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diez insolente; et si vous l'accusez légèrement » vous ne lui abattiez le courage, et la rendiez pusil»lanime. Marchez simplement, et vous marcherez » confidemment. >>

Un jour je lui entendis dire cette belle sentence : Celui qui s'excuse injustement et artificieusement, s'accuse ouvertement et véritablement et celui qui saccuse simplement et humblement, mérite qu'on l'excuse doucement, et qu'on lui pardonnne charitablement.

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Il y a une confession qui apporte de la confusion et une autre qui donne de la gloire. La confession dit S. Ambroise, est le vrai remède du péché en celui qui est repentant.

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CHAPITRE IX.

Quelques avis touchant les Tentations. FAUTE de savoir bien discerner si la tentation est

devant notre cœur, ou dans notre cœur, nous nous troublons, et nous souffrons.

Mais à quoi connoitre, me dites-vous, cette différence ?

La pierre de touche la voici. Voyez si la tentation vous plaît, ou si elle vous déplaît, et apprenez que si les péchés ne peuvent nuire quand ils déplaisent, à plus forte raison les tentations. Voici une sentence de notre Bienheureux sur ce sujet : «Remarquez ceci " dit-il Pendant que la tentation vous déplaira, il " n'y a rien à craindre; car pourquoi vous déplait» elle, sinon parce que vous ne la voulez pas ?»

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Mais si je m'y amuse long-temps, soit par inadvertance, soit par engourdissement, soit par lâcheté de la combattre, ou de la repousser, n'y a-t-il pas quelque sorte de complaisance?

Le mal de la tentation ne se mesure pas par sa

durée : elle pourroit nous travailler toute notre vie Pourvu qu'elle nous déplaise, elle ne peut nous faire tomber dans le péché au contraire, si elle nous déplaît, outre que ce déplaisir nous préserve de son ve nin, il nous sert de matière de vertu, et par conséquent de couronne.

Mais je crains de m'y être plu.

Cette crainte est une marque qu'elle vous a déplu; car on ne craint pas ce qui agrée, et on s'effraie du mal: si vous avez eu le loisir ou le jugement de considérer la tentation comme un mal, elle n'a pu vous agréer.

Toujours est-ce mal fait de s'y amuser?

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Si cet amusement précède le plein usage de la raison, il n'est pas de grande importance; et pour faire que cette délectation qu'on appelle morose, soit péché, il faut quelque sorte de malice volontaire et de consentement.

Mais à quoi connoîtra-t-on ce consentement?

Il est mal-aisé de le définir, et c'est ici qu'il faut dire avec le Prophète : Qui est-ce qui connoît le vrai point du péché? à raison de quoi il crie au Seigneur : Purifiez-moi et délivrez-moi des fautes cachées; c'est-àdire, des péchés qu'il ne pouvoit bien discerner.

Néanmoins, je vous dirai à ce propos ce que j'ai autrefois appris de notre Bienheureux, lui faisant sur cela quelque interrogation. Lorsque vous douterez me dit-il, d'avoir consenti au mal, prenez toujours ce doute pour une négative. En voici la raison. C'est que pour commettre un péché, il faut un consentement de la volonté, n'y ayant aucun péché s'il n'est volontaire. Ne croyez pas aisément avoir donné le consentement; car si votre cœur ne vous le reproche pas, vous devez être tranquille.

CHAPITRE X.

De la Vanité.

C'EST 'EST une vanité dans l'entendement de penser être plus que l'on est ; mais c'en est une plus dangereuse dans la volonté, d'aspirer à une condition plus haute que celle que l'on a, et s'imaginer qu'on la mérite.

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Celui qui croit être plus qu'il n'est, a quelque image de contentement en sa pensée, et par conséquent une espèce de tranquillité; mais celui qui prétend à une condition plus élevée que celle où il se trouve est dans une inquiétude continuelle, et dédaigne tout ce qui lui est inférieur ou égal, et n'estime heureux que ceux qui sont au-dessus de lui, au rang desquels il aspire. Y est-il arrivé ? il voit que ce n'est qu'un degré pour prétendre encore plus haut, et ainsi passe sa vie en prétentions, comme un voyageur qui ne regarde ses hôtelleries que comme un lieu où il passe et où il ne doit point s'arrêter.

