le refpect qu'il porte au Saint Siége, puifqu'il eft toujours difpofe auffi-bien que les Evêques Métropolitains à demander la confirmation au Pape, & à en recevoir des Bulles. M. Bouillau publia encore en faveur des mêmes Eglifes, un autre écrit fous le nom du Roi Jean IV. pour demander au Clergé de France fon confeil, & fa médiation auprès du Saint Siége. Toute la récompenfe que l'Auteur remporta de fon travail, fut qu'il vit fes avis rejettés par ceux-là même dont il foutenoit les droits, & que fes fentimens furent condamnés par le Saint Office. Cet illuftre Sçavant retiré à l'Abbaye de Saint Victor depuis l'an 1689, y mourut le 25 Novembre 1694, âgé de près de quatre-vingt dix ans. P AUL HOSTE, Mathématicien celebre, non moins profond que méthodique, iffu d'une honnête famille de Breffe, prit naiffance à Pont-de-velle, au Diotéfe de Lyon, le 19 Mai 1652. Ses premieres études achevées avec fuccès, âgé de dix-fept ans, il entra dans la Compagnię de Jefus, où il fut reçu au mois de Septembre de l'année 1669. Une extrême avidité de tout fçavoir, jointe à une merveilleufe facilité pour tout apprendre, le rendit habile dans toutes les sciences aufquelles il s'appliqua ; mais çę fut en particulier dans les Mathématiques qu'il fit les plus grands progrès. L'attrait qu'elles curent pour lui, l'enleva bien-tôt à toutes autres études, & heureusement il eut pour se perfectionner dans cette fcience tous les fecours qu'il pouvoit défirer, & qu'il n'auroit peût-être pas ofé efperer. Après avoir profeffé pendant quelques années avec distinction les Mathématiques dans le Collège de la Trinité à Lyon, fes Supérieurs le deftinerent à aller remplir le même emploi dans le Seminaire de Royal de Toulon. Obligé de s'appliquer particulierement aux differentes parties qui concernent la navigation, il n'y en eut aucune dont il n'acquît en peu de tems une connoiffance profonde. La réputation qu'il fe fit par fon habileté, lui procura l'honneur d'accompagner pendant douze années confécutives, Mrs les Maréchaux d'Eftrées & de Tourville, & M. le Duc de Mortemart, dans toutes leurs expéditions navales, رو Ce fut au retour de ces voyages qui furent pour le Pere Hofte, une fource féconde d'inftructions, qu'il forma le plan de fon admirable Traité des Evolutions navales. Quelques converfations qu'il cut avec M. le Maréchal de Tourville, fur la Théorie de la conftruction des Vaiffeaux, lui donnerent auffi occafion de travailler fur cette importante matiére ; » Mais l'ouvrage du Pere Hofte, nous dit "un fçavant illuftre, M. Deflandes, Commiffaire de la » Marine à Breft, non moins diftingué par la beauté & l'élegance de fon ftile, que par fa profonde capacité » dans les fciences fpéculatives, fut trouvé trop fçavant " pour le tems où il étoit fait. On contefta d'ailleurs quel»ques principes à l'Auteur; & fon plus grand adverfaire, » qui en appelloit toujours à la pratique, fut le Maréchal » lui-même. Comme il n'y avoit perfonne en état de les »juger, ils tomberent d'accord l'un & l'autre de fe battre à armes égales, c'est-à-dire de travailler chacun de fon »côté à la construction d'une Fregate, qui eût même »longueur, même largeur, & même creux. Les autres "proportions devoient dépendre de leur induftrie, & des "régles qu'ils s'étoient faites. Quoique le Maréchal eût »promis au Pere Hofte, que tout feroit égal entre-eux ; cependant les meilleurs ouvriers, les meilleurs bois, les » confeils donnés & reçus à propos, furent le partage de »M. de Tourville; tandis que le Géometre laiffé à lui même "même fouffroit des retardemens & des contradictions » inévitables. دو >>Les deux Navires étant enfin achevés, on les mit le » même jour à l'eau, toute la marine étoit accouruë à ce fpectacle. Le Vaiffeau bâti par les ordres & fous les yeux » du Maréchal, obtint la préference au premier coup» d'œil; il la méritoit par le fini de l'ouvrage, & une cer»taine élegance dont les bois mis en œuvre font fufceptibles. On convint enfuite (& le P. Hofte ne s'éloignoit "pas de cette penfée) que