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Les Belles-lettres furent encore de fon reffort, & il n'y fit pas moins de progrès que dans les Beaux-Arts. Nous avons de lui la comparaison de Pindare & d'Horace, qui fut le fruit des conferences qui fe tenoient une fois la femaine chez M. le Président de Lamoignon; des notes fur l'Architecture de Savot; un cours d'Architecture en trois voIumes; un cours de Mathématiques; l'art de jetter les Bombes, & une nouvelle maniere de fortifier les Places. M. Blondel mourut le 22 Janvier 1689. âgé de 68 ans.

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EDME

MARIOTT E.

DME MARIOTTE, l'un des plus célébres Phyficiens de fon fiécle, Prieur de Saint Martin fous Beaune, à quatre lieues de Dijon, étoit de Bourgogne & fut reçû à l'Académie des Sciences en 1666, & c'eft prefque là tout ce que l'on fçait de l'Hiftoire de fa vic; mais fes écrits qui font en grand nombre, & qui font generalement eftimés, lui affurent une gloire qui fera vivre éternellement fon nom parmi les Sçavans. Ces ou+ volumes vrages recueillis en deux voulmes in-4°. renferment les Traités fuivans: Traité de la percuffion du choc des corps, Effai de Phyfique, ou Mémoires pour fervir à la fcience des chofes naturelles; Traité du mouvement des eaux,& des autres corps fluides; Régles pour les jets d'eau: nouvelles découvertes touchant la vuë: Traité du Nivellement avec la defcription de quelques niveaux nouvellement inventés: Traité du mouvement des Pendules; experiences touchant la couleur & la congelation de l'eau Effai de Logique, contenant les principes des fciences, & la maniere de s'en fervir pour faire de bons raifonnemens.

Ce fçavant & fécond écrivain mourut au mois de Mai 1689. On lui attribue le beau diftique fuivant, fur les rapides conquêtes de Louis XIV.

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Una dies Lotharos, Burgundos hebdomas una,
Una domat Batavos Luna, quid annus erit ?

GUILLAUME-FRANÇOIS-ANTOINE DE L'HOPITAL.

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UILLAUME - FRANÇOIS-ANTOINE DE L'HOPITAL, Chevalier, Marquis de fainte Mefme, Comte d'Entremont, Seigneur d'Ouques, la Chaife, le Breau & autres lieux, l'un des plus grands Geométres que la France ait produit, naquit en 1661. Il eut pour pere, Anne-Alexan dre de l'Hôpital, Comte de Sainte Mesme, premier Ecuyer de Gafton de France, Duc d'Orleans, puis de Louife d'Orleans, grande Ducheffe de Tofcane, & Lieu tenant-Général des Armées du Roi ; & pour mere, Elifabeth Gobelin, fille unique de Claude Gobelin, Intendant des Armées du Roi, & Confeiller d'Etat ordinaire. !

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La maison de l'Hôpital, non moins illuftre par les grands hommes qu'elle a donnés à la France, que par ancienne Nobleffe, eft fortie de celle de Galluci, qui floriffoit dans le Royaume de Naples dès l'an 1163. Elle prit le nom de l'Hôpital, d'une terre fituée dans la Principauté d'Oalres. Le premier qui s'établit en France, fut Jean de l'Hôpital, Seigneur de Montignon, des Alleux, & qualifié Confeiller du Roi. L'an 1379, il avoit époufe Jeanne Braque Dame de Choifi, fille de Nicolas, Seigneur de Chatillon-fur-lein, Maître d'Hotel du Roi, & dẹ Jeanne de Tremblay. François de l'Hôpital leur fils, fur Confeiller & Chambellan du Roi, & de Louis Duc d'Orleans, & maître Enquêteur des Eaux & Forêts de France, Champagne & Brie, & grand Maître d'Hotel de la Reine, Ifabeau de Bavière en 1416. Adrien de l'Hô pital fils du précédent, fut Chambellan du Roi, Charles

VIII Capitaine de Caudebec, & Lieutenant-Général en Bretagne il conimanda l'avant-garde de l'Armée Royale à la bataille de faint Aubin, en 1488.

C'eft cet Adrien qui a été la tige des deux branches de +L'aînée Tilluftre maifon de l'Hôpital. Laine, dont étoit M. le Marquis de l'Hôpital, a joint au nom de l'Hôpital celui de Sainte Mefme; & la cadette qui eft prefentement éteinte, a produit deux Maréchaux de France, & les Ducs de Vitri. M. le Marquis de l'Hôpital fut Géométre prefque dès fon enfance. Son goût pour les Mathématiques fe déclara à la vûe de quelques cercles & de quelques triangles qu'il apperçut dans un livre que fon Précepteur avoit fouvent entre les mains; il fit de ce livre une étude particuliere, & laiffa là le Latin pour lequel il avoit peu de goût, & peut-être encore moins de difpofition. On lui donna quelque tems après un autre Précepteur, qui à l'exemple de fon jeune cléve, s'appliqua comme lui à la Géométrie; mais qu'il s'en falloit bien que les progrès du maître égalaffent ceux du disciple!