Notre Bienheureux s'estimant déjà trop haut monté dans les dignités de l'Eglise, pensoit plutôt à en descendre qu'à monter plus haut, et à la retraite de la solitude, qu'à de plus grands emplois. Il craignoit même cette grande estime en laquelle il savoit être, et appréhendoit d'être moins serviteur de Dieu, voyant qu'il plaisoit tant aux hommes.

Un jour, quelque personne lui ayant demandé comment il pouvoit conserver l'humilité franche parmi tant d'applaudissemens et de louanges, il lui répondit : « Vous me faites grand plaisir de me recom"mander la sainte humilité; car savez-vous, quand "le vent s'enferme dans nos vallées entre nos mon"tagnes, il ternit les petites fleurs et déracine les ar»bres; et moi qui suis logé un peu bien haut en cette

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charge d'Evêque, j'en reçois plus d'incommodité. O Seigneur, sauvez-nous; commandez à ces » vents de vanité, et une grande tranquillité se fera.»

CHAPITRE X I.:

De la sainte Communion.

SES sentimens étoient très-doux et très-suaves touchant la sainte Communion au Corps et au Sang de Jésus-Christ au très-saint Sacrement de l'Eucharistie, et tellement tempérés par le divin amour, que la crainte respectueuse ne portoit aucun préjudice à la confiance, ni la confiance au respect.

Il disoit quelquefois que le Sauveur ne pouvoit être considéré en un Mystère plus doux, plus aimable, plus savoureux, ni plus ravissant. Il désiroft d'un grand désir que l'on s'anéantît en recevant la sainte Eucharistie, en la manière que le Sauveur s'anéantissoit pour se communiquer à nous, inclinant les cieux de sa grandeur, pour s'accommoder et s'unir à notre bassesse.

Mais vous serez plus contens d'entendre son sentiment exprimé par ses propres paroles. En voici qui me semblent plus douces que le sucre et le miel, et que je vous prie de savourer comme elles le méritent : elles sont dites à une ame qui, par une fausse imagination d'humilité, n'osoit approcher de ce divin Mystère, disant avec S. Pierre, mais non pas selon l'esprit de S. Pierre Retirez-vous de moi, Seigneur; et il les lui fit suggérer par une personne confidente.

"Dites-lui qu'elle communie hardiment en paix " avec toute humilité, pour correspondre à cet » Epoux, qui pour s'unir à nous s'est anéanti et sua»vement abaissé, jusqu'à se rendre notre viande et " pâture, de nous qui sommes la pâture et viande des » vers. O qui communie selon l'esprit de l'Epoux,

» s'anéantit soi-même, et dit à Notre-Seigneur : » Mâchez-moi, digérez-moi, anéantissez-moi, et » convertissez-moi en vous ! Je ne trouve rien au » monde de quoi nous ayons plus de possession, et » sur quoi nous ayons tant de domination que la » viande, que nous anéantissons pour nous conser» ver; et Notre-Seigneur est venu jusqu'à cet excès » d'amour que de se rendre viande pour nous. Et nous, » que ne devons-nous pas faire afin qu'il nous possède, » qu'il nous mange, qu'il nous mâche, qu'il nous avale, » et ravale, qu'il fasse de nous à son gré ? »

CHAPITRE

XII.

Attendre et soutenir le Seigneur. ATTENDRE le Seigneur, c'est attendre en tranquil

lité d'esprit la bienheureuse espérance de l'effet de ses promesses au temps qu'il a déterminé de les mettre à exécution. C'est cette bienheureuse espérance qui rend si tranquilles et paisibles les ames qui sont dans le Purgatoire, et qui rend leur patience tellement triomphante de leurs douleurs, qu'elles ne peuvent former aucune plainteni produire le moindre acte d'impatience, ni avoir la moindre volonté contraire à celle de Dieu.;

Pour avoir cette espérance, il faut un courage mâle, et nullement lâche et efféminé; à raison de quoi le Prophète Isaïe dit, que ceux qui espèrent en Dieu (d'une espérance animée de charité) changent de force, prenant une vigueur plus que naturelle, et s'élèvent sur des ailes d'aigle, oiseau qui s'élève dans les airs sans s'abattre que quand il lui plaît.

Soutenir le Seigneur, c'est supporter les afflictions qui nous arrivent de la part de Dieu, avec une fermeté de courage qui nous fasse espérer contre toute espérance, et qui nous fasse dire avec le saint homme Job: Quand le Seigneur me tueroit, j'espérerai encore en lui.

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