avions pas d'autre pretention en agissant de la forte que de nous garentir du service de l'Empereur. Maintenant si cela se peut selon les regles, nous vous prions de nous laisser comme auparavant dans le service de l'Eglife. Mais si vous jugez que cela ne se puisse pas, nous vous supplions de commander aux ec 60 Tome I. Y دو دو در heritiers d'Antonin de nous rendre ce que nous lui avons donné. Car il y en a d'entre nous qui ont donné l'or de leurs femmes, & les meubles de leur maison. S. Chryfoftome ayant oui la confession de ces miferables, dit au Concile qu'il feroit office auprés de l'empereur pour obtenir de sa Majesté qu'il ne leur fût fait aucune peine, & les pria d'ordonner que les heritiers d'Antonin leur rendissent l'argent qu'ils avoient donné. Cét avis fut suivy de tous les Evesques, & le Concile déposa ces Prelats simoniaques, & leur permit seulement par grace de communier de la main du Prétre dans l'enceinte de l'autel. Telle fut la fin d'une affaire fi importante, & qui estoit devenuë embaraflée par l'inconstance de l'accufareur, & par la malice des accusez. S. Chryfoftome qui avoit voulu l'étouffer par sa providence, la decida avec beaucoup de moderation selon les regles de l'Eglife, & dans un Concile de 70. Evesques. Le procés dura deux ans, de forte que Theophile Patriarche d'Alexandrie, qui en voulut faire un crime à ce Saint, ne pût dire sans horrible passion qu'il avoit esté jugé en un jour. Les ennemis de nostre Saint ne pûrent fouffrir qu'il eut témoigné son amour pour la justice dans la deposition de ces Evesques fimoniaques. Mais il eut la consolation de ne pas trahir son miniftere, & il apprit son exemple à tous les Evêques qui ont quelque zele pour la sainteté de la maison de Jesus - Christ, qu'ils font indignes de porter ce nom s'ils souffrent que l'on trafique impunement des choses saintes au milieu du Sanctuaire. Sedition arrivée à Constantinoplepar l'insolence des Arriens fur le fuiet de quelques hymnes à deux chœurs chantées parles Catholiques. Arcade fait de nouveaux reglemens pour reprimer ces heretiques. T Oute la vie d'un saint Evesque estant un combat continuel, il ne faut pas trouver étrange que celle de nostre Saint qui avoit toute forte d'ennemis sur les bras, n'ait jamais eû ny paix ny treve depuis qu'il a esté élevé a cette haute dignité, & qu'ayant tat de zele pour la foy il ait eû si peu de repos du costé des heretiques. Il y en avoit un tres grand nombre dans la ville de Constantinople qui estoient partagez entre eux en plusieurs sectes differentes. Les Ariens estoient les plus animez de tous. Et comme ils renoient leurs assemblées hors de la ville, ils se ramaf- Socr.1.6 soient tous ensemble le Samedy & le Dimanche de c.8.Sochaque semaine dans l'enceinte des portes de Constan-zom.1.8 tinople, & le long des galeries pour y chanter à deux ceph.l. chœurs durant la plus grande partie de la nuit quel- 13.c.8. ques hymnes de leur façon qui contenoient la doctrine de cette malheureuse secte. Dés le point du jour ils avoient accoutumé de sortir des portes de la ville, & de traverser le milieu des ruës en chantant alternativement ces chansons d'impieté. S.Chryfoftome vovant depuis son retour du voyage d'Afie que leur insolence alloit même jusqu'à méler à leur chants profanes des termes injurieux contre les Catholiques qui soûtenoient la consubstantialité du verbe, & qu'ils repetoient sans resse ces paroles, Où sont ceux qui difent que trois choses ne sont qu'une mesme puissance ? Il craignit que les Catholiques les plus simples no se laissassent surprendre par cet artifice c.8. Ni pernicieux, & que ces chansons ne les fissent fortir de l'Eglife. Il estima donc à propos d'opposer des hymnes Catholiques à ces chansons sacrileges & fit chanter des Pseaumes à ceux de son peuple qui s'y estoient exercez, afin de rendre inutile la nouvelle invention des Ariens, & d'affermir les Orthodoxes dans la veritable Foy. Ce dessein n'avoit rien que d'innocent & d'avantageux, mais l'execution en fut perilleuse, & l'évenement plein de trouble & de tumulte. Car aussi tost que les Catholiques commencerent à chanter durant la nuit les hymnes les plus celebres qui renfermoient la doctrine de la Consubstantialité du Verbe, les Ariens qui avoient esté autrefois les maistres de toute la ville ne pûrent souffrir l'éclat de cette ceremonie pour laquelle on avoit inventé des croix garnies de flambeaux de cire qui faisoient un second jour dans la nuit, l'Imperatrice Eudoxie en ayant voulu faire elle méme la dépense. La jalousie & la fureur de ces heretiques monterent à un tel point, qu'ils choisirent une nuit pour troubler cette fainte ceremonie par un emportement séditieux. La chose alla mesme si avant que Brison le principal des Eunuques de l'Imperatrice & qui avec les autres Catholiques chantoit publiquement des hymnes pour profeffer la consubstantialité du Verbe, receut un coup de pierre sur le front, On en vint aux mains de part & d'autre, & plusieurs des deux partis demeurerent fur la place. Ce qui irrita tellement l'Empereur, qu'il défendit aux Ariens de chanter des hymnes à l'avenir & de faire de ces sortes de processions au milieu des ruës de la ville, Nous avons encore dans le Code de Theodose une Cod. hæret. 1.30. loy par laquelle l'Empereur Arcade & fon frere Ho-Theo nore defendent aux Ariens de s'assembler de jour & de dof.de nuit dans la ville pour y faire leurs prieres que ces Empereurs expriment du nom de Litanies; & ils condaınnent le Prefet de Costantinople à une amande de cent livres d'or s'il leur permet de s'assembler pour cet effet ou en public,ou dans les maisons particulieres. Mais quoy que cette loy ait esté donnée sous l'Epifcopat de Nectaire predecesseur de noftre Saint, il faut attribuer à l'esprit entreprenant & factieux des ariens le frequent renouvellement de ces mesme ordonnances; parce que comme ils ne se contenoient pas dans leur devoir, & qu'ils eftoient appuyez sur le credit ou sur la dissimulation de quelque Officier de l'empire, il falloit de teinps en temps armer la severité des loix pour reprimer leurs entreprises & leurs violences. CHAPITRE XII. Arrivée de S. Porphyre de Gaze à Constantinople. Refutation C ۱ |