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a fix Vases de marbre blanc, pofez fymmétriquement. Les deux premiers font ornez de pampres de vigne & autres ornemens, & ont été fculptez par Bertin. Les deux qui viennent enfuite, font ornez d'une branche de chêne, & ont cinq pieds huit pouces de haut, fur trois pieds de diamêtre. Ils font de Cornu.

FONTAINE DE LA PYRAMIDE.

Prefque au bout de l'Allée du milieu de ce Parterre, il y a une Fontaine qu'on appelle de la Pyramide, parce qu'elle en a la figure. Elle eft compofée de quatre Baffins les uns fur les autres. Le plus bas de ces Baffins a douze pieds de diamêtre, & eft porté par des griffes de Lion pofées fur des maflifs de marbre. Quatre Tritons qui l'environnent, femblent fe jouer & courir les uns

après les autres. Cette Fontaine elt l'ouvrage de Girardon.

Tout près de cette Fontaine il y a deux Vafes de marbre blanč qui ont été faits à Rome par les Étudians de l'Académie de Sculpture. L'un représente un mariage antique: la Mariée y eft affife, elle a la tête voilée, & femble être toute en pleurs ; une de fes femmes lui effuye les pieds, & quelques autres s'empreffent d'apporter tout ce qui peut être néceffaire. L'autre repréfente une Bacchanale. On y remarque le vieux Silene qui s'eft fi bien enyvré à l'honneur de fon nourriffon, qu'on ne peut prefque le foutenir. On y voit auffi des Bacchantes qui font bien leur perfonnage, quelques unes femblent jouer de deux flutes, pendant que d'un côté on écorche un Bouc pour avoir endommagé les Vignes, & que d'un autre on lave un Sanglier pour le facrifier

inceflamment. Ces deux Vafes ont fix pieds quatre pouces de haut, les focles compris, fur trois pieds un pouce de diamétre.

On voit encore dans le même Parterre deux Baffins ornez de Tritons & de Syrennes qui fou tiennent des Couronnes de lau. rier, du milieu defquels s'éleve un jet d'eau qui a treize pieds de haut. Ils font de Tuby & de le Hongre.

Je ne crois pas fortir de mon fu jet, fi je rapporte ici le plus brié vement qu'il me fera poffible, ce que les anciens & les modernes ont pensé touchant les Syrennes.

Les Poëtes plus accoutumez à courir après le merveilleux qu'après le vrai, ont employé les penfées les plus ingénieufes & les plus délicates en faveur des Syrennes. C'étoient originairement, felon eux, des monftres charmans, qui étoient moitié femmes & moitié oifeaux,

Dulce malum pelago Syren volu crefque puellæ, dit Claudien.

Et dans les anciennes Médailles elles ont la partie inférieure d'oifeaux. Dans la fuite elles furent métamorphofées de la ceinture en bas en poisson; mais c'étoient toujours au dire des Poëtes, des écueils agréables, où les voyageurs alloient échouer avec plai fir,& mourir dans l'enchantement. Ils conviennent tous qu'elles 'étoient filles du Fleuve Acheloüs, mais ils ne conviennent pas fur le nombre. Homere n'en reconnoît que deux, & d'autres en comp. tent jufqu'à cinq.

Parmi les Modernes on n'a guére moins été partagé. M. Dacier & plufieurs autres croyent que les Syrennes des Anciens n'étoient autre chofe que des Courtifanes qui habitoient trois petites Ifles près de Caprées, & qui par leur

beauté & la douceur de leur voix enchantoient tellement ceux qui les voyoient & les écoutoient, qu'ils ne pouvoient plus lesquitter.

D'autres au contraire par trop de crédulité, ou par raison, ont crû qu'il y avoit des Syrennes & des Tritons, tels qu'on les repréfente. Ils rapportent que du tems de l'Empereur Maurice, il parut un homme marin & une Syrenne ;; que fous le Pape Eugene IV. on furprit un Triton qui fe fauvoit dans la Mer & emportoit un en fant qu'on lui fit lâcher,que Theo. dore Gaza fe promenant fur les bords d'un rivage de la Grece trouva au milieu de quantité de poiffons, une Syrenne qu'une tempête venoit de jetter fur le fable. & la conduifit par la main jufqu'à un endroit de la Mer où elle pût, nager; que Meyer dit qu'en 1403: on amena à Harlem une Nymphe marine qui avoit été jettée sur le

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