de Perouse. Ce Souverain Pontife JEAN- A. le reçût fort bien & lui donna le CAMPAGouvernement de Todi en Om-NI. brie. Il y avoit en ce païs - là de grands defordres, & comme une efpece de Guerre Civile. Il fit ce qu'il put pour appaifer les brouilleries, mais il ne put y réuffir.On l'envoya à Foligno & à Citta di Caftello, pour le même fujet, mais il n'y réuffit pas mieux. Enfin le Pape envoya des Troupes pour arrêter ces defordres ; mais comme ces Troupes n'en commettoient pas moins, & qu'elles avoient fait de grands excès dans Todi & dans Spolete, ceux de Citta di Caftello leur fermerent les portes, en témoignant qu'ils étoient prêts à faire tout ce que le Pape commanderoit, pourvû qu'on ne les obligeât pas à recevoir des Soldats. Là-deffus on affiégea la Ville, pour y entrer par force, ce qui caufa beaucoup de frayeur & de defordre parmi les habitans. Campani qui en étoit alors Gouverneur, voyant la Ville dans cette confufion, écrivit une Lettre fort har JEAN-A. die au Pape, où après avoir expo CAMPA fé les offres des habitans,il lui dit : NI. Si V.S. n'y met point d'autre ordre, qu'est-ce que tout ceci, finon une cruauté digne des Turcs, & non pas une conduite chrétienne, facerdotale, on qui ressemble à celle du Sauveur? Sixte n'eut pas plutôt lû cette Lettre, qu'ému de colere contre Campani, il le dépouilla de fon Gouvernement. Campani ne cella alors de fupplier le S. Pere de lui pardonner; mais il ne put le fléchir. Il employa en vain fes amis, on ne voulut plus le voir à la Cour, il fut même banni de l'Etat Ecclefiaftique. Il fallut qu'il fe retirât à Naples, où il fut d'abord affez bien reçû, & le Roy lui donna le titre de fon Secretaire & lui fit de grandes promeffes. Mais voyant qu'on ne lui tenoit pas ce qu'on lui avoit promis, & ayant d'ailleurs à fouffrir de la jaloufie des Courtisans, qui ne ceffoient de le perfecuter, il fe retira à Terano. Il aimoit trop le fafte & la dé penfe pour demeurer confiné dans ce lieu; ainfi après y avoir été quelque temps, il alla à Sienne, JEAN- A. où il mourut le 4 Juillet 1477. âgé CAMPA de plus de 50. ans. NI. Ses meilleurs amis étoient les Cardinaux Beffarion & de Pavie [Jacques Picolomini ]. Il compofa un jour en l'honneur du premier une Epître de vingt vers, qu'il lui fit chanter par des Muficiens mafquez, dans un tems de Carnaval. Le Cardinal en fut fi touché,qu'il donna aux Muficiens autant de Ducats qu'il y avoit de vers; & comme Campani feignoit de ne fçavoir pas qui les avoit faits, Beffarion lui prenant la main, lui dit agréablement; où font ces doigts,Campani, qui ont écrit tant de menfonges de moi? & lui mit en même temps au doigt une bague de foixante Ducats; il lui donna encore une Robe fourrée de Martre, dont le Roy de Pologne lui avoit fait prefent. Ces vers cependant,qui fe trouvent dans fa vie, ne paroîtront à perfonne auffi beaux qu'à Beflarion, qui fit voir qu'il étoit de l'humeur de cet Ancien, qui difoit qu'il ne trouvoit point d'har qui 1 JEAN- A. monie plus belle que celle de fes CAMPA- propres louanges. Pour ce qui eft du corps, Campani étoit laid & mal fait ; mais la beauté de fon efprit réparoit abondamment ces défauts. Ses Ouvrages font écrits avec beaucoup de politeffe & d'agrément; il eft vrai que le ftile n'en eft pas égal, ni dans les Vers, ni dans la profe, par ce qu'il n'a pas également travaillé tout ce qu'il a fait, mais celles de fes Lettres & de fes Poëfies qu'il a travaillées avec foin, font très-bien écrites & pleines d'efprit & de beaux fentimens. Il imite, quand il veut, heureusement l'antiquité dans l'un & l'autre genre d'écrire, fans qu'il y ait rien qui paroiffe forcé ni gêné dans fon ftyle. On a de lui : 1. Joan. Ant. Campani Opera; cum ejus vita per Michaëlem Fernum. Roma 1495. fol. It. Venetiis, 1502. fol. Ce Recueil contient: 1. Divers traitez de Morale, comme de ingratitudine fugienda, de dignitate Matrimonii, &c. 2. Plu fieurs Harangues, comme celle JEAN- A. qu'il fit à Peroufe l'an 1455.quand CAMPAil commença à y profeffer les Belles NI. Lettres; l'Oraifon Funebre d'un Duc d'Urbin, celle de Pie II. &c. Neuf Livres de Lettres, dont quelques-unes ont été réimprimées en Allemagne, par les foins de Daumius, avec celles de Textor. 4. La vie de Pie II. 5.Huit Livres d'Elegies & d'Epigrammes.6.Quelques Sermons. 2. Epiftola & Poëmata una cum vita Auctoris. Recenfivit Jo. Burchardus Menckenius. Lipfia 1707. in-8°. Comme les éditions des Ouvrages de Campani étoient trèsrares, & de plus remplies de fautes groffieres, M. Menckenius s'eft fait un plaifir de donner au public fes Lettres & fes Poëfies avec un Extrait de fa vie, par Ferno. Il feroit cependant à fouhaiter que cette nouvelle édition fût plus correcte qu'elle n'eft. 3. Titi-Livii Decades ex editione Campani, Rome (1471 & 1472.). fol. Le foin qu'il prit de cette édidition a fait croire à quelques per |