ce; & l'autre porte un caducée & des livres: ce qui marque que cette partie du monde eft extrémement fertile,& que les Arts & les Sciences y floriffent.

L'Aurore répand des fleurs que le Soleil colore, & le Point-dujour porte un flambeau à la main. Douze jeunes filles repréfentent les Heures; quelques-unes fe tiennent par la main & fuivent le Soleil, & d'autres attelent fes chevaux à fon char.

Le Tableau des côtez qui fait face aux croifées, repréfente ce fomptueux repas de Cléopatre & de Marc-Antoine pendant le quel dans la chaleur de la débauche cette Princeffe fit difsoudre, & avala une perle qui pefoit, à ce qu'on dit, quatre-vingt ca. rats, & valoit fept cens cinquante mille livres.

Dans le fecond, c'est Didon qui examine le Plan de Carthage

qu'elle fit bâtir. Un Architecte lui en explique le deffein.

Dans le troisième, c'eft Rhodopé. Cette fille étoit née en Thrace: Elle eut le malheur de tomber dans l'esclavage, & de fervir quelque temps avec Efope. Enfin elle fut rachetée par Charaxus frere de Sapho. Dans la fuite elle fçut mettre à profit fes charmes & fa beauté. Elle fit le métier de Courtífane à Naucratis, & fçut si bien faire valoir le talent, qu'elle y acquit des biens immenfes. Des Auteurs Grecs affurent qu'elle en fit bâtir une de ces fameufes' Py. ramides d'Egypte qui ont été mi fes au rang des Merveilles du mon de. Cependant Herodote qui en devoit favoir plus qu'eux là deffus, n'en dit pas un mor, non plus que d'une fort jolie Hiftoriette qu'ils ont debitée fur la même Rhodo pé. Ils ont dit qu'un jour qu'elle Te baignoit, un Aigle fondit fur

fes habits, & enleva un de fes fouliers qu'il laifla tomber fur les genoux de Pfammitichus Roi d'Egypte. Celui-ci jugeant de la beauté du pied par le foulier, fit chercher par tout la belle à qui il appartenoit, & l'époufa auffitôt qu'il l'eut vûe.

Le quatrième repréfente Nito. crix Reine d'Affirie, qui pour ar rêter les Conquêtes des Medes fit rompre le cours de l'Euphrate. Cette Chambre a été peinte par de Seve l'aîné.

Sur le platfond de la Sale qui fuit, on voit Mercure qui répand fes influences fur des femmes qui repréfentent les Sciences & les Arts, & portent chacune les attributs qui leur conviennent.

Dans le Tableau qui est au-desfus des croifées, on voit la Peinture fous la figure d'une Femme qui peint.

Dans celui qui eft vis-à-vis,

c'eft Penelope qui travaille à ce fameux Ouvrage de Tapifferie, à la faveur duquel elle échapa aux pourfuites de fes temeraires A

mans.

Sapho qui joue de la Lire, est dans celui qui eft au-deffus de la cheminée. Cette dixiéme Mufe étoit de l'Ifle de Lefbos, & vivoit vers la quarante-deuxième Olympiade, c'est-à-dire environ fix cent ans avant Jefus Christ. Elle étoit veuve d'un Habitant de l'Ifle d'Andros, quand elle devint éperdûement amoureufe de Phaon qui par fes mépris l'obligea de fe précipiter dans la mer. Cette infortunée Sapho avoit aimé avec tant de paffion & d'attention qu'il ne faut pas trouver étrange, fielle fit dans cet art des découvertes fort fublimes, & fi ce fut fur le calcul qu'elle avoit fait des fignes aufquels on peut con. poître fi une perfonne eft amou

reufe, qu'Erafiftrate reconnut que la maladie d'Antiochus venoit d'un excès d'amour.

Le fujet du Tableau qui eft visà.vis, eft Afpafie qui s'entretient avec des Philofophes. Elle étoit née à Milet d'un pere appellé Axiocus. Sa beauté & fon efpric étoient capables de tout charmer; & Periclès en devint fi paffionné. ment amoureux, qu'il répudia fa femme pour vivre avec Afpafie; & depuis il l'aima auffi conftam. ment que fi elle n'avoit pas été fon épouse.

Un fragment de converfation qui eft parvenu jufqu'à nous, fera un peu connoître le caractere d'efprit d'Afpafie. La complaifance & l'union étoient auffi rares parmi les maris & les femmes de fon temps, qu'elles le font du nôtre; & voici ce qu'elle dit à Philefie qui ne vivoit pas bien avec Xenophon fon mari. Dites-moi, je vous