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de ce Livre. Mais on m'objecte que les Prêtreffes n'affectoient point d'être représentées avec ce voile. Antonia fille de Marc-Antoine & d'Octavie, étoit Prêtreffe de l'Empereur Augufte fon oncle. Agrippine mere de Neron étoit grande Prêtreffe de Claude; & néanmoins dans les Médailles elles Le font point voilées a. Enfin y en a qui foutiennent que c'est la Déeffe de la Pudicité, révérée des Romains fous le nom de Pu dicitia. Rien ne marque mieux la pudeur que le voile & le vermilfon. Ce dernier prouve même que c'étoit une Divinité. Anciens avoient accoutumé de peindre avec cette couleur le vifage de leurs Dieux. Virgile b nous l'affure de celui de Pan ; Paufanias de celui de Bacchus & Verrius c dans Pline, de celui

Les

Il n'y a qu'une feule Médaille dans le Cabi net du Roi, où Agrippine foit voilée. Eclog. 1o. Plin. liv. 33. chap. 7.

de Jupiter. Ces raisons m'avoient extrémement prévenu en faveur de cette explication: mais un homme a qui joint aux vertus effentielles à fon état, beaucoup d'érudition, & une politeffe qu'on ne trouve pas toujours avec la vertu & le fçavoir, m'a entiére. ment déterminé. Il m'a fait voir une Médaille de l'Empereur Hadrien, fur le revers de laquelle on voit une figure voilée, avec ce mot Pudicitia. Elle eft entiérement femblable par fon attitude & par fa draperie, à la Statue que j'explique. C'étoit apparemment un éloge délicat des mocurs de Sabine, femme de l'Empereur Hadrien. Au refte on voit par ce que je viens de dire, que je ne fuis pas du fentiment de ceux qui croyent que le vermillon des joues de cette Statue eft naturel au marbre; tres-certainement il est ajouté. M. l'Abbé Fauvel Chapelain du Roi.

Le Pere Kirker a parlé fort au long dans un de fes Ouvrages * de l'art de faire pénétrer le marbre par la couleur ; & depuis lui le Pere Baldigiani a découvert une maniere encore plus facile & plus fimple que la fienne. On prend du fang de dragon en larmes pour la couleur rouge, de la gomme gutte pour le jaune, & de la gomme dont les Mumies font remplies, pour le noir. On réduit féparément ces gommes en poudre tres. fubtile on les détrempe enfuite fur le marbre avec d'excellente eau-de-vie; & avant que d'appliquer la couleur, on fait chauffer le marbre autant qu'il eft poffible, afin qu'elle ait plus de facilité à en pénétrer toute la fubftance.

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Vis-à-vis Venus, c'est la Statue de Diane; elle eft antique & d'une tres-grande beauté. Elle fut ap

Mundus fubterraneus,

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portée en France fous le regne de Henry IV. On ne voit rien qui en puiffe faire connoître le Sculpteur. Je pardonne volontiers aux per fonnes qui ne font pas obligées par leur profeffion d'avoir lu les Auteurs Grecs & Latins de croire que c'eft la Diane qui fut autrefois fi fameufe par le Temple qu'elle avoit à Ephefe, & par les Oracles qu'elle y rendoit. Mais je ne fçaurois pardonner à un Faifeur d'Explications d'avoir dit froidement que quelques uns ont cru que c'étoit la fameufe Diane d'Ephefe. Pour peu qu'on ait lû, il n'eft pas permis de fuivre le fentiment de ces quelques-uns › pas un Auteur n'a parlé de la Diane d'Ephese comme d'une Statue de marbre. Vitruve nous dit qu'elle étoit de cedre, Xenophon, qu'elle étoit d'or, Callimaque, de hêtre, d'autres, d'yvoire ou d'orme; & Mu

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tien * dit qu'elle étoit de bois de vigne, que Canetias qui en étoit le Sculpteur, choifit comme étant le meilleur.

J'avois borné là toute ma critique dans les premieres éditions de ce Livre. Mais j'ai lû depuis une Differtation manufcrite, dans laquelle fans toucher à la preuve dont je me fuis fervi pour faire voir que la Diane de la Galerie ne peut pas être celle d'Ephefe; on en allegue plufieurs autres qui prouvent invinciblément la même chofe. La Diane dont il eft ici question eft certainement la Chaffereffe. Elle a l'arc à la main &le carquois fur le dos. Celle des Ephéfiens étoit proprement la Nature adorée à Ephese fous le nom de Diane: auffi eft-elle repréfentée dans leurs Médailles fous une figure particuliere. C'est une tête de femme pofée fur une

Pline liv, 16. chap. 40.

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