Le jeune Marquis n'avoit encore que quinze ans, que fe trouvant un jour chez le Duc de Roannés, où M. Arnaud le Docteur, & d'autres Géométres célébres, parlerent d'un problême de M. Pascal, fur la roulette, dont la folution ne paroiffoit pas facile à imaginer; le jeune Mathématicien dit qu'il ne defefperoit pas de le réfoudre; & il en vint en effet à bout, ayant envoyé peu de jours après ce même problême réfolu.

M. le Marquis de l'Hôpital entra de bonne heure au fervice, mais il y conferva toujours fon goût & fon amour pour la Géométrie, à laquelle il donnoit tout le tems que fon emploi militaire lui laiffoit libre. Il fut Capitaine de Cavalerie dans le Régiment Colonel-Général, mais la foibleffe de fa vue qu'il avoit fort courte, l'ayant obligé de quitter une profeffion où fon inclination le portoit, & où il pouvoit efperer d'égaler fes ancêtres, il fe livra rout entier aux Mathématiques.

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Il n'avoit encore que trente-deux ans, lorfqu'il donna la folution de divers problêmes qui avoient rebuté les plus habiles Mathématiciens, & qui veritablement fembloient n'avoir été imaginés que pour exercer les efprits, & defefperer quelquefois les plus penetrans.

Un de ces problêmes fut propofé en 1693, par le célé bre M. Bernoulli, alors Profeffeur de Mathématiques à Gron lingue. Ce fçavant Mathématicien demandoit que l'on trouvât une courbe, telle que toutes les tangentes terminées à l'axe, fuffent toujours en raifon données avec les parties de l'axe, interceptées entre la courbe & fes tangentes. La difficulté de ce problême avoit fi fort rebuté le fameux M. Hughens, que defefperant d'en trouver la folution, il avoit réfolu de n'y plus fonger; mais comme c'étoit là une idée qui ne ceffoit de troubler fon repos, il revint à ce problême qui le perfécutoit fans relâche: il avoue lui-même que s'il en trouva la folution, ce ne fut qu'après de longues & profondes méditations.

Le même M. Bernoulli propofa en 1700, un autre problême non moins difficile. Il s'agiffoit de trouver dans un plan vertical, une courbe telle qu'un corps qui la décriroit, defcendant librement & par fon propre poids, la preffat toujours dans chacun de fes points, avec une force égale à fa pefanteur abfolue. De tous les Mathématiciens qui s'exercerent fur ce problême, M. le Marquis de l'Hôpital fut le feul qui en trouva la folution. Il a eu la gloire d'enrichir les Journaux de France, & ceux des pays étran gers, de quantité d'autres chef-d'oeuvres de Géométrie, qu'il feroit trop long de rapporter ici.

Mais ce qui doit nous donner la plus haute idée du profond fçavoir de ce grand homme, c'eft que le celébre M. Hughens lui même l'ait reconnu comme fon maître. Il paroit par les lettres qu'il lui écrivoit en 1692 & en 1693, qu'il le confultoit fur toutes les difficultés qui l'embaraffoient au fujet du calcul differentiel. Il dit qu'il voyoit avec furprife & avec admiration, l'étendue &

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» la fécondité de cet art; que de quelque coté qu'il tournât »fa vûe, if en découvroit de nouveaux ufages, & qu'il "y concevoit un progrès & une fpéculation infinie. II » avoue que fans une équation differentielle, il ne feroit » pas venu à bout de trouver la courbe, dont les tangentes & les parties de l'axe font toujours en raifon donnée ; »& il faut, ajoute-t'il, remarquer dans ce problême une analyfe nouvelle & finguliere, qui ouvre le chemin »à quantité de chofes fur la Théorie des tangentes, » comme l'a très-bien obfervé l'illuftre inventeur d'un "calcul, fans lequel nous aurions bien de la peine à "être admis dans une fi profonde Géométrie. Enfin ce grand maître marque à M. le Marquis de l'Hôpital, que "c'est à fes enfeignemens qu'il doit la fcience de l'équa» tion differentielle, fans laquelle il ne lui auroit pas été poffible de trouver le dénouement du problême. Je ne fçais fi un pareil aveu, fi glorieux à M. de l'Hôpital, ne l'eft pas encore davantage à M. Hughens.

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Ce fut en 1696, que parut le fameux livre de l'Analyfe des infiniment petits, ouvrage qui devoit fervir de guide à tous ceux qui afpirent à la haute Géométrie; ouvrage, dit M. de Fontenelle, tout brillant de vérités inconnues » à la Géométrie ancienne, & non feulement inconnues mais fouvent inacceffibles à cette Géométrie. Les an»ciennes vérités s'y trouvent comme perdues dans la foule des nouvelles, & la facilité avec laquelle on les voit naître, fait regretter les efforts qu'elles ont autrefois » coûté à leurs inventeurs. Des démonftrations, qui par »d'autres méthodes auroient demandé un circuit immen»fe, en cas qu'elles cuffent été poffibles, ou même qui » entre les mains d'un autre Géométre inftruit de la » même méthode, auroient encore été longues & embar »raffées, font d'une fimplicité & d'une brieveté qui les »rendent prefque fufpectes. . . . M. de l'Hôpital a eu "l'art de ne faire d'une infinité de chofes qu'un affez petit volume. Il y a mis cette brieveté & cette netteté fi

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