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FRANÇOIS MAYNARD.

RANÇOIS MAYNARD, iffu d'une noble & ancienne famille du Languedoc, naquit à Touloufe, vers l'an 1582. Jean Maynard, fon ayeul, fe diftingua par fon érudition fous le Régne de François I. On a de lui des commentaires fur les Pfeaumes. Il eut pour fils, Gerard Maynard, Confeiller au Parlement de Touloufe, qui pendant les troubles des guerres civiles, fe rendit recommandable par fon inviolable fidélité dans le fervice du Roi. Retiré à fa terre de faint Ceré, il s'y livra tout entier à l'étude de la Jurifprudence. Le fruit de fon travail fut un volumineux recueil d'Arrêts, où il raffembla tout ce qui concerne les loix, les coûtumes, & le droit particulier de fa Province. François Maynard fon fils, s'acquit encore plus de gloire que fes ancêtres. Malherbe, dont il étoit le le difciple, difoit que perfonne ne fçavoit mieux tourner un vers que lui. Balzac, Gomberville, Bois-Robert, Scaron, Peliffon, en parlent comme d'un des plus habiles Poëtes de fon tems, & Menage ne fait pas difficulté d'avancer que cet écrivain l'emporte fur Martial, même pour l'épigramme. C'est ce qui fe trouve exprimé dans les quatre vers fuivans, mis au bas du portrait qui fe voit à la tête des œuvres du célebre Maynard.

Hic eft caftalidum decus Sororum,
Pindi gloria Gallici Menardus.
Qui docis epigramaton libellis

Cogit cedere Bilbiliam Tolofa.

Attiré à Paris par les preffantes follicitations de quelques-uns de fes amis, il yvint dans l'efperance d'y avancer fa fortune; mais de grands aplaudiffemens furent tout le fruit

Lex veritatis fuit in ore ejus: in pace
cjus:in ·
et in æquitate ambulavit mecum et
multes avertitab iniquitate mal 2.V.6-

Paris chez O dieuvre, Md'Estampes, Quay de l'Ecole visa vis le côté Jelaðamaritaine ala belle Image.CPP.

qu'il recueillit de fes talens: fon premier ouvrage fut fon Philandre, qui eft un Poëme en stances, divife en cinq livres, & qui eft d'environ trois mille vers; il le compofa pendant qu'il étoit Secretaire de la Reine Marguerite.

En 1634 il fit le voyage d'Italie avec M. de Noailles, que le Roi avoit nommé fon Ambaffadeur à la Cour de Rome. Le Cardinal Bentivoglio, un des plus fçavans hommes de fon fiécle, fut le premier à reconnoître le mérite de notre Poëte François, & fut auffi le plus empreffé à lui donner des marques de fon eftime. Le Pape, Urbain VIII, lui fit auffi fouvent l'honneur de s'entretenir avec lui, & lui donna de fa propre main un exemplaire de fes Poëfies latines.

Il avoit été reçu à l'Academie vers l'an 1632. Ce qu'il y a de furprenant, c'eft qu'il fut prefque le feul de tous les Académiciens à qui le Cardinal de Richelieu ne fit jamais aucun bien, foit que ce Poëte fe fût rendu importun par fes demandes (& le Cardinal ne vouloit pas qu'on lui dé robât la gloire de donner de fon propre mouvement, ) soit pour quelque autre raifon que nous ne devinerons pas. Quoiqu'il en foit, ce fut en vain qu'il lui préfenta les plus belles pièces de vers, elles ne furent fuivies d'aucune récompenfe. La derniére qu'il lui préfenta étoit conçuë en

ces termes.

Armand, l'âge affoiblit mes yeux,
Et toute ma chaleur me quitte;
Je verrai bientôt mes ayeux
Sur le rivage du Cocyte.
C'eft où je ferai des fuivans
De ce bon Monarque de France;
Qui fut le pere des Sçavans,
En un fiécle plein d'ignorance.
Dès que j'approcherai de lui,
Il voudra que je lui raconte
Tout ce que tu fais aujourd'hui
Pour combler l'Espagne de honte,

Je contenterai fon défir,
Par ce beau recit de ta vie,
Et charmerai le déplaifir,
Qui lui fit maudire Pavie.
Mais s'il demande à quel emploi
Tu m'as occupé dans le monde
Et quel bien j'ai reçu de toi ;
Que veux-tu que je lui réponde?

Rien, lui répondit le Cardinal affez brufquement; ce qui rebuta fi fort le pauvre Maynard, qu'il quitta la Cour & fe retira dans fa Province; mais après la mort du Miniftre, il revint à Paris, fous la Régence de la Reine Anne d'Autriche. Ce fecond voyage ne lui ayant pas mieux réuffi que le premier, il reprit le chemin de la terre de faint Ceré où il fe retira, dans la réfolution de n'en plus fortir. Il voulut que chacun connût fon dégoût pour le monde, par l'infcription fuivante, qu'il fit mettre fur la porte de fon cabinet.

Las d'efperer & de me plaindre,

Des Mufes, des Grands & du fort,
C'est ici que j'attends la mort,
Sans la défirer ni la craindre.

M. Maynard fut Préfident au Préfidial d'Aurillac, & fut honoré d'un brevet de Confeiller d'Etat, quelque tems avant fa mort, arrivée le 28 Décembre de l'année 1646, étant âgé de 64 ans.

Il fut reçu à l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse, & ce fut avec une marque de diftinction bien glorieuse pour lui. Par un ftatut de cette Académie,il aiété réglé que pour en être Membre, il faut avoir remporté trois fois les prix qu'elle propose; mais M. Maynard dut à la fupériorité de fon mérite, la grace qu'on lui fit de le dispenser de fe préfenter trois fois au concours. L'Académie même réfolut