ce Vaiffeau méritoit encore la préference par la bonté de fa conftruction. Ce qui avoit jetté dans l'erreur l'habile Géométre, c'est qu'il avoit » donné les mêmes façons à l'arriere & à l'avant de » son Vaisseau. Son navire étoit prefque rond; fes deux » côtés reffembloient à deux fegmens de cercle, qu'on »auroit joints enfemble. Il croyoit par-là que fon Navire diviferoit mieux le liquide où il étoit plongé ; ce Navire "ne faifoit que tournoyer, comme feroit une navette de » Tifferand dans une baille d'eau, à qui on auroit imprimé » un mouvement de tourbillon; mais ayant depuis remanié fes premieres idées, il propofa une conftruction plus parfaite, que les guerres qui furvinrent empêcherent » d'exécuter, رو دو رو Une étude réflechie & continuée avec ardeur pendant plufieurs années, avoit acquis au Pere Hofte une parfaite connoiffance de la Théorie de la navigation, & fes longs voyages fur mer lui en avoient appris la pratique; ainfi rien ne lui manquoit pour remplir dans toute fon étendue, le plan qu'il avoit formé. L'on peut dire auffi que fon Traité des évolutions navales ne laiffe rien à défirer; & ce qui en fait le plus grand prix, c'est que les préceptes y font par tout appuyés d'exemples qui font mis fous les yeux du Lecteur, par plus de 400 planches en taille douce. Dans cet ouvrage font réprefentés les évenemens les plus confiderables qui fe font paffés fur mer pendant plus de cinquante ans; à la fuite de ce grand Traité le plus infTome 11. H tructif & le plus curieux qui ait encore paru en ce genre eft un livre de la Théorie de la conftruction des Vaiffeaux. L'importance de ces deux ouvrages parut intereffer la curiofité du feu Roi; il ne fe contenta pas de les parcou rir, il voulut encore que l'Auteur qui avoit cû l'honneur de les lui prefenter,lui en expliquât quelques endroits qu'il lui indiqua. La récompenfe de l'habile Géometre fut une penfion, dont il fut gratifié par Sa Majefté. Ce fçavant Jefuite que la vû e feule de l'interêt public, anima toujours dans tous fes travaux Litteraires, a encore compofé dix Traités de Mathématiques, non moins néceffaires aux jeunes Officiers qui fervent fur terre, qu'à ceux qui fervent fur mer; ainfi l'on a dans cet ouvrage un excellent abregé de tout ce qui concerne l'art militaire. Le Pere Hofte travailloit à un Traité, où il fe propofoit d'enfeigner la pratique de la conftruction des Vaiffeaux, Forfqu'il fut attaqué de la maladie dont il mourut le 23 Fevrier 1700. dans la quarante-neuvième année de fon âge. Simple, modefte, rigide obfervateur de la difcipline Religieufe, il joignit une piété folide à toutes les vertus qui forment le caractere de l'honnête homme. FRANÇOIS FR BLONDE L. RANÇOIS BLONDEL, Seigneur de Croifettes & de Gaillardon, fils de François Blondel, Seigneur de Croifettes, naquit à Paris vers l'an 1624. François Blondel un de fes ancêtres, qui étoit Avocat du Roi, & qui demeuroit à Ribemont, dans le Diocéfe de Laon, fur annobli par lettres patentes du mois de Décembre 1554. Un mérite unverfel éleva l'homme célébre dont nous faifons l'éloge, aux premieres dignités de la Robe & de l'Epée. Après avoir été pendant quelques années Profeffeur en Mathematiques, & en Architecture, il fut fait Gouverneur de Louis Henri de Lomenie, Comte de Brienne, depuis Miniftre & Secretaire d'Etat, & accompagna ce Seigneur en 1652 jufqu'en 1655, dans le voyage que le Comte de Brienne fit dans le Nord, à l'âge de 17 ans. Dans une Ode que M. de Lomenie adreffe à M. Blondel, il lui parle en ces termes. Quand parmi les Lapons & leurs deferts sauvages,. M. Blondel au retour de fon voyage, eut l'honneur d'être destiné à donner des leçons de Mathématiques à Monfeigneur le Dauphin : il fut auffi employé en diffeentes négociations, & parvint à la dignité de Maréchal de Camp. On lui donne auffi le tître de Confeiller d'Etat, dans le fecond volume de l'Hiftoire de l'Academie des Sciences, où il avoit été recû en 1669, en qualité de Géométre. Il fut auffi Directeur de l'Académie d'Architecture